Aller à un rendez-vous, c'est déjà un peu de pression. Aller à un rendez-vous au cours duquel on risque de se retrouver à moitié à poil face à un professionnel qu'on vouvoie sans être bourré, c'est encore plus délicat.Se rendre chez le médecin, pour un petit ou un gros bobo, exige donc une préparation sans faille, il s'agit d'être pris au sérieux et ne pas passer pour un tire-au-flanc qui s'est juste inventé une maladie pour sécher le travail ou pour disposer d'une excuse pour se faire des grogs devant des séries télé. Il y a les entretiens d'embauche, pensez votre consultation comme un "entretien de santé".
- Qu'on a des chaussettes sans trou
Parce qu'il y a toujours une possibilité, même pour une migraine, de se retrouver en slip-chaussette à dire "33". Et on vérifie bien qu'on a récemment coupé ses ongles de pied. - Qu'on a un slip tout frais
Propre, ça c'est la base, mais surtout un slip différent que celui que vous portiez lors du dernier rendez-vous, même si c'était il y a plusieurs mois et que vous avez fait moult lessives depuis. Les médecins ont une mémoire phénoménale des slibards de patients, une impression de "déjà vu" vous cataloguera comme gros dégueulasse dans la seconde. - Qu'on a un timing parfait
Surtout NE JAMAIS arriver en avance. Idéalement, débarquez avec une minute de retard, et à peine assis, commencez à soupirer "j'avais rendez-vous à la demi! Y'a de l'abus quand même!" - Qu'on a jeté un petit coup d'oeil aux tarifs pratiqués
Su le site de l'Assurance Maladie, vous pouvez voir quelle politique tarifaire pratique votre médecin. Certains s'en tiennent au tarifs qui servent de base aux remboursement de la Sécu (conventionné secteur 1 sans dépassement), d'autres s'engagent à des "dépassements modérés, avec tact et mesure" (secteur 2) et ceux qui n'en ont rien à foutre et qui peuvent prendre tout votre sang et un de vos reins pour une consultation de 15 minutes. Vérifiez avant, c'est mieux. - Qu'on a préparé un petit brouillon de ses symptômes
Les médecins voient tellement de gens passer pour quémander un arrêt de travail qu'il vous enverra chez vous avec une aspirine si vous n'êtes pas clair. Si vous expliquez que vous vous sentez "bizarre" avec "des picotis dans le ventre" et des "ça par exemple, je peux pas le faire, là c'est juste pour vous montrer", vous allez creuser le trou de la sécu de 23 euros pour que dalle. Y'a le secret médical, mais votre professionnel de santé n'hésitera pas à vous balancer sur un forum de "perles de patients" - Qu'on a amené de la lecture
Quand on est malade, on n'a pas envie de lire un vieux Valeurs Actuelles ou d'apprendre que François Mitterrand est mort dans un Paris Match du siècle dernier. Et dans ces cas là, on préfère toujours avoir un magazine dans lequel personne d'autre que soi-même a éternué. - Qu'on a utilisé du coton-tige, plus que d'habitude
Le médecin est en général très fier de son machin pour les oreilles (ça s'appelle un "otoscope") et il va à coup sûr vous le coller dans les esgourdes. Et si vous n'êtes pas impeccable, vous allez vous sentir mal et bredouiller des excuses lamentables. - Qu'on a vérifié de l'indépendance de son médecin
Depuis peu, les professionnels de santé doivent déclarer les cadeaux qu'ils reçoivent de la part des laboratoires pharmaceutiques et de leurs visiteurs médicaux et les faire figurer sur un site du Ministère de la Santé. Si il a reçu des petits cadeaux de tous les labos du monde, à la limite, tant mieux pour lui. Si il a été gâté par une seule boite, en revanche, c'est un souci, et ça devrait vous donner une idée des médicaments qu'on va vous prescrire. - Qu'on a préparé une petite hiérarchie de ses problèmes de santé
Car le médecin, il ne traitera qu'un truc à la fois. Si vous lui montrez votre clavicule déboîtée après avoir mentionné vos migraines, votre praticien se bouchera les oreilles enchantant très très fort LALALAAALALALAAA jusqu'à ce que vous preniez un second rendez-vous auprès de son secrétariat. - Qu'on a un métier imaginaire
Pendant l’auscultation, votre toubib va vous demander ce que vous faites dans la vie, histoire de parler. En réalité, il n'en a rien à foutre, mais c'est plutôt sympa. Du coup, évitez de dire que vous travaillez devant un ordi pour ne pas lui offrir un diagnostic tout fait (position assise devant un écran -> problèmes de dos + problème de vue + obésité + stress lié à ces activités qui vont toujours plus vite etc...). Dites que vous êtes agent secret. Et que s'il brise le secret professionnel, vous serez contraint de l'abattre (oui, dites "abattre", c'est plus flippant que "tuer").
Un entretien de santé, ça se prépare, pas d'improvisation. Vous êtes prêt?