La Vème République est née en 1958 (et hop, déjà une réponse cadeau pour ce quiz sur la Vème République), autant vous dire qu’en plus de 60 ans d’existence, elle nous a offert quelques beaux rebondissements ! Surtout en période électorale…
Le générale de Gaulle en ballotage
1965, ma mère n’était pas née, mais mon grand-père s’en souvient encore : deuxième élection de la Ve République, première de cette République au suffrage universel direct, et surtout, un général en ballotage face à François Mitterrand. Une situation inattendue, puisque le président sortant était donné grand favori avec 70% des intentions de vote, si bien qu’il n’avait presque pas fait campagne pour sa réélection. Malgré cet événement qu’il vit comme une humiliation, il l’emporte au second tour avec plus de 55% des voix, pour démissionner 4 ans plus tard.
Coluche, et l'engouement insoupçonné
Le 20 octobre 1980, Coluche annonce sa candidature à l’élection présidentielle par un communiqué. Il s’agit initialement d’une plaisanterie et personne ne le considère comme un réel adversaire. Et il faut dire que sa profession de foi annonce la couleur : « J’appelle les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, (…) tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques à voter pour moi, à s’inscrire dans leurs mairies et à colporter la nouvelle. Tous ensemble pour leur foutre au cul avec Coluche. Le seul candidat qui n’a aucune raison de vous mentir ! » MAIS SURPRISE : les sondages le créditent de plus de 16 % d’intentions de vote. À partir de là, il subit diverses pressions, dont des menaces de mort. Il finit par se retirer, le 16 mars 1981.
Le père Le Pen accède au second tour face à Chirac
21 avril 2002, à la surprise générale, c’est Jean-Marie Le Pen qui se hisse au second tour de l’élection présidentielle, éliminant ainsi Lionel Jospin. Une (mauvaise) surprise que personne n’avait vue venir : dans la dernière semaine précédant le scrutin, Chirac et Jospin étaient au coude-à-coude dans les sondages, à environ 20 % des intentions de vote, alors que Le Pen plafonnait autour de 14 %. Résultat, alors qu’aucun institut n’avait enregistré de croisement des courbes entre Jean-Marie et Lionel pendant la campagne : 20 % Chirac, 16,86% Le Pen et 16,18% Jospin. Le lendemain, les Unes des journaux traduisent un vrai séisme dans le monde politique : « Le Pen, le choc » pour LaCroix, « Non » en lettres capitales du côté de Libération, « Le séisme » pour Le Figaro, ou encore « La bombe Le Pen » chez France Soir. Second tour : 82% des voix pour Chirac.
DSK et l'affaire du Sofitel
2011, Dominique Strauss-Kahn est prêt à quitter Washington et le FMI pour se présenter à la présidentielle 2012. Mai 2011, tout fou le camp : c’est la chute du président du Fonds Monétaire International, alors favori pour la course à l’Elysée. Le 14 mai, il est arrêté puis incarcéré pour tentative de viol sur Nafissatou Diallo, femme de chambre du Sofitel de Manhattan à New York, où il avait passé la nuit. Le 19 mai, il démissionne tout en réfutant, « avec la plus extrême fermeté, tout ce qui est reproché. » La saga médiatico-judiciaire, pleines de rebondissements, s’étend sur 18 mois. Le 10 décembre 2012, un accord financier entre Dominique Strauss-Kahn et Nafissatou Diallo est fixé. En 2020, le réalisateur Jalil Lespert donne la parole à la femme de chambre dans la série « Chambre 2806 » sur Netflix. Elle revient en détail sur les accusations qu’elle prête toujours à l’encontre du politique. En réponse, DSK annonce la sortie de son propre documentaire en 2021… Oui, nous sommes en 2022, et on n’en a jamais vu la couleur !
