On est vraiment des porcs. Si, si on est crades. Comme en témoigne les pièces à conviction qui nichent nos appartements de-ci de-là. Le problème c’est pas tant de faire le ménage, ni de ranger. Non. C’est bien plus vicieux que ça. Je vous parle de ces objets du quotidien qu’on a décidé sciemment de laisser agoniser dans un coin de notre conscience.

Ce sachet de thé que tu laisses sécher depuis deux semaines dans un cendrier

Aura-t-il encore les épaules d’être un jour infusé à nouveau ?

Cette banane qui pourrit depuis plusieurs jours dans le fond de ton sac

Parce que comme elle est devenue totalement noire au bout de 3 minutes dans ton sac, elle est tout de suite devenue moins appétissante et a donc été reléguée à l’abandon.

Ce tupperware de gratin qui bouge seul dans ton frigo depuis huit semaines

Un peu à la façon de la théorie du chat de Schrödinger, tant que tu ne l’ouvres pas c’est comme s’il n’existait pas.

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

Cette pile de tickets de caisse que tu gardes précieusement dans le fond de ton tiroir

Au cas où un jour tu en aurais besoin comme alibi pour la police.

La carte d'abonnement à la photocopieuse perdue dans ton porte-feuille depuis 2003

Avec 15 € de crédit dessus alors que tu as fait une seule photocopie.

Tes cartes de fidélité d'un magasin où tu es allé-e une fois

Une carte qui t’avait même coûté 5 € ce qui semblait vachement rentable à l’époque pour bénéficier de 5 % de réduction pendant les trois prochaines semaines.

Les ampoules mortes que tu stockes dans un tiroir parce que tu sais qu'au Inter ils ont une benne spéciale "ampoule"

OK ça fait 3 ans que tu oublies mais tu ne jetteras pas l’ampoule. Question d’honneur.

Ce bouquet de piles que tu laisses fondre dans un ramequin

Tu sais juste qu’il faut pas les jeter à la poubelle. Mais ta compréhension du monde s’arrête là.

Les déchets qui vont dans la poubelle de tri que tu ne jettes pas parce que tu ne sais pas où est la poubelle de tri

Quand tu es écolo mais qu’à moitié.

Ce jean dont tu ne sais plus de quand date le dernier lavage mais que tu laisses plié dignement sur le dossier de ta chaise

Jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Cette chaussette qui amasse la poussière sous ton lit et dont tu ne préfères pas parler...

L’autre jour tu as encore croisé son regard avant de partir vite de chez toi, honteux-se.

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

Cette ordonnance pour des Doliprane que tu oublies chaque fois que tu vas à la pharmacie mais que tu gardes précieusement pour pas payer la prochaine fois

En même temps ça change pas grand chose puisque tu n’as ni sécurité sociale, ni mutuelle.

Cette clémentine qui trône dans ta cuisine depuis six mois et que tu attends de voir se décomposer lentement

Et comme au bout de six mois, elle a l’air de se porter anormalement bien, tu commences à envisager de te mettre au bio.

Cette bouteille de shampoing vide qui reste vaillante dans le bac à douche

Et autour de laquelle s’amasse la crasse cumulée de tes douches jour après jour.

Ce carnet censé servir à noter tes idées de romans

Sauf qu’il n’est ni rempli à ras-bord ce qui servirait de raison pour le jeter, ni totalement vierge parce que tu as gribouillé sur les deux première pages ce qui en a enlevé tout le caractère attractif.

Ces quelques pièces cuivrées qui constituent ta tirelire mais qui ne serviront jamais à rien

Parce que tu n’as jamais eu le courage de payer ta baguette avec des pièces de 1 centime, faible que tu es.

Ce magazine au pied de tes toilettes qui date de 2010

Tu le connais déjà par cœur mais tu le laisses là au cas où ça intéresserait des invités qui viendraient faire caca chez toi.

Ce vieux Nokia 3210 que tu n'as pas jeté depuis 15 ans et que tu gardes toujours au cas où tu aurais besoin d'un portable de dépannage

Il dort avec les 8 autres portables dans une zone sûre.

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Il n'a pas souffert, promis

Tu es un tortionnaire du quotidien, mon vieux.