Même si on progresse peu à peu sur les questions d’égalité des sexes, la médecine est toujours à la traîne à ce niveau-là. Sur la plupart des sujets qu’elle aborde, les femmes sont hyper souvent reléguées au second plan, comme si elles n’étaient pas aussi importantes que les hommes. On serait pas loin d’affirmer que la médecine n’en a rien à foutre des femmes. Et si vous trouvez ça exagéré, ben lisez ces quelques points.
On continue à prescrire la pilule alors qu'elle est probablement plus dangereuse que le vaccin AstraZeneca
Cette semaine, on n’a parlé que de ça aux infos : le vaccin AstraZeneca a temporairement été retiré de la campagne de vaccination de pas mal de pays parce qu’il est suspecté de provoquer des thromboses (des caillots sanguins) dans certains cas rare. Ok, pourquoi pas. Par contre, on sait très bien que c’est le cas aussi pour la pilule contraceptive, mais on continue de la prescrire sans aucun problème parce que la « balance bénéfice-risque » est positive. Et un vaccin qui sauve des centaines de milliers de personnes en provoquant des thromboses dans certains cas rares, c’est pas une bonne balance bénéfice-risque ? Ou alors c’est juste qu’on s’en fout des femmes ? C’est très chelou quand même comme raisonnement.
Les études en médecine testent beaucoup plus les hommes que les femmes
Dans une étude parue en 2012, des chercheurs ont montré que, depuis des décennies, les scientifiques, en médecine ou pharmacologie, font beaucoup plus d’expérimentations sur des mâles (animaux ou humains) que des femelles. En pharmacologie, c’est à peu près de l’ordre de 5 sujets mâles pour 1 sujet femelle. Pourtant, on sait très bien que nos corps sont hyper différents et réagissent souvent différemment à des maladies ou à des médicaments. Du coup c’est complètement absurde parce qu’on devrait tester les deux sexes pour pouvoir adapter les traitements à chacun d’entre eux. Regardez, on vous met quelques exemples juste en dessous.
Les femmes reçoivent les mêmes doses de vaccin contre la grippe alors qu'elles n'en ont pas besoin
Pour développer une bonne immunité contre la grippe, les femmes entre 18 et 49 ans n’ont besoin que de la moitié de la dose prévue pour un homme. Pourtant, on continue encore aujourd’hui de filer la même dose aux hommes et aux femmes. Réduire de moitié la dose pour les femmes permettrait de diminuer certains effets indésirables pour leur organisme, mais la science s’en fout un peu.
La posologie devrait souvent être différente selon les sexes
Des études scientifiques ont démontré que, lorsqu’une femme et un homme prennent un même médicament, la concentration médicamenteuse dans leur sang peut varier jusqu’à 40%. En gros, le médicament se retrouve beaucoup plus concentré dans le sang des femmes que dans celui des hommes. Logiquement, on devrait donc régulièrement adapter la posologie au sexe du patient, donner des doses plus faibles aux femmes pour leur éviter certains effets indésirables, etc. Mais ça reste assez rare, comme vous pouvez le constater.
Les femmes souffrent bien plus d'effets secondaires que les hommes
Vu qu’on teste plutôt les médicaments sur les hommes et qu’on base les posologies sur les besoins des hommes, bien souvent c’est les femmes qui se tapent les effets secondaires inscrits sur la notice des médicaments. En 2001 déjà, une étude relevait qu’entre 1997 et 2001, 8 médicaments sur 10 retirés du marché l’étaient à cause d’effets secondaires trop nombreux chez les femmes. Pour éviter ça, il aurait suffi de créer des médicaments spécifiquement adaptés pour elles. Il aurait suffi, ouais.
Les femmes sont plus sujettes aux maladies cardio-vasculaires mais sont moins représentées dans les essais cliniques sur le sujet
C’est un fait : les femmes subissent plus d’accidents cardiaques que les hommes. Sachant ça, on devrait les inclure autant, voire plus, que les hommes dans les essais cliniques concernant le cœur. Eh bah non. En 2008, une étude a révélé que les femmes étaient sous-représentées dans ces essais (entre 10 et 47% des sujets seulement). La situation devrait s’améliorer à l’avenir mais c’est quand même dingue qu’on n’y ait pas pensé plus tôt.
Les femmes enceintes sont sous-testées
En fait, les femmes enceintes sont une des raisons pour lesquelles il y a moins de tests sur les femmes en général : les labos pharmaceutiques ont peur d’inclure des femmes en âge de procréer dans leurs essais parce qu’ils ont peur de créer des malformations sur les fœtus. Et ça fait peur aux assurances aussi. C’est là où ça devient compliqué, parce qu’à cause ça, on connaît moins les effets des médicaments sur les femmes, alors que dans un même temps il y a de plus en plus de femmes qui prennent quand même des médicaments pendant leur grossesse. Dans l’idéal, il faudrait des essais cliniques spécifiques pour les femmes enceintes, mais personne n’a envie de prendre le risque. Ça, on peut le comprendre.
Il faut vraiment prendre en compte le fait que les hommes et les femmes ont un corps différent
En société, on doit bien évidemment chercher l’égalité hommes-femmes, mais pas en médecine. Génétiquement, deux hommes se ressemblent à 99,9% et deux femmes sont aussi identiques à 99,9%, mais la ressemblance génétique entre un homme et une femme n’est « que » de 98,5%. Et ça change beaucoup de choses. Par exemple, les femmes sont beaucoup plus sujettes à Alzheimer, aux troubles alimentaires, à la dépression, aux maladies auto-immunes ou à l’ostéoporose quand les hommes, eux, sont plus exposés à l’autisme, aux tumeurs du cerveau ou aux AVC. Ça a donc peu de sens de tester davantage les hommes. Y’a plus qu’à voir si la médecine va se remettre en question à ce niveau-là.
Et comme vous vous en doutez, il y a plein d’autres domaines que la médecine qui oublient les femmes. Regardez ces objets du quotidien qui n’ont pas été conçus pour les femmes.
Sources : Slate, Sex Bias in Neuroscience and Biomedical ResearchSex Bias in Neuroscience and Biomedical Research, Le féminisme a-t-il changé la recherche biomédicale ?, Webmd, sante.lefigaro, Most Drugs Withdrawn in Recent Years Had Greater Health Risks for Women,