Fillon, élu candidat de la droite
Personne ne l’avait vu venir : c’est François Fillon qui emporte haut la main le primaire à droite le 27 novembre 2016. Il déjoue alors tout pronostic et envoi Alain Juppé et Nicolas Sarkozy au tapis. Alors que Sarko accuse le coup (on y revient point 7), François Fillon devient le grand favori de l’élection. En décembre, un sondage le donne même gagnant avec 55% des intentions de vote. Mais…
Fillon et le Penelopegate
Si le twist avait un visage, il aurait sûrement celui de Fillon… Après cette première victoire, PATATRA ! Le canard enchainé fait des révélations fin janvier : ce cher François est soupçonné d’avoir employé fictivement sa douce moitié, Pénélope, lui versant ainsi des sommes astronomiques… 831 440 balles au total, selon le journal. Elle aurait été rémunérée comme attachée parlementaire de son époux, de son suppléant, et comme conseillère à La Revue des Deux Mondes. Problème : aucun de ses supposés collègues ne l’a jamais vue travailler. Oupsie. Grillés. Il va de soi que Fillon a donc rapidement dit au revoir à son rêve de présidence. En juin 2020, les époux sont reconnus « coupables de détournements de fonds publics ». En 2021, à l’issue de leur procès en Appel, Pénélope écope de 2 ans de prison avec sursis, 100 000 euros d’amende et deux ans d’inéligibilité, 5 ans de prison dont 2 fermes ainsi que 10 ans d’inéligibilité et 375 000€ d’amende pour son mari. Fillon, de l’ombre à la pénombre, une série en beaucoup trop d’épisodes.
Sarkozy écarté dès le premier tour
Un point qui fait donc écho à la victoire de Fillon pour la primaire de la droite de 2017, mais la surprise ne repose pas que sur l’ascension fulgurante du député. Non, la défaite de Sarkozy est aussi un événement notable qui fait de lui le tout premier président de la Ve République écarté de la course à L’Élysée au premier tour d’une primaire. COUP DUR. Ça prend les mêmes, et Sarko-mence pas du tout (ça r’commence pas).
La candidature (puis la victoire) surprise de Macron...
30 août 2016, il démissionne de son poste de ministre de l’Économie. 16 novembre, il annonce son entrée dans la course à l’Élysée. Un vrai coup dur, limite un coup de poignard dans le dos, pour Hollande : le Parti socialiste avait taillé une primaire sur mesure pour le Président encore en fonction, mais l’arrivée dans la compétition de Macron, sans passer par cette primaire, déstabilise complètement son projet de second mandat.
... et l'abandon d'Hollande
Macron En Marche, Hollande En Marche Arrière deux semaines après (pas ouf, j’avoue). Le 1er décembre 2016, premier jour de l’ouverture des candidatures à la primaire de la gauche, Hollande abandonne l’élection. Pourtant, son discours-bilan de dix minutes, dans sa première partie d’allocution, laissait croire à l’annonce d’une candidature. La surprise est totale, autant pour nous, que pour son entourage ! C’est le premier président qui renonce à briguer sa propre succession après un seul mandat. Nos cœurs saignent encore. Malgré la situation, il appellera à voter Macron. Un grand cœur dans un corps de taille moyenne.
Macron qui se présente pour un second mandat
C’est de loin LA surprise de ces présidentielles 2022. Le président en poste a tellement fait durer le suspens en annonçant sa candidature à seulement un mois du premier tour, qu’on ne s’attendait vraiment plus à le voir entrer dans la course. WAW MAIS QUELLE NE FUT PAS NOTRE SURPRISE, PUNAISE. Non, c’est faux. C’était genre la candidature la moins inattendue de l’histoire, au milieu des élections les moins haletantes de cette République. On attend donc les rebondissements avec impatiences… Mais dans la limite du raisonnable, quand même. En clair, on acceptera une grosse surprise que si elle propulse Poutou au second tour. C’est tout.
Bonus : le VRAI twist par Teresa May
Oui, c’est clairement hors sujet puisqu’elle n’est ni candidate à la présidence, encore moins en France et que dans son pays, il n’y a pas de président, MAIS c’est de loin la seule politique à avoir compris le sens premier de « twist ». Genre de la danse, quoi. Bon, vous avez compris ! Arrêtez de réfléchir et appréciez ce grand moment (de gêne).
Le premier tour des présidentielles, c’est dans un peu plus de deux semaines ! Et la petite nouvelle qui risque de faire une ascension inédite cette année, c’est malheureusement… l’abstention. Alors, on bouge son derche aux urnes les gars ! À la limite, si vraaaaaiment vous êtes en rébellion, vous pouvez toujours tenter de truquer les votes hihi.