Vous l’avez attendu toute la journée, vous y avez pensé et repensé: le match du soir à la télé. Conditions optimales, piles neuves dans la télécommande, pas d’enfants à moins de 100 mètres. La bonne occasion pour se rassembler autour de quelques litres de houblon frais, d’une pizza tiède et trop grasse, et d’un écran forcément géant. Mais non. Non parce qu’il y en a toujours un pour venir gâcher votre petit plaisir. Le gros lourd, le pote de pote. Sur le banc des accusés, 10 personnes à éviter pour que ce plaisir télévisuel ne se transforme en un douloureux effort de maîtrise de soi.
"Le neutre"
Il est venu parce qu’on lui a vaguement parlé de bières fraîches. Il n’est pour aucune des deux équipes, mais « plutôt pour les deux » et envoie des « bien joué » à tout va. Il est pour « le beau jeu, c’est tout » et le revendique. Sous entendant que nous, c’est bien connu, ce qu’on veut voir c’est des matchs tout pourris avec des fautes et pas de but. C’est un peu le Pierre Coubertin du match de foot, honnête et plein de bon sens, mais pas supporter. Ni Jedi, ni Sith. Ni OM, ni PSG. Ni bleus, ni Angleterre. Pas humain.
"L'expert"
Il connaît tout sur tout. Toutes les règles, tous les joueurs, toutes les facettes, tous les détails de chaque action. La motte de terre qui a fait sauter le ballon ? Il l’a vu oui. L’action de la 54ème minute qui est forcément « le tournant du match ». Vous le soupçonnez d’avoir un lien de parenté avec Charles Biétry. Mais vous devinez aussi aux quelques anecdotes qu’il lâche qu’il a appris l’Equipe de ce matin par cœur. Vous lui conseillez d’ouvrir un blog. Et de ne plus jamais quitter son bureau.
"Le supporter investi"
Il regarde le même match que vous mais il le voit manifestement de manière différente. Il voit des fautes contre son équipe tout le temps, un complot international contre-son-club-c’est-évident, et des buts refusés à la pelle. Les 5 premières minutes du match il vous faisait rire. Les 85 autres, beaucoup moins. Remarque, fallait se méfier du mec qui est arrivé avec l’écharpe, le maillot et les claquettes à l’effigie de son équipe favorite.
"L'incrédule"
Il n’y croit pas. Tout le match. « Comment il peut rater ça? », « Comment l’arbitre peut laisser passer ça ? », ou encore « Y’a vraiment plus de pizza ? » et « Comment mon verre s’est-il réchauffé si rapidement ? ». L’incrédule, c’est le mec qui détient la vérité et qui est surpris que les autres ne la voient pas.
"Le roi de la pub"
Son moment, c’est la mi-temps. Pendant le repos des joueurs, il prouve à tous les autres qu’il connaît toutes les pubs par coeur, surtout les pubs pour homme donc, qu’il adore regarder la télé comme un forcené, mais aussi qu’il a une bonne mémoire. Il déteste Canal Plus, leurs interviews et leurs stats à la mi-temps. Il rêve d’aller habiter aux US, paradis de la pub. C’est principalement à cause de lui que tout le monde va uriner pendant la mi-temps.
"L'égocentrique"
Il ne croit pas du tout au fait que vous vous soyez rassemblés juste pour regarder un match. Non, lui il sait qu’au fond vous êtes venus pour lui et ce soir il a décidé de vous gâter. Avec une blague par fait de jeu, il déroule son one man show habituel. Il s’attendrait presque à des applaudissements sur ses meilleures. En tout cas, celles qu’il croit être les meilleures.
"Le caméléon"
C’est celui qui se met à la place de tout le monde. Ça va de l’attaquant qui a manqué le cadre « à sa place, j’aurai au moins cadré… », de l’entraîneur « qui devrait passer en 4-4-2 », jusqu’au striker qui passe à poil sur la pelouse qui « aurait dû bronzer un peu avant ». En bon caméléon, il prend la couleur de l’équipe qui gagne ou de celle de son hôte. Ça dépend, il n’est pas regardant.
"Le (très) bruyant"
Il vit le match en commentaires et en chansons. Il n’a pas pu avoir de place pour le stade et ça se voit. Ça ne s’arrange pas après les bières de la 1ère mi-temps. Il ne connaît qu’un chant, et pas en entier encore. Qu’à cela ne tienne, il l’interprétera en baissant de volume pour les paroles dont il n’est pas certain. C’est aussi celui qui scande sur tous les dégagements « Machin machin, en-..-.. » devant vos gosses, ravis.
"L'amateur"
Il ne connaît rien au foot, et ne s’en cache pas. Sa première question « Bon alors c’est qui les bleus, c’est qui les rouges ? » a le mérite de vous situer le niveau de la soirée. Il ne s’arrêtera pas là, il s’interrogera évidemment sur l’absence de Zidane et demandera ce qu’est un hors-jeu. Comme le hors-jeu c’est facile à comprendre mais impossible à expliquer, vous passez une soirée plutôt pénible à réfléchir au prochain bon match que vous verrez seul.
"Le moralisateur"
Il vous rappelle que le foot n’est qu’un jeu et qu’il y a d’autres problèmes dans la vie qu’« un bout de cuir qui ne passe pas une ligne de craie ». Certes. Quand il voit un joueur pleurer sur sa défaite, il ironisera en disant « qu’il pleure certainement parce que l’enfant qui lui a confectionné sa paire de chaussures n’a pas pu souffler sa sixième bougie. ». Vrai sans doute, mais briseur d’ambiance.
"L'enfant de 3 à 12 ans"
Le vôtre, ou pire, celui d’un pote. Parce que même quand il dit vouloir « gader le mache avec papa« , au bout de 5 minutes de jeu il commence à jouer avec la télécommande, met la main dans les pizzas brûlantes, et fait tomber ce qui ne devait pas tomber sur le tapis neuf… Il vous demandera aussi sûrement d’aller aux toilettes et vous fait rater le 1-0. Puis le 2-0 au moment de le coucher. Sale gosse.
Au pire, un match, ce n’est que 90 à 120 minutes, mais des vacances c’est plus long, donc étudiez tout de suite les profils d’amis avec qui ne pas partir en vacances.