Nombreux sont ceux qui souhaitent inscrire leur nom dans l’Histoire, ceux qui voudraient, à l’avenir, voir des rues arborer leur patronyme et des gymnases municipaux glorifier leurs grandes oeuvres. Mais d’autres n’ont pas la même intention, soit qu’on leur impose de cacher leur identité, soit qu’ils choisissent de demeurer anonymes. A chaque fois, des histoires de dingue, il faut bien le dire.
L'homme au masque de fer
Le 19 novembre 1703, un prisonnier embastillé meurt. Il est incarcéré depuis 34 ans et porte un masque. L’acte de décès mentionne clairement que son nom est inconnu et qu’il porte sur le visage un masque de velours noir. Des témoignages postérieurs indiquent qu’à la mort du prisonnier, tous ses habits ont été brûlés, sa cellule blanchie à la chaux et tout le toutim, comme pour faire disparaître toute trace éventuelle pouvant conduire à l’établissement de son identité. Ce prisonnier était arrivé à la Bastille en même temps que le nouveau gouverneur de la prison, M. de Saint-Mars, et avait suivi ce dernier dans toutes les prisons dont il s’était occupé.
Les pistes pour déterminer l’identité dudit sont nombreuses : frère jumeau de Louis XIV ? Henri II de Guise ? Un amant de la reine ? Un fils du roi né hors mariage ? Bref, on n’a jamais pu l’établir et on pense que Louis XV était le dernier roi de France à connaître la clé de l’énigme.
Lady Babushka
Présente sur les photos immortalisant l’assassinat de Kennedy à Dallas en novembre 63, Lady Babushka, telle qu’elle a été surnommée par la presse, n’a jamais été retrouvée. Munie d’un appareil, elle aurait pu filmer la scène d’un autre point de vue que sur le film archi-connu, ce qui aurait pu être très valorisable pour l’enquête. Sur un des films moins connus, elle apparaît debout après les tirs, quand tous les témoins se jettent au sol. Sa caméra cachant son visage, elle n’a jamais été identifiée et semble avoir fui la scène de crime tranquillement. Elle ne s’est jamais fait connaître des autorités et son rôle a été la proie de tous les fantasmes. Serait-elle le deuxième tireur ?
L'homme de Somerton
En décembre 1948, on a retrouvé le cadavre d’un sosie de Harvey Keitel à Somerton, non loin d’Adélaïde, en Australie. Dans sa poche, un morceau de page arrachée indiquant « Taman Shud », ce qui signifie « la fin » en persan. Quelques jours plus tard, un homme se présente aux autorités : il a trouvé dans sa bagnole dont la vitre était restée ouverte un drôle d’ouvrage : la dernière page a été arrachée et le morceau de papier retrouvé sur le cadavre correspond bien à l’exemplaire. Sur le livre on retrouve un drôle de code qui ne sera jamais déchiffré. Quant à l’identité de l’homme, la police n’est jamais parvenue à l’établir.
L'Homme de Tian'anmen
L’image est archi connue. Un jeune Chinois se dresse seul face aux chars sur la place Tiananmen, en juin 1989. La révolte étudiante sera matée dans le sang et on ne saura jamais qui était et ce qu’il est advenu de cet homme : a-t-il été arrêté peu après la manifestation et exécuté, comme le pensent certains historiens ou s’est-il réfugié à Taïwan, comme semblent le penser des journalistes taïwanais ?
Le Falling Man
Encore une des images les plus connues du monde, celle d’un homme se jetant du haut d’une des tours du World Trade Center juste après que celle-ci a été percutée par l’un des avions terroristes. Pourtant, on n’a jamais pu identifier qui était cet homme dont le désespoir a marqué les esprits et rendu plus humain et réel encore le drame vécu par les Etats-Unis ce jour-là. Il s’agit de la seule image montrant clairement un mort du World Trade Center.
La Femme étrangère
A Alexandria, en Virginie, on trouve une drôle de tombe, abritant, selon ce qui y est écrit « La femme étrangère ». Son épitaphe est un long poème en anglais et son identité a été le sujet de nombreuses péroraisons. Selon la légende, il s’agirait d’une femme malade récupérée par un bateau et débarquée en canot pour aller se soigner à Alexandria qui aurait fait promettre aux médecins de conserver le silence sur son identité. Elle serait morte en 1816. Il s’agit désormais d’une curiosité locale.
Victor de l'Aveyron
1790-1828. Voilà ce que l’on sait de la vie de celui qu’on a surnommé Victor de l’Aveyron, un enfant sauvage victime de mauvais traitements dans son enfant et même d’une tentative d’homicide venu se réfugier dans l’Aveyron, donc, où les habitants des différents villages lui offraient à manger, à boire et parfois un peu de chaleur. La science moderne estime que l’enfant était autiste et a probablement été abandonné par sa famille : de celle-ci, on n’a jamais rien su et de sa vraie identité non plus. Il sera amené à Paris et confié aux bons soins du docteur Itard qui ne parviendra pas à le réinsérer ou à lui apprendre à parler. Cet épisode a donné naissance au film de Truffaut l’Enfant sauvage.
Le Philadelphia Wireman
En 1982, un étudiant trouve un carton dans une rue de Philadelphie, rempli d’environ 1200 sculptures en fil de fer. Il se met en quête de retrouver l’auteur des oeuvres mais n’y parvient absolument pas. Par déduction, les spécialistes se disent que l’auteur devait être afro-américain en raison de leur proximité avec l’art africain et du quartier où elles ont été découvertes. Les oeuvres sont finalement confiées à une galerie qui organise une première exposition en 1985. Par la suite, de nombreuses expositions du Philadelphia Wireman sont organisées sur le sol américain mais également en Europe.
Kaspar Hauser
On ne saura probablement jamais s’il s’agissait d’un escroc ou non. En 1828, Hauser apparaît totalement dégingandé sur la place de Nuremberg avec à la main une lettre le recommandant à un officier : c’est que sa mère, qui l’a abandonné, assure que son père était un membre d’un escadron de chevaux-légers et qu’il faut donc le reconduire là-bas. Hauser devient très vite une curiosité : on ignore tout sur ses origines. Hauser est propre, parle très mal mais sait écrire son nom. Les autorités s’en mêlent : avec son air altier, il pourrait tout à fait être un enfant déchu d’une grande famille. Le voilà hébergé chez un professeur de philosophie pour apprendre à lire et écrire, tandis que les journaux allemands le surnomment « l’orphelin de l’Europe. » Plus troublant, Hauser est victime de plusieurs tentatives d’assassinat, mais certaines semblent montées de toute pièce. Certains pensent même que Hauser pourrait être le fils de Stéphanie de Beauharnais, la soeur de l’Impératrice Joséphine. Bref : toujours est-il que Hauser meurt dans des circonstances troubles dans un parc, la nuit, prétendument tué par un inconnu qui en voulait à sa bourse. Pour autant, le médecin estime qu’il s’est infligé lui-même sa blessure.
Le Leatherman
Entre 1860 et 1889, un homme se promenait dans le Nord de la Nouvelle-Angleterre, aux Etats-Unis. Ce vagabond avait été surnommé « the Leatherman », l’homme de cuir, car il portait de drôles d’habits en cuir. Il effectuait sans cesse des parcours traversant le Connecticut et l’Etat de New York sans que l’on sache pourquoi et les voyageurs qui le croisaient s’habituaient à sa présence. The Leatherman parle français mais pas anglais, il ne demande pas d’argent, ne veut pas de travail, mais accepte nourriture et tabac. Le Leatherman dort dans des cavernes qu’il connaît et aménage. Ses parcours sont millimétrés comme du papier millimétré et sa personnalité intrigue la presse qui en fait un personnage. L’homme ne révèle rien sur ses origines ni sur son identité. On le retrouvera mort en 1889 dans une de ses cavernes.