Le match de football, c'est ce moment unique où on entre en parfaite synergie avec les éléments de notre salon que sont la télévision, le canapé et la bière. Seul ou entre amis, c'est un pur instant d'évasion indispensable à la survie de nos pauvres cerveaux en surchauffe. Pourtant, il arrive que l'élément perturbateur extérieur arrive à faire irruption dans cette sphère si personnelle. C'est alors que, fréquemment, nous avons le droit à diverses réflexions ou questions, qui ont vite le don de nous énerver ...
- "Encore devant le foot..."
Au delà de son aspect tristement descriptif, cette remarque met en lumière un problème crucial, notamment du couple moderne : la théorie de l'iceberg. Car pour un match regardé, combien de soirées foot sacrifiées sans même prévenir le/la conjoint de l'effort consenti ? Il est temps qu'on prenne conscience de la froide vérité : il y a du foot tous les jours à la télé. Alors une ou deux fois par semaine, convenons-en : c'est un moindre mal. - "Alors, ils gagnent ?"
Archétype de la phrase de remplissage à la limite de la pollution sonore. Car le/la propriétaire de ces mots n'a bien entendu aucune conscience de l'identité des équipes qui s'affrontent sous vos yeux captivés et tente juste un coup de bluff pour renouer le dialogue et vous arracher à votre écran. En plus de vous déconcentrer, cette question sans aucun intérêt vous fait prendre conscience de l'état de délabrement de votre couple ou de vos amitiés : on appelle ça la double peine... - "Il est pas très beau celui-là !"
L'analyse visuelle de base. Comprenez que ce jeune homme en short, on ne lui demande pas d'être beau, on lui demande d'être bon. Et s'il plante but sur but depuis qu'il s'est rasé le dessus du crâne et laissé pousser un mulet décoloré, son obsolescence esthétique ne l'empêchera certainement pas de faire la Une de quelques journaux people - "C'est quoi le hors-jeu ?"
La question qui hérisse tous les poils du dos et dont la réponse restera à jamais incompréhensible pour celui ou celle qui ne s'intéresse pas au football. Même en passant de longues minutes à reformuler la règle de toutes les façons possibles, vous ne récolterez au mieux qu'une moue approximative, dont la traduction est "si je fais pas semblant d'avoir compris, tu vas me prendre pour un/une conne donc, bah, je fais semblant". C'est l'exemple parfait de ce que l'on appelle communément "une peine perdue". - "Pourquoi l'arbitre a sifflé, là ?"
Ecoute, on va pas se mentir : on sait tous les deux très bien comment ça va se passer. Je vais essayer de t'expliquer vite fait tout en continuant à suivre d'un oeil, du coup tu vas rien comprendre, mais en même temps au fond de toi tu t'en cognes pas mal de comprendre. Donc épargnons-nous ce moment d'hypocrisie pénible et boucle-la. - "Franchement, même moi je l'aurais mis celui-là"
Oui, à coup sur. La dernière fois que tu as couru, c'était pour ne pas rater un train, un mardi matin il y a quelques années, alors nul doute que tu aurais fait mouche avec une paire de crampons et un ballon... - "Il joue pour l'équipe de France lui ? Tu m'avais dit qu'il jouait au PSG l'autre fois !"
La différence entre l'équipe nationale et club est une notion assez délicate pour le/la non-initié. La corrélation étant parfois peu évidente à assimiler, c'est une question qui peut fréquemment revenir. - "Alors toi, t'es pour les bleus ?"
Un esprit de déduction incroyable qui nous propose souvent cette analyse d'une pertinence déconcertante après avoir étudié nos différentes émotions selon les phases de jeu et les aléas du match... Notez l'utilisation systématique des couleurs pour nommer les équipes : même après 90 minutes passées devant un match où les noms des clubs en lice sont cités en moyenne 40 fois et apparaissent une bonne douzaine de fois à l'écran, le/la néophyte est en général incapable de deviner qui joue contre qui... - "Ils sont quand-même payés à rien foutre..."
Une réflexion énervante face à laquelle nous sommes souvent dans l'incapacité d'argumenter sans entrer dans un véritable débat politico-éthique pouvant déboucher sur une crise bien plus grave. Le ravin est en effet tout proche et le faux pas est vite arrivé : "Parce que toi qui fais du marketing pour des crèmes anti-cellulite, tu sers à quelque chose dans la vie ?" - "Allez c'est pas grave, ils feront mieux la prochaine fois..."
La phrase ultime, qui part pourtant d'un très bon sentiment. Dans un souci de paix des ménages ou de maintien de l'amitié, aucune répartie n'est offerte en retour. Pourtant, c'est une foule de sentiments tous plus inavouables les uns que les autres qui nous traverse l'esprit, de la simple envie de crier à la pulsion quasi irrépressible de devenir hermite, loin, très loin. Avouez-le, cette réflexion pleine d'empathie a déjà (presque) réveillé le hooligan de salon qui est en vous...
Et vous, quelles remarques vous donnent des envies de casser votre télé ?
Top écrit par gattuso63