On ne parle désormais plus que des monothéismes et l’on passe notre vie à mettre les religions en concurrence dans une époque où, pourtant, nous nous sommes largement affranchi de la religion. Ce qui est marrant, c’est de penser que les hommes ont depuis l’époque des chasseurs-cueilleurs fabriqué des mythes pour essayer de mieux comprendre le monde qui les entoure et se fixer des règles de vie. Certaines religions encore pratiquées aujourd’hui ont plus de 50.000 ans ; ça fait quand même beaucoup beaucoup de temps pour se rendre compte qu’on ne comprend rien et qu’il vaut peut-être mieux ne pas chercher à comprendre.
Le totémisme des Aborigènes australiens
Son origine remontrait à 50 millénaires avant Jean-Claude, en Australie. Il existe autant de formes de totémisme que de groupes aborigènes, la religion traditionnelle consistant à transmettre des histoires orales en rapport avec la nature environnante. Il s’agit d’une sagesse appliquée à la topographie australienne. Parmi les mythes communs à de nombreux groupes, on retrouve l’histoire du serpent pan-australien, associé aux arc-en-ciel, à la pluie, aux fleuves et aux eaux. Les peintures rupestres australiennes attestent de cette croyance.
Le chamanisme amérindien
On estime que les premiers groupes amérindiens se sont constitués en mini-sociétés à partir de -40.000 avant Jean-Claude en Amérique du Nord. A partir de là, ces groupes ont constitué leurs propres objets d’adoration qui varient évidemment selon les tribus et les emplacements. Sur tout le Nord du continent américain, on retrouve cependant un rapport aux totems et la résurgence de figures en lien avec la géographie et l’espace. Il ne s’agit pas de divinités à proprement parler, le chamanisme amérindien étant une religion animiste. Cependant, dans la mythologie abénaquise, c’est Abenaquis qui a créé le monde à partir de poussière. Le chaman qui pratique les rites est appelé Médéouilin.
Le chamanisme inuit
L’apparition de la mythologie inuit remonterait au VIII° millénaire avant JC dans la partie arctique de l’Amérique du Nord. Cette religion, également animiste, est encore pratiquée aujourd’hui et a fait l’objet d’un fort syncrétisme avec le christianisme. Dans son objet, on ne trouve pas de divinités créatrices qui seraient à l’origine de nos actions ou de l’idée de destinée. En revanche, les mythes fondateurs ont davantage valeur de morale et de guide pour survivre dans un environnement hostile. Pour les Inuits, l’origine du monde est liée à un homme et à une femme qui étaient là : rien de divin.
Le chamanisme coréen
C’est à l’époque de la Préhistoire que remonte le chamanisme coréen. Son origine viendrait des plaines de Sibérie et les croyances auraient ensuite évolué quotidiennement en Corée. La religion est aujourd’hui encore très vivace dans la société coréenne. Les rituels sont régis par des femmes, les Mudangs, et font appel à des totems. Si, au départ, la religion impliquait des sacrifices humains et autres réjouissances du même genre, ces pratiques ont disparu au contact du bouddhisme et du taoïsme.
Le tengrisme
Le tengrisme était une croyance très importante en Turquie et en Mongolie jusqu’au X° siècle. Il s’agit d’une religion syncrétique en tant que telle, mélangeant diverses influences animistes, totémistes, ainsi que le culte des ancêtres. Le tengrisme est organisé autour du culte du Tengri, sorte d’âme du ciel, et son objectif est de rendre la vie harmonieuse avec son environnement. Le tengrisme demeure une religion minoritaire mais très pratiquée en Turquie et en Mongolie, où elle a absorbé certains rites bouddhistes au fil de l’histoire.
Le mazzérisme
Animisme corse encore pratiqué par certains irréductibles, l’origine du mazzérisme est antérieur à l’ère des chasseurs-cueilleurs. Le mazzeru est le chasseur, qui établit un lien avec sa victime et la religion cherche à interroger ce lien. C’est une religion de chasseurs, ce qui explique pourquoi les Catholiques implantés en Corse ont particulièrement cherché à faire disparaître le lien des populations à la chasse. Pour devenir mazzeru, il faut suivre une initiation et, par la suite, on obtient un statut de guérisseur.
Le chamanisme des Evenks
Les Evenks forment un peuple encore vivace en Chine et en Russie où ils comptent environ 70.000 ressortissants. Il s’agit d’une population millénaire souvent oubliée des grands projets d’assimilation par les deux empires et qui forment désormais des minorités relativement peinardes. Parmi les Evenks, nombreux sont ceux qui pratiquent encore une forme d’animisme original. Le chamanisme est encore une fois très lié à la nature, avec le développement d’une éthique vis-à-vis de celle-ci et l’idée que la nature est vivante. Les Evenks croient traditionnellement à l’existence de trois strates du monde et à l’âme. La religion comprend également un aspect totémique.
La spiritualité polynésienne
On a bien du mal à dater l’origine des croyances traditionnelles polynésiennes, rapport au fait qu’une fois arrivé en Australie, l’homme occidental a tout détruit sans poser de question. Pour autant, des recherches ont permis de mettre à jour l’existence d’une tradition orale millénaire partagée par de nombreuses ethnies et groupes sociaux différents. Dans cette mythologie, on voit émerger la figure d’un dieu créateur, le lieu mythique d’Hawaiki désigné comme l’île originelle de la vie et l’existence d’un demi-dieu, Maui, dont on relate les exploits comme autant d’anecdotes dont il faut tirer morale. On retrouve ces figures de Hawaii à la Nouvelle-Zélande, ce qui laisse entendre qu’il existait de nombreux échanges entre les groupes distincts. Ce culte est aujourd’hui encore pratiquée par certaines personnes.
Le Bön
Le bön est une tradition religieuse antérieure au bouddhisme dont on connaît mal l’origine mais dont l’existence est avérée au Tibet il y a plusieurs millénaires. En réalité, la question fait débat, les adeptes parlant d’une révélation du bouddhisme originel au premier maître plusieurs centaines d’années avant le bouddhisme, mais le manque de documentation ne permettant pas d’effectuer une traçabilité réelle. L’histoire initiale du Bön est celle de la révélation à trois frères qui vivaient dans un paradis de la souffrance du monde et la mission qu’ils se sont confiée de devenir des guides. Dès lors, les frères s’incarnèrent sur la terre il y a plusieurs dizaines de milliers d’années pour exercer leur mission. Mais les textes sacrés du Bön remontent au X° siècle et il est difficile d’évaluer la puissance de la religion à l’époque où elle était simplement orale. Le Bön a peu à peu été concurrencée puis battue par le bouddhisme mais continue d’exister.
La religion sérère
Apparue en -15.000 sur les rives su Sénégal et de la Gambie, la religion sérère, propre au peuple sérère, continue d’être pratiquée. Les Sérères vénèrent une divinité appelée Roog et la religion s’intéresse à la fois à la vie, à la mort, à la création, à l’espace, au temps et à la cosmologie. Outre Roog, les Sérères possèdent d’autres dieux de moindre importance et des génies qui ont chacun un domaine de prédilection. Roog est le créateur du monde supérieur à l’idée même de dieu. Il est la foi et n’est pas genré. Les Sérères pratiquent un nombre ahurissant de rites.
Quand on vous dit qu’il n’existe pas qu’un seul dieu, hein…
Source : Wikipédia