Alors oui au sortir d’une défaite en finale de coupe du monde, étrange de se poser la question des plaisirs que nous amène le foot alors qu’on est en gueule de bois depuis le coup de sifflet final. Mais ca serait oublier tout ce que ce sport nous apporte au quotidien quand on l’aime profondément. 10 petits moments, parmi plein d’autres où, sur la durée, le sourire surpasse largement les pleurs causés par un ballon qui ne franchit pas la ligne.
Refaire un foot avec des pulls ou un survet en guise de poteaux
Un bon foot ne demande finalement pas grand chose. Simplement des ingrédients comme : des potes. Un terrain potable, qui peut aller d’un vrai petit terrain de hand à trois places vides sur un parking. Un ballon, pas trop gonflé. Des fringues pour faire les poteaux si y’a pas de buts. Un gars avec un peu moins de caractère qui acceptera d’aller dans les buts, une heure de rentrée qu’on dépassera de 15 minutes, par principe. Simple.
Refaire un album Panini à 35 ans
Vous prétextez l’acheter pour votre fils/neveu, mais c’est clairement pour vous. Vous lui expliquez les règles de base d’un album Panini, les traditions à respecter pour coller, l’importance des cartes en double pour les échanges, les cartes rares. Il fait n’importe quoi, se goure carrément de page et part faire autre chose au bout de 10 minutes. Vous vous en foutez, vous avez chopé la carte de Mbappé. En double en plus.
Se réjouir qu’il pleuve un dimanche parce qu'il y a 3 supers matchs à la télé
D’habitude il vous faut presque trouver des excuses pour rester à la maison. Le dimanche, “c’est fait pour sortir et découvrir” à ce qu’on dit. Oh vous seriez bien sorti sinon, “c’est trop bête chéri.e, je suis déçu.e” mais avouez que ça tombe plutôt pas mal avec ce match à 13h00, l’autre à 17h00 et le dernier à 21h00. Le dimanche c’est aussi fait pour passer d’un stade à l’autre sans bouger de son canap’.
Avoir une discussion sans fin pour savoir qui est vraiment le meilleur joueur du monde
Parce que oui ça compte de savoir qui de Pelé, Maradona, Messi, Ronaldo, Cruyff, Platini, Zidane et bientôt Mbappé est bien le meilleur joueur du monde, surtout à l’heure de l’apéro. Alors on sort les stats et les chips, les « évidemment », les “objectivement”, les “tu peux pas dire ça”, on fait appel aux souvenirs, à des vidéos incroyables que personne d’autre n’a vues et qui mettraient pourtant tout le monde d’accord. Mais on ne sera jamais d’accord, même avec soi-même d’une semaine à l’autre sur le sujet.
Avoir un maillot de foot tout neuf et le mettre pour aller à l'école
Vous en rêviez de ce maillot. C’est le même que porte tous les week-end votre joueur préféré. Alors forcément quand vous avez appris de la bouche de vos parents que “oui ça pourrait être une bonne idée de cadeau mais pour ton anniversaire”, vous avez compté les jours. Ce maillot tout neuf a dormi avec vous, vous lui avez fait une place à côté de vous sur le lit. Et le lendemain pour aller à l’école il a fallu batailler pour que vous acceptiez de mettre un manteau par-dessus cette nouvelle relique sacrée.
Découvrir des noms ronflants au mercato
La période préférée du footeux. L’ouverture du monde des possibles, le moment où on se réinvente, où on met tout à plat pour s’imaginer une nouvelle histoire. Pourtant au fond, on sait bien que tous ces noms, ce ne sont sans doute que des rumeurs, qu’on ne devrait pas trop y croire, mais on ne peut pas s’empêcher de penser que ça ferait quand même une équipe qui aurait de la gueule. Rêver ça ne coute pas cher. Moins cher que cet attaquant que votre club n’aura jamais les moyens de s’offrir.
Annoncer un but juste avant qu’il arrive
Une soirée foot un peu électrique, une tension palpable, vous brisez le silence en osant un énigmatique “merde, ça sent le but en contre”. 20 secondes plus tard, c’est le cas. Vos potes n’y croient pas, vous dites simplement faussement humble que « ça se voyait ». Vous les rassurez en leur disant “pas d’inquiétude, on va égaliser”. Et quand c’est le cas 15 minutes plus tard, vous devenez implicitement, automatiquement et officiellement LE stratège du groupe, celui qui sait, celui qui voit, le Pep Guardiola du salon.
Continuer le match une fois qu’il est fini avec les débriefs
Avant quand l’arbitre sifflait la fin du match, TF1 envoyait la pub et c’était terminé. Maintenant les debriefs télé et radio commencent. Et pour ça il faut : un animateur qui parle fort, des journalistes qui parlent encore plus fort et ne sont globalement pas d’accord, des anciens footballeurs qui rappelleront qu’eux ils ont joué au haut niveau. Et du bruit, beaucoup de bruit. Aujourd’hui après une victoire on veut prolonger la fête, et après une défaite on cherche à comprendre. C’est pour cette raison qu’à la question “tu viens te coucher ?” vous répondrez “j’arrive” mais que vous serez encore scotché là une heure plus tard.
Faire un petit pont
Peut-être que ça ne servira à rien, peut-être que vous avez même pris une bonne branlée. Mais vous, vous avez tenté et réussi un petit pont. Et les petits cris admiratifs qui ont suivi ce geste technique résonnent encore dans votre tête. Il n’y aura jamais de compiles de vos exploits sur Youtube, mais ce geste-là, le même que pouvait réaliser un Zidane ou un Messi, personne ne vous l’enlèvera.
Voir le club “ennemi” perdre en demi-finale. Ou en ¼. Enfin perdre déjà.
Quand on aime un club, il y en a toujours un qu’on déteste en miroir. On ne sait même plus trop pourquoi, si c’est historique, si ce sont les joueurs, le président, la localisation, le nom de la ville, mais on ne l’aime pas. À tel point que le voir échouer en demi-finale, le voir perdre dans les arrêts de jeu a toujours un petit goût particulier. Pas le même goût sucré que la victoire de votre propre club fétiche, mais un petit goût spécial quand même. “rhoo, on a perdu 3 points ce week-end. -”Ouais mais heureusement, eux aussi”. On a des plaisirs simples quand on aime le foot hein.
Se dire que ça pourrait être pire et qu'on pourrait être fan de cyclo-cross
Pas qu’on ait quelque chose contre les fans de cyclo-cross. Ils sont 2 et ils ont l’air heureux donc laissons les tranquilles. Mais en choisissant le foot, on choisit le sport le plus médiatisé, celui qui fait la Une des journaux tous les jours, celui qui est diffusé quotidiennement à la télé si on a besoin de sa dose, celui qui donne la possibilité de vivre sa passion jusqu’à l’excès. Et puis quand même, à bien y réfléchir, le cyclo-cross, ça a l’air vachement dur. Et vous n’aimez pas vous épiler les jambes.
On vous souhaite à vous aussi tout le bonheur du monde en jouant, regardant, échangeant, vociférant, éclatant de joie grâce au football. Dans la vie il y a les choses graves et les choses importantes. Quand on aime le foot comme on l’aime, on peut avoir un peu trop tendance à le considérer comme une chose grave. On espère que ce livre vous rappellera que ce n’est pas le cas.