Selon le célèbre principe de « ne faisons pas la compétition entre les combats », ne croyez pas que le but de ce top est de nier le sexisme envers les femmes véhiculé par le cinéma, à travers des milliers de clichés bien connus et une sous-représentation perpétuelle des femmes dans les métiers de la réalisation et de l’écriture. Cependant, en plus de ces clichés misogynes, on retrouve, notamment à Hollywood, toute une foule de clichés sur les hommes, lesquels ne sont présentés que dans une logique performative.
Tous les hommes sont grands
Jamais un héros ne pourra être un peu petit, même s’il est beau et tout et tout. Prenez Tom Cruise : dans tous ses films, il regarde ses adversaires dans les yeux. Talonnettes, rehausseurs, et jeux de caméra pour compenser sa toute petite taille. L’image véhiculée est celle que, pour être un héros, il faut faire plus d’1,80. Et être baraque. Et être beau.
Regardez comme le pote de Tom Cruise baisse la tête sur cette image.
Être intelligent ne constitue pas une condition suffisante pour faire un bon rôle
L’intelligence du héros n’est jamais mise en valeur en tant que telle. Elle est toujours doublée par une force virile. Iron Man est intelligent ? Oui, mais c’est aussi un sacré badass. Pareil pour Sherlock Holmes dans la version de Guy Ritchie. Seuls les méchants se contentent des forces de l’esprit : regardez un peu les méchants de James Bond. Ils sont incapables de se battre, mais pour faire des plans machiavéliques, ça, y’a du monde.
Pour être sexy, il faut être un peu déglingue
Un type qui bute tout le monde sans jamais se poser de question est trop lisse. Un type un peu gros qui se pose plein de questions sans jamais buter personne est trop chiant. Résultat : pour être sexy, il faut avoir été abandonné par ses deux parents, avoir une appétence pour l’alcool ou, dans tous les cas, avoir des fêlures. Ce principe est aussi une négation de la souffrance humaine en générale et masculine en particulier. Ma dépression ? C’est mon meilleur atout pour choper, évidemment. Parlez-en un peu à Bruce Wayne, si vous avez des doutes.
Les princes charmants ne sont pas des vrais personnages
Non seulement Disney abreuve les petites filles de clichés sexistes en leur donnant à voir des princesses girly qui ne font que des trucs de filles, mais en plus les films de la boîte en font autant pour les hommes sans même se casser le cul. A quoi servent les princes charmants dans les Disney ? A rien. C’est à peine s’ils ont un nom. Ils sauvent les princesses avec leur musculature et sont essentialisés à leur physique. Les filles tombent amoureuses, et voilà. Aucun espace d’identification, si ce n’est celui de la force physique et du visage carré. Des non-personnes.
Tout le monde se branle des mecs qui crèvent
Tactactactactactactac : coup de mitraillette, 50.000 sbires de Blofeld viennent de crever. Et tout le monde s’en branle. Les vies des seconds couteaux ne valent rien. Si on imaginait la même chose avec des filles, les réalisateurs ne pourraient s’empêcher d’y mettre une touche de tragique. Vous imaginez ? 50.000 filles assassinées ? Cette représentation est profondément sexiste, pour les hommes comme pour les femmes. Les femmes n’auraient rien à voir par nature avec la violence, tandis que les hommes, eux, peuvent bien crever, après tout, cela fait partie de leur patrimoine génétique d’aller se bastonner.
Toute attaque sexuelle contre un homme est un sujet de blagues
Au cinéma, une agression sexuelle contre une femme est (et c’est normal) une scène très violente, filmée de manière dépréciative. En revanche, faire des blagues sur les savonnettes en prison, c’est free. L’idée qu’un homme se fasse violer est un réservoir à blagues pour l’industrie hollywoodienne alors même que toute agression sexuelle devrait être condamnée et traitée avec gravité.
Soit tu es un héros, soit tu es un tocard
De toute façon, il n’existe pas d’entre-deux. Soit tu combines beauté, intelligence et force physique, soit tu es un second rôle ; dès lors, tu auras une mission à choisir entre : divertir par ton humour ou à tes dépens, mourir très vite, épauler le héros dans sa quête de l’amour, de la gloire, de la réussite sociale (rayez les mentions inutiles). Si tu n’es pas beau et intelligent, tu es forcément une non-personne.
Bien sûr que ça vaut aussi pour les filles.
Si tu as du bide, tu es forcément un marrant
T’es un peu gros, toi, t’aimes bien bouffer, pas vrai ? T’aimes la vie, quoi, t’es un marrant, jamais de problème, toujours bon appétit, toujours prêt à lâcher une bonne grosse vanne en avalant un Mars. Allez, fais-nous rire, un peu !
Si t'es moche, tu es surement intelligent (pour compenser et rester utile)
Et de manière générale, tu as forcément quelque chose. Tu dois avoir quelque chose qui te rend utile. Cette notion d’utilité est à rapprocher de celle de décoration qu’on accroche aux filles. Soit tu es utile, soit tu n’es pas dans le film. Si tu n’es pas spécialement héroïque, pas spécialement goalé, pas spécialement beau et pas spécialement intelligent, il n’y a aucune raison pour qu’il t’arrive des aventures. Ou alors celles-ci te changeront en une personne héroïque, goalée, belle et intelligente.
Toute relation amoureuse est présentée sous des abords sexistes
Pour finir, les scènes romantiques véhiculent pour les femmes comme pour les hommes les clichés les plus insupportables. Le mec, pour se rendre charmant, enchaîne les blagues ; la fille rit aux éclats et n’existe plus. C’est toujours à l’homme de faire valoir ses atouts pour séduire une femme qui, elle, n’a pour seule personnalité qu’une paire de seins. C’est très dévalorisant pour les femmes, mais ça l’est également pour les hommes, toujours soumis à des logiques performatives et soupçonnés, sur le scénario même, de ne s’intéresser qu’aux nichons des filles puisqu’ils sont prêts à tout donner pour niquer des personnes sans personnalité.
Tout ça n’empêche pas que le cinéma est avant tout une industrie masculine et sexiste envers les femmes. Donc morale de l’histoire : il y a du boulot !
Source : Cracked