Pour leur apprendre les « bonnes manières », des générations de parents ont traumatisé des générations d’enfants, qui se reconnaissent entre eux grâce à des indices qui ne trompent pas. Sachez-le, vous n’êtes pas seul(e). Avouez, vous en faites partie.
Vous être pris(e) d’envie de meurtre face à quelqu’un qui fait des bruits de bouche
Vos parents peuvent être fiers d’eux, la leçon est bien rentrée. Tellement bien que vous avez développé une pathologie sévère, la misophonie, qui désigne la phobie de certains bruits, comme ceux de mastication, déglutition, splotch de la langue qui claque sur le palais et gens qui croquent le sucre en poudre du yaourt.
Du coup, votre pire crainte lors d’un premier repas avec votre target, c’est qu’elle mange la bouche ouverte
Oui, une histoire d’amour peut parfaitement s’arrêter sur une langue apparente, ou sur une sombre histoire de couteau porté directement à la bouche pour manger un bout de fromage.
Les fourchettes à droite et les couteaux à gauche, ça vous donne le tournis
Ça peut même vous gâcher un apéro si vous les avez sous les yeux, sans possibilité d’aller les remettre dans le bon ordre.
Vous trouvez que globalement, les gens ne se tiennent pas très bien à table
Et ce, tous âges, milieux sociaux et catégories professionnelles confondues. Avec tout de même une mention spéciale pour les enfants de vos amis.
Vous vous étiez promis d’être moins strict(e) avec vos enfants à ce niveau-là
Finalement vous avez changé d’avis. Ou plutôt vous n’avez pas réussi à faire autrement, alors vous avez réussi à vous convaincre que c’était pour leur bien.
Vous pensez très sincèrement que « mâchage de chewing-gum la bouche ouverte », ça devrait être une circonstance atténuante en cas de crime
C’est une autre conséquence de votre pathologie. Autant l’infanticide, ça vous échappe, autant assassiner sauvagement un voisin de métro qui mâchouille à quelques centimètres de l’oreille du coupable, vous trouvez ça pas très gentil, mais compréhensible.
Vos amis vous appellent Nadine de Rothschild
Tout ça parce qu’un jour, un peu ivre, vous avez demandé au serveur l’autorisation pour sortir de table. Et que toutes les autres fois, même pas ivre, vous avez le réflexe d’empiler les assiettes pour qu’il ne débarrasse pas tout seul, le pauvre.
Il vous a fallu atteindre un âge avancé pour réaliser que le monde entier sauçait avec les doigts sans fourchette, sauf vous
Que de temps perdu. Déjà parce que vos parents avaient tout faux et que pour les extrémistes des bonnes manières, saucer ça ne se fait pas tout court, avec ou sans fourchette. Aussi parce que la chose revient à la mode, en témoigne l’ouvrage « L’Art de Saucer », paru au printemps dernier (Mayalen Zubillaga, Editions de l’Epure). Alors finalement, saucer, est-ce (vraiment se) tromper ?
Vous avez tellement entendu « Ton coude ! » qu’à une période, vous avez cru que c’était votre prénom
Votre petite sœur, elle, pensait s’appeler « Tiens-toi-droite. »
Vous pouvez compléter cette phrase sans problème : « Ce n’est pas la bouche qui vient à la nourriture…
… C’est la nourriture qui vient à la bouche », bravo. Et ce n’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme, aussi. TATATAM.
Viens vider ton sac ici, si toi aussi tu fais partie de la team « PsychopaTable ». Oui, même si tu as la bouche pleine.