Les gens sont contents d’avoir tort en groupe. Ils n’ont rien de plus pressé que de se ranger le plus vite possible à l’avis dominant pour isoler ceux qui ne pensent pas selon la loi majoritaire. La majorité ne pense pas, elle suit ; si les gens avaient des idées par eux-mêmes plus souvent qu’une fois par décennie, ça se saurait. Toujours est-il que face à cette adversité bébête, il faut parfois prendre le taureau par les cornes et se débrouiller tout seul pour prouver qu’on a raison. C’est comme ça qu’on fait l’Histoire, que voulez-vous ?
Jonas Salk
L’inventeur du vaccin contre la polio n’était pas la moitié d’un con. Et comme il était en plus pas la moitié d’un mec qui a de la suite dans les idées, il a pris la décision d’accélérer le processus d’homologation du vaccin en testant son efficacité sur lui-même, afin d’avoir un impact rapide et efficace sur la propagation de la maladie qui décimait les enfants. Salk est également l’un des tous premiers scientifiques à avoir réussi à mettre au point un vaccin contre un virus. Par ailleurs, il n’a pas breveté le vaccin parce qu’il était généreux et beau et on t’aime, Jonas.
Elisha Otis
En 1853, l’ascenseur existait déjà mais lorsque l’un des câbles coupait, c’en était fini des personnes qui souhaitaient simplement monter ou descendre. Elisha Otis (qui fondera la compagnie du même nom) a alors l’idée de créer ce qu’il nomme « le parachute », un dispositif permettant d’éviter la chute de l’ascenseur en cas de rupture de câble. Lors de l’exposition universelle de 1853, il demande expressément à ce qu’on coupe à la hache le seul câble retenant la plateforme sur laquelle il se tient, afin de faire la démonstration de l’efficacité du procédé. Et ça marche.
John Snow (himself)
Figurez-vous qu’avant de perdre son h et d’avoir une queen, John Snow était un médecin anglais qui a bossé sur les manières d’endiguer les épidémies de choléra. Alors que la maladie se propageait justement dans Soho, Snow était persuadé que le choléra transitait de maison en maison via les systèmes d’acheminement des eaux. Tout le monde trouvait ça con, mais Snow est allé au bout de la démarche en cassant le château d’eau du coin qu’il soupçonnait d’être infecté. Cela lui a valu une arrestation pour vandalisme – avant que l’épidémie ne s’arrête. Ce n’est qu’au début du XIX°, 50 ans après ses recherches, que Snow gagnera la respectabilité qui lui est due au sein du corps médical.
Léo Major
Léo Major est un soldat canadien devenu une sorte de légende de la Seconde Guerre mondiale. Entre le 30 et 31 octobre 1944, il a libéré un village à lui tout seul dans le Sud des Pays-Bas. Pendant la bataille de l’Escaut, il est envoyé en reconnaissance pour retrouver la trace de 50 soldats anglais disparus dans l’après-midi. Il repère alors deux sentinelles allemandes, en tue une et capture l’autre, dont il se sert pour amadouer le reste de l’unité qui occupe le village. Il abat trois autres soldats puis obtient la reddition du commandant. Tout seul, il est donc parvenu à foutre à l’amende 93 soldats allemands et à les faire prisonnier pour les ramener vers le détachement canadien. Et c’est là que c’est encore plus génial : sur le chemin vers les siens, Major croise un bataillon d’artillerie nazi qui le canarde. Mais il n’abandonne pas ses prisonniers et les ramène jusqu’à la base canadienne malgré le feu ennemi.
Catherine de Russie
Catherine II n’avait aucune envie de devenir femme de tsar, et encore moins de vivre en Russie, et encore moins de se taper Pierre III, qu’elle jugeait stupide, cruel et incapable. Après le mariage, Catoche n’était pas contente. Et si elle n’avait aucune envie de devenir femme de tsar, elle était tout à fait disposée à devenir tsarine elle-même : six mois plus tard, elle a donc monté un putsch contre son mari et a pris le pouvoir en installant son fils sur le trône. Catherine II de Russie n’est pas la moitié d’une conne. C’est même l’une des figures les plus connues de la Russie impériale, grande protectrice des Arts et impératrice tout pouvoir entre 1762 et 1796. Comme quoi on n’est jamais mieux servi que par soi-même (sauf pour le sexe, parce que Catherine II faisait partie des rois et reines qui étaient obsédés par le sexe et ramenait tout le temps des mecs dans son lit).
Thor Heyerdahl
Anthropologue de renom, Thor Heyerdahl avait une théorie et pas n’importe quelle théorie : la Polynésie n’avait pas été peuplée par des individus venus du continent asiatique, mais d’Amérique du Sud. Tout le monde se foutait de lui. Du coup, il a décidé de prouver qu’il était possible, avec les moyens disponibles il y a des milliers d’années, de traverser l’océan pour rallier la Polynésie. Il s’est donc fabriqué un bateau en tout point semblable à ce qu’on savait des navires utilisés à cette époque ; un bateau avec lequel il est parti du port de Callao au Pérou pour rallier les îles polynésiennes après un voyage de 3 mois. Il a publié un bouquin racontant son expédition et a connu un immense succès. Ce qui n’a pas empêché les scientifiques de continuer à douter de sa théorie.
Joan Pujol Garcia
Garcia était un anti-nazi qui voulait profiter de ses relations pour infiltrer les milieux nazis pendant la Seconde Guerre. Il a donc offert ses services aux alliés, et notamment aux britanniques, mais ceux-ci n’ont pas donné suite à ses propositions. Du coup, Garcia a décidé de créer sa propre petite entreprise d’espionnage en se faisant passer pour un dignitaire franquiste et en parvenant à se faire recruter par l’Abwehr, le service secret militaire allemand. Le tout dans le seul et unique but de pouvoir aller revoir les Anglais en disant « hello, je suis un agent allemand maintenant, vous n’êtes toujours pas intéressés ? » Envoyé en Angleterre par les nazis pour recruter des agents, Garcia a mis au point une sorte de gigantesque arnaque en inventant des agents doubles sur place et en convainquant les Alliés de le laisser désinformer l’Allemagne. C’est ainsi qu’il a joué un rôle prépondérant dans les opérations de désinformation visant à faire croire aux nazis que les Américains ne débarqueraient pas le 6 juin en Normandie mais 15 jours plus tard dans le Pas-de-Calais, désinformation ayant permis d’alléger les défenses allemandes et de faciliter la réussite du débarquement.
Alain Bombard
Docteur en médecine et chercheur en océanographie, Alain Bombard souhaitait prouver (ne me demandez pas pourquoi) qu’il était possible de survivre en haute mer en bouffant uniquement du plancton et de l’eau de mer. Il embarque donc seul en 1952, à 28 ans, à bord de l’Hérétique, un canot pneumatique sans vivres ni eau et traverse l’Atlantique entre Las Palmas et la Barbade. Et il s’en tire, le mec, il s’en tire avec une bonne hospitalisation et beaucoup de fatigue, mais il s’en tire et publie un livre, Naufragé volontaire, dans lequel il retrace cette aventure.
On n’est jamais mieux servi que par soi-même.
Via : Reddit