Si on vous a déjà parlé des prononciations de mots selon les régions, aujourd’hui on va plutôt aborder un autre point qui fait la beauté de la langue française : les mots qui changent carrément de sens selon les endroits du territoire où on les prononce. Imaginez, si, quand on disait « pomme » à Lille, ça désignait en fait une poire à Marseille, ça serait dingue ? Ben avec les mots de ce top, on en est pas loin.
Un "collègue" dans le Sud, c'est un pote
On commence avec un exemple bien connu pour pas trop se cramer le cerveau. Si vous habitez dans la grosse moitié Nord de la France, vous avez forcément été surpris un jour d’entendre quelqu’un avec l’accent du Sud vous sortir qu’il est allé s’éclater en boîte avec ses collègues. Par-là, il ne voulait pas dire qu’il était allé danser avec Hervé de la compta, mais qu’il était sorti avec ses potes. Ses copains. Le sang, quoi. Après, s’il est hyper pote avec Hervé, ça marche aussi.
Un "drôle" dans le Poitou, c'est un enfant
Si vous mettez un jour les pieds dans le Poitou, ben déjà bon courage (oh ça va je rigole), mais aussi faites attention quand on vous parlera de « drôles ». Ici, rien à voir avec quelqu’un de fun ou de désopilant, non non. Un drôle, dans le Poitou, c’est un enfant. Un jeune humain avec des petits bras et des petites jambes.
"Brin" dans le Nord, c'est de la merde
Oui, littéralement de la merde. Des excréments quoi. Quand, partout en France, un « brin » signifie une fine tige, comme un brin d’herbe, le Nord peut dire « du brin » pour parler de défécations. Après, les Nordistes connaissent aussi les « brins » d’herbes, ils ne sont pas complètement teubés non plus. La preuve, j’en suis un.
Une "gâche" à Lyon, c'est une place
Une « gâche » c’est une brioche un peu partout en France, mais vers Lyon c’est une place. On pourrait par exemple demander à son copain (ou collègue) Jean-Mich’ : « Garde-moi une gâche à côté de toi stp, je vais garer la Xantia et j’arrive ! » Et comme Jean-Mich’ est serviable, il dira oui.
Les "vogues" dans la région Rhône-Alpes, c'est des fêtes foraines
Plus précisément des fêtes foraines qui ont lieu à Saint-Etienne ou à Lyon. Rien à voir avec le magazine, les cigarettes fines ou l’expression « en vogue », donc. Mais ne vous inquiétez pas, vous n’aurez pas souvent affaire à ce mot dans votre vie. Sauf si vous allez faire les vogues en Rhône-Alpes, mais là vous le cherchez un peu.
Une "bâche" c'est une serpillère en Champagne
Sur tout le territoire français, quand vous parlez d’une « bâche », on pensera à une grande toile imperméable qui permet de protéger des trucs de la pluie. Mais pas en Champagne. Chez ces buveurs de vin pétillant, ça désigne avant tout une serpillère. Alors pourquoi ne pas dire « serpillère » comme tout le monde ? Ben parce qu’ils font ce qu’ils veulent. Et vous n’aurez pas leur liberté de penser.
Vous le savez déjà, mais une "poche" dans le Sud-Ouest de la France, c'est un sac
Oui, pas n’importe quel sac : on parle des sacs pour faire les courses, en plastique ou en papier. Et après tout, pourquoi pas. Le seul truc énervant, c’est quand un Parisien qui a vécu 6 mois à Toulouse décide, une fois revenu à la capitale, de dire « poche » pour bien montrer à tout le monde qu’il connaît super bien le Sud. Insupportable.
"Débaucher" dans l'Ouest, c'est finir sa journée de travail
Nous, quand on parlera de débaucher quelqu’un, on voudra dire qu’on le dévergonde ou alors qu’on lui fait quitter son taf pour qu’il vienne bosser chez nous. Mais dans l’Ouest de la France, débaucher, c’est arrêter sa journée de travail. Et embaucher, c’est la commencer. Honnêtement, on s’y fait vite et y’a pas de quoi fouetter un chat. Surtout que c’est pas sympa de fouetter un chat.
Un "escargot" dans l'Est, c'est un pain au raisin
Rassurez-vous, nos amis les Alsaciens savent très bien qu’un escargot est un animal, mais comme le pain au raisin prend la forme de la coquille du gastéropode, ils ont décidé d’appeler la viennoiserie « escargot ». C’est toujours mieux que ces quelques bourgades bretonnes qui appellent le pain au raisin une « alsacienne ». Ils n’ont vraiment rien compris eux.
Les Bretons disent "envoyer" pour dire emmener ou apporter
Vous ne comprenez pas ? Alors voilà un exemple. Si un Breton vous dit : « Nico a oublié son sac, je vais lui envoyer. » déjà vous lui demanderez : « Mais pourquoi tu me dis ça ? J’en ai rien à foutre. », et en plus vous vous direz : « Mais pourquoi il veut lui envoyer son sac, il peut pas juste lui apporter ? » EH OUI, la nuance est là. Pour un Breton, « envoyer » peut signifier « apporter ». Mais pas que. Ça peut aussi vouloir dire « emmener ». Genre, « J’ai envoyé les enfants à l’école ». Vous l’avez ? Ils nous compliquent bien la vie ces Bretons quand même.
"Avoir du goût" en Bretagne veut dire se marrer, passer du bon temps
Avoir du goût, en temps normal, c’est aimer les belles choses, apprécier les bonnes choses, (ce qui est tout à fait subjectif, vous en conviendrez). En Bretagne, « avoir du goût » c’est aussi « s’amuser ». Et comme vous aimez bien les exemples, en voici un : « T’as eu du goût chez Gwendal hier soir ? » Oui, tous les Bretons s’appellent Gwendal, vous ne le saviez pas ?
(Bonus) Chez nos amis du Québec
Si on connaît tous le classique « gosse » qui veut dire « couille » par chez eux, ou le « char » qui signifie « voiture », il y a d’autres petits changements à connaître. Par exemple, là-bas, les « foufounes » ne sont plus des teu-cha, mais des paires de fesses. Ça reste dans la même zone mais c’est pas tout à fait pareil.
Si ces trucs de mots et de régions c’est votre kiff, allez voir les régionalismes linguistiques, les expressions bretonnes et les expressions lilloises.