A la suite de Monsieur le prof, nous nous proposons de lister l’ensemble des plaisirs détestablement cruels que s’offrent les profs pour se venger d’être confrontés à longueur de journée à des hordes d’humains pas finis et boutonneux qui parlent en expressions inventées.
Préparer un contrôle surprise pour le lendemain 8 heures
Arriver 10 minutes en retard à un cours
Et voir les élèves qui pensaient que le cours serait annulé se décomposer.
Affirmer que, oui, j'ai des chouchous
En même temps, c’est normal, ils ne mettent pas le bordel et sont toujours gentils. Libre aux autres de faire pareil.
Profiter de son café en salle des profs en hiver
Pendant que les jeunes se les gèlent dans la cour.
Croiser des élèves dans la rue le week-end
Et leur demander si leur punition avance, avant de rentrer au ciné.
Regarder désinvoltement les signatures du cahier de correspondance
Et faire la démonstration à l’élève que son dernier mot n’a pu être signé que par lui.
Demander aux élèves de tracer proprement un bandeau en haut de leur copie pour pouvoir y mettre la note
Mettre la note en dehors du bandeau.
Demander à Dylan de lire à voix haute le petit mot qu'il vient de faire passer à Théo
Puis ensuite proposer à la classe de corriger les fautes.
Répondre à un élève insolent
En utilisant du vocabulaire qu’il ne peut pas comprendre. « Tout ce que vous dîtes était tacite, et vos lapalissades ne sont que chronophages pour l’ensemble de vos coreligionnaires. »
Placer un gaucher et un droitier ensemble
Et regarder leurs coudes se percuter à chaque fin de ligne.
Dire que les résultats du contrôle sont un peu décevants
Alors que tout le monde a la moyenne.
Jouer aux mots fléchés pendant que les élèves triment sur un bac blanc
Et demander à Enzo d’arrêter de copier sans lever les yeux de la grille.
Projeter un film de fin d'année dans l'enthousiasme général
En prenant bien soin de choisir un film avec des acteurs morts et très peu de dialogues.
Rappeler à l'ordre un élève qui bavarde
En lui disant que c’est pas la champion’s league ici. Entendre les « Ouah le prof, il connaît MHD ! » comme si j’avais déchiffré les hiéroglyphes.
Récupérer la punition d'un élève
En disant : « Ah oui, merci, j’avais oublié » pour rendre la punition plus douloureuse.
Organiser les élections des délégués
Et écouter les élèves faire des discours en pensant que le délégué a du pouvoir.
Dire que les copies seront bientôt rendues
Alors que je sais pertinemment que je ne pourrai pas commencer à les corriger avant la semaine prochaine.
Pinailler sur la correction d'une copie
Pour mettre 9,5/20 et non pas 10 à l’élève.
Apprendre que la 5ème B est infernale avec la prof principale
Qui ne cesse de nous bassiner avec ses conseils pédagogiques en salle des profs.
Googler mes élèves qui font du rap
Et découvrir les dernières punchlines de Terreur nocturne (a.k.a Timothée, 12 ans) sur Youtube.
Jusqu’au bac, on a tendance à oublier que les profs vivent aussi en dehors de la salle de classe, qu’il ne s’agit pas d’apparitions fantomatiques cantonnées aux murs du lycée. C’est un peu la fin de l’enfance, tout ça. Sinon, pour en avoir plus :