Si vous avez été contraint de prendre votre bagnole ce matin, de vous agglutiner sur les routes ou carrément de renoncer à sortir en raison du "mouvement social" de la SNCF, et si en plus vous avez analysé les revendications des grévistes comme "Noël approche, on a besoin d'aller faire du shopping", vous devez bien avoir les nerfs et penser qu'il n'y a que dans notre pays qu'on a un service de train aussi moisi. Et pourtant, pour ne pas hurler avec la meute, il est bon de rappeler que certains pays aimeraient bien avoir pour seul souci les caprices des syndicats du rail. Un coup d’œil chez nos voisins, proches ou plus lointains, devrait nous permettre de relativiser nos petits soucis.
- Chine : l'Empire du milieu s'est lancée dans la grande aventure du train à grande vitesse. Quelques jours après le lancement en grande pompe de la ligne Pékin-Shanghai le jour de la Fête Nationale, un accident survient près de Wenzhou. 39 morts et 200 blessés, les autorités décident de réduire la vitesse de 50km/h sur les les principales lignes et de s'organiser un peu avant de multiplier les lignes.
- Royaume-Uni : une réforme en 1994 ouvre le réseau le plus vieux du monde à la concurrence et un bilan brillant : 14 accidents sérieux et plus de 84 morts. Mais le libéralisme n'est pas le seul coupable, les années 1980 ont été une belle boucherie aussi avec une dizaine d'accidents mortels.
- Corée du Nord : si le Cher Leader Kim Jong Il a pris l'habitude de se promener en toute sécurité avec trois trains pour éviter les attentats, tout le réseau nord-coréen ne bénéficie pas des mêmes mesures de sécurité. En avril 2004, l'explosion d’un train de marchandises fait plus de 160 morts et plus de 1000 blessés. Oui, un train de marchandises, pas de passagers.
- Iran : en 2004, un train déraille avec deux ou trois trucs inflammables à son bord : 7 wagons de soufre, 6 de pétrole, 7 d'engrais et 10 de laine de coton. 300 morts et les maisons voisines ravagées, pas très encourageant pour le fret.
- Egypte : les trains surchargés au double de leur capacité, c'est inconfortable. Surtout quand un incendie se déclare. La catastrophe ferroviaire d’El Ayatt en 2004 fait 373 morts.
- Inde : le pays s'est spécialisé à la fin des années 1990 dans les collisions de train, en général copieusement chargés. Plusieurs centaines de victimes à chaque fois.
- Grèce : peu d'accidents en Grèce, mais avec un réseau de moins de 2500 km, les probabilités de dérailler sont moindre. Peu de trains, ça veut souvent dire peu de places assises et la nécessité de réserver plusieurs mois à l'avance. La crise financière a par ailleurs conduit à la fermeture d'une partie des lignes internationales et à la mise en vente du réseau. La Chine est sur le coup. On est bien.
- Jamaïque : encore mois d'accident, et pour cause, le réseau a interrompu ses activité entre 1992 et 2011 en raison du coût du service, coût accru par le passage destructeur d'un ouragan dans les années 1980. Il y a des pays dans lesquels le réseau est peu fiable, en Jamaïque il est inexistant.
- Japon : un service de qualité, moderne, rapide, soigné. Mais tout ce bonheur a un prix, et voyager au Japon coûte un bras : à titre de comparaison, le Japan Rail Pass permettant des voyages illimités coûte 274 euros. L'équivalent pour 30 pays européens coûte 10 euros de moins. Ajoutez à ça le choc psychologique lors de l'annonce d'un prix en yen "COMBIEN???? 28 300 en seconde classe??? Mais prenez tout mon sang pour aller plus vite!"
- Sri-Lanka : on ne peut pas reprocher grand-chose à la régie sri-lankaise des transports ferroviaires, outre un vrai manque de bol. ce 26 décembre 2004, le train côtier entre Colombo et Galle est bien chargé en raison de Noël et d'une fête bouddhiste. C'est sur le trajet de ce train que le tsunami a réservé sa plus belle vague. Au moins 1700 morts, record du monde pulvérisé.
Et pour vous, ça se passe bien ce changement d'horaires?