1 crime sur 3 n’est jamais résolu aux États-Unis. Voilà pour les stats. Dans les faits, il y a des histoires plutôt macabres, comme aurait dit Christophe Hondelatte en son temps. Tueurs en série qui courent toujours ou assassinats médiatiques, meurtres de masse ou one shot, ces affaires deviennent fascinantes précisément parce qu’elles ne sont pas élucidées. Même si ça fait froid dans le dos.
Le Dahlia noir
Ainsi surnommée par les journaux en raison de sa chevelure abondante, noire comme le jais et décorée d’un dahlia, Elizabeth Short a été retrouvée coupée en deux et mutilée à l’extrême le 15 janvier 1947 dans un terrain vague de Los Angeles. La jeune fille de 22 ans s’était installée à Los Angeles avec comme objectif de devenir une actrice à Hollywood. L’affaire a fait la Une de la presse pendant des mois, d’autant qu’elle semblait tout droit tirée du Dahlia bleu film noir très populaire sorti quelques semaines avant le meurtre. La police n’a jamais retrouvé le coupable, en dépit de la cinquantaine de personnes qui se sont spontanément accusée du crime. On sait simplement que le corps n’a pas été tué sur place mais déplacé vers le terrain vague.
L’affaire a passionné les enquêteurs. James Ellroy, dont on verra plus tard qu’il avait un lien spécial avec les affaires de meurtres de femmes, a publié un roman qui lui est dédié, adapté (et raté) par la suite par de Palma au cinéma. Plusieurs journalistes et détectives se sont fait fort de rouvrir l’enquête plus de 50 ans après les faits. La thèse la plus probante est celle du Français Stéphane Bourgouin qui affirme que le meurtre d’Elizabeth Short est à mettre au crédit de Jack Anderson Wilson, un tueur en série surnommé le boucher de Cleveland, qui se trouvait à Los Angeles au moment des faits.
Le tueur du Zodiaque
Meurtrier d’au moins 5 personnes à San Francisco, revendiquant pour sa part 37 assassinats, le tueur du Zodiaque est l’une des figures les plus mystérieuses de l’histoire criminelle américaine. À la fin des années 60, le tueur avait en effet pour habitude d’envoyer à la presse des lettres cryptées avant ou après chacun de ses crimes. La dernière lettre signée du Zodiaque reçue par les autorités date de 1978, ce qui laisse entendre que le tueur a pu continuer sa série meurtrière au cours des années 70 sans être directement associé aux crimes qu’il commettait. 2500 suspects ont été interrogés, sans succès. La piste la plus sérieuse, celle d’Arthur Leigh Allen, a finalement tourné court faute de preuves tangibles. On pense que le tueur a probablement été épaulé par des imitateurs qui se sont revendiqués de son identité. À ce jour, aucune piste sérieuse ne permet d’incriminer un suspect plutôt qu’un autre, mais l’affaire a été largement reprise dans la culture populaire, depuis L’inspecteur Harry jusqu’au film Zodiac, réalisé par David Fincher.
L'homme à la hache de la Nouvelle-Orléans
1918 à la Nouvelle-Orléans. Une série de crimes dans lesquels les victimes sont assassinées à la hache chez eux agite la presse. Très rapidement, le tueur prend le surnom d’Axeman, l’homme à la hache. Étonnamment, aucune des victimes n’est volée et seul le meurtre semble intéresser le coupable. La majorité des victimes de l’Axeman sont d’origine italienne, et la presse se met à spéculer sur des règlements de compte mafieux. Les théories sur les motivations du tueur ont fait florès : était-il raciste envers les Italiens ? Souhaitait-il simplement tuer des femmes pour des motifs sexuels, auquel cas les hommes tués n’étaient que des victimes collatérales ?
La plus débile voudrait que l’Axeman ait cherché à promouvoir le jazz en assassinant des personnes qui n’en écoutaient pas : c’est qu’il avait envoyé une lettre en ce sens aux médias, annonçant un meurtre pour le 10 mars 1919 et qu’il épargnerait toutes les personnes qui serait en train d’écouter du jazz. Un bon coup de com’ pour les boîtes de jazz.
Au total, le nombre de victimes du tueur se porte à 12. La police n’a jamais eu la moindre piste sur l’identité du tueur.
William Desmond Taylor
William Desmond Taylor était un réalisateur de films muets extrêmement célèbre. Il a été retrouvé mort chez lui à Los Angeles en 1922, assassiné d’une balle dans le dos. Taylor avait sur lui pas mal de liquide et un diamant qui n’avaient conséquemment pas été dérobés. Les suspects ont défilé : on soupçonna son nouveau majordome, le majordome qu’il avait renvoyé et sa petite amie, une star de cinéma en vue. Bien des années plus tard, en 1964, une ancienne actrice de seconde zone, Margaret Gibson, confessa le crime sur son lit de mort. Mais il n’est pas du tout évident d’y donner foi et le meurtre du réalisateur demeure non élucidé.
Le Cleveland Torso Murderer
Aussi surnommé le Boucher fou de Kingsbury Run, le Torso murderer a sévi à Cleveland entre 1934 et 1938. Le type coupait les têtes, les mains et les pieds de ses victimes pour obstruer le processus d’identification. Sur les 13 victimes qui lui sont attribuées, seules deux ont ainsi pu être identifiées par la police. Le truc marrant, c’est que l’affaire a été confiée à Eliot Ness, futur Incorruptible qui fera tomber Al Capone pour fraude fiscale à Chicago. Deux suspects sont inquiétés et inculpés pour une partie des faits, mais les preuves ne sont pas probantes pour deux sous. Aujourd’hui encore, le mystère reste entier sur l’identité du tueur.
Jimmy Hoffa
Président du très puissant syndicat des conducteurs routiers américains, Hoffa était notoirement proche de la mafia de Chicago dont il participait aux opérations de blanchiment d’argent. Condamné à 15 ans de prison en 1967, il est finalement gracié par Nixon en 1971. En 1975, alors qu’il se trouve sur le parking d’un restaurant du Michigan, il disparaît. On n’a jamais retrouvé son corps. On suppose qu’il a probablement été enlevé par la mafia, mais aucune preuve n’a pu être apportée en ce sens. Déclaré mort 7 ans après sa disparition mais en l’absence de tout corps, le mystère demeure. Différents anciens tueurs à gage de la mafia ont, plus tard, donné leur version du meurtre supposé. Hoffa aurait tantôt été enfermé dans le coffre d’une voiture passée à la broyeuse, tantôt été incinéré discrètos. On n’en saura jamais rien.
Les meurtres de Keddie
En 1981, une mère de 36 ans, son fils de 17 ans, un autre garçon de 15 ans et (on l’apprendra plus tard), une petite fille de 12 ans sont assassinés