Alors que l’Académie Française va enfin adopter la féminisation des noms de métiers, l’ouvrage de Jean Pruvost « Le secret des mots » nous raconte justement l’histoire des mots (« mot » viendrait lui-même d’un grognement « meuh’), les mots qui ont disparu, ceux qu’on a mis de côté au profit d’autres dialectes, les mots féminins qui ne connaissent pas de masculin (on dit « une gazelle » ou « une autruche » alors qu’on dit « un chat » et « une chatte »), les mots masculins pour lesquels personne ne s’est battu pour en adopter la féminisation (« assassin », « escroc », « oppresseur » etc.), et puis les mots qui ont changé de genre que nous allons explorer ci-dessous.
"Une squelette"
La formulation féminine était en vogue au XVIIème siècle et s’explique certainement par la finalité féminine du mot en « -ette ».
"Une poison"
Genre féminin employé jusqu’au XIXème siècle, Emile Zola écrivait ainsi dans Les Rougon-Macquart « Dame ! du beurre à vingt-deux sous, ça ne pouvait être que de la poison ». Quel boloss ce Zola il savait vraiment pas écrire.
"Un affaire"
De genre masculin dans l’ancien français, la première occurrence du mot au féminin date du XVème siècle. Il faut savoir toutefois que le mot est toujours employé au masculin dans la langue italienne et cela s’explique parce qu’à l’origine c’est un infinitif. Difficile toutefois de savoir comment et pourquoi le mot s’est féminisé.
"Un automobile"
On utilisait ce genre masculin encore en 1905 rendez-vous compte ! Il faudra attendre 1920 pour voir le début de la féminisation du mot !
Un steppe
Issu du russe « step », on trouve des traces de genre masculin de l’actuelle steppe au début du XXème siècle.
Un comète
Il nous suffit de jeter un œil dans le Mercure de France, une revue française du XVIIème siècle, pour trouver des expressions comme « ces affreux comètes ». Et puis le mot s’est féminisé là encore il est possible que ce soit dû à la finalité en « -ète » (un peu l’inverse de l’histoire du mot « squelette »).
Un dent
Imaginez-vous qu’au XVIème siècle on pouvait dire par exemple « j’ai un dent contre ce FDP ». La dent s’est ainsi féminisée. En même temps, on avait déjà le chicot au masculin donc inutile de garder deux synonymes du même genre. Bah ouais.
Le dette
Le mot a varié de genre. D’abord masculin parce que le mot est issu d’un infinitif, sa terminaison en « -ette » a une nouvelle fois eu raison de son origine étymologique pour en faire définitivement un mot féminin. Mais qu’on parle d’un dette ou d’une dette ça fait toujours bien chier.
Une éventaille
Ouais OK. N’importe quoi le langue française.
Le date
Et heureusement qu’on a pensé à féminiser ce mot parce que sinon on aurait jamais pu faire la contre-pétrie « je vous laisse le choix dans la date » et la vie aurait été beaucoup plus triste.
Et je vais vous en boucher un coin avec cette info OUF : le mot nombril vient de « un ombril » (même racine étymologique que « ombilical ») et par extension on a gardé « un nombril ». Voilà je pose ça là, moi perso ça me fera la décennie.
Tout ça pour dire que les mots changent au fil de l’histoire et qu’il n’y a rien d’anormal à cela. Youpi.
Source : France Inter