C’est en 876 que le viager a été introduit en France. Depuis, le dispositif n’a cessé d’exister. En gros, le principe est simple : on achète pas trop cher un appartement occupé par une personne âgée et on lui verse en complément une rente jusqu’à ce qu’il passe de vie à trépas, moment à partir duquel on peut jouir de l’appartement qu’on n’a pas payé bien cher. Sauf évidemment si le vieux décide de prolonger le plaisir indéfiniment, comme décrit dans le film Le viager où Michel Serrault refuse de mourir.
Jeanne Calment
L’histoire est connue et a même inspiré un film, Un duplex pour 3. En 1965, un notaire, Maître Raffray, a la bonne idée de racheter en viager l’appartement d’une vieille dame de 90 ans. La vieille dame de 90 ans, c’est Jeanne Calment… Finalement, après avoir passé 30 ans à payer 2500 francs de rente par mois à la doyenne de l’humanité, Raffray meurt en décembre 95 sans avoir pu profiter de l’appartement dont il aura finalement payé deux fois la valeur. Pas de chance, d’autant que Jeanne Calment ne mourra finalement que deux ans plus tard, en 97, à 122 ans.
Le Petit fût de Maupassant
Inspirée d’un fait divers de l’époque, la nouvelle de Maupassant raconte comment un fermier rachète en viager la ferme de sa voisine et, s’étonnant de ne pas la voir mourir assez vite, décide de la convertir à l’alcoolisme pour accélérer sa perte, lui offrant toutes les semaines un petit fût de la fine qu’il distille sur son terrain. Et jusqu’à ce que la vieille meure et laisse sa maison à l’impétrant.
Le notaire véreux de Bretagne
En 2010, un notaire de la Baule a été interdit d’exercer après avoir réalisé la chose suivante : ayant lié des liens « quasi-filiaux » selon ses dires avec une vieille cliente, il avait convaincu sa quasi-mère de vendre à un prix très bras sa maison à sa meuf, en viager, évidemment. La profession s’est retournée contre lui, d’autant qu’entre temps la vieille était morte et le notaire s’était pacsé. Finalement radié et poursuit pénalement, il avait déjà été poursuivi pour des faits similaires plusieurs années auparavant et avait alors bénéficié d’un non lieu.
Le mec qui empoisonnait l'occupante de son viager
A Cannes, en 2015, un mec de 46 ans avait racheté l’appart de sa voisine, 85 ans, en viager. En bon voisin, il venait régulièrement lui rendre visite. Jusqu’au jour, où, suite à l’une de ces visites, la vieille tombe dans le coma et le mec se sent très mal. Les analyses menées à l’hôpital sont formelles : l’eau minérale qu’ils ont tous deux consommée était blindée de médicaments mortels à forte dose ou pour les organismes sensibles. Oupsie : on retrouve la boîte du médicament chez le mec. Peut-être envisageait-il d’agrandir son chez lui. La vieille s’en est tirée et il a été mis en examen.
A 96 ans, elle meurt à peine dix mois après avoir conclu un viager
En 2008, un couple acquiert en viager l’appartement d’une petite vieille de 96 ans, qui ne tarde pas à mourir, à peine 10 mois plus tard. Sauf que l’administration fiscale trouve cette coïncidence louche et se penche sur les finances du couple, déjà inquiété par des contrôles fiscaux à répétition. Et il s’avère que le couple n’a pas versé un centime à la vieille depuis l’acquisition en viager. Louche. Le couple se défend en invoquant des circonstances exceptionnelles expliquant le non-versement de l’argent, mais le tribunal statue sur une donation déguisée. Ils doivent donc payer d’importants droits de succession.
Un accident plus que bizarre
En 2017, Eric Flammang, un père de famille de 51 ans, conduisait sa bagnole avec sur le siège passager son ami Raymond Lochet, 80 ans, à qui il avait racheté un appartement en viager. Et là, c’est le drame : la voiture plonge dans l’eau. Eric arrive à se tirer de l’habitacle et essaie de secourir son passager, sans succès.
Sauf que vue la largeur de la route, on ne comprend pas très bien comment la bagnole aurait pu faire une embardée et terminer dans la flotte. Et puis Lochet voulait revenir sur l’accord de viager passé entre les deux hommes et un tribunal devait statuer à ce sujet le lendemain de l’accident. Bizarre bizarre.
Encore un homme de confiance véreux
Les époux Auger avaient un homme de confiance, un patron de resto en faillite qui avait procuration sur leur compte. Celui-ci avait racheté leur appartement en viager. Et voilà qu’un beau jour, peu après la mort de son mari, Madame Auger se rend compte qu’il manque 23.000 balles sur son compte. Evidemment, le mec est dans le collimateur, à raison d’ailleurs. Mais elle n’est pas au bout de ses surprises : elle découvre que son mari a laissé un testament dans lequel il lègue l’intégralité des meubles de leur logement à l’homme de confiance, déjà bénéficiaire des murs suite au contrat de viager passé entre les parties. Ah et qui a découvert le corps du mari et a donné 3 versions différentes de la découverte du corps aux policiers ? Toujours ce cher homme de confiance. Qui a d’ailleurs touché une assurance vie conséquente suite à ce décès. Rien de bizarre à tout cela, hein.
De Gaulle, VGE et Kennedy avaient acheté des appartements en viager
Colombey-les-deux-églises, le château de d’Estaing (d’où la particule rajoutée pour faire genre), et une maison aux US (dont il n’a probablement pas eu l’usufruit vu sa durée de vie réduite) : les chefs d’Etat sont des fanas du viager. Peut-être parce que, quand on commande l’armée, on sait qu’on pourra intervenir si jamais la vie de l’occupant s’éternise.
J’adore les personnes viagers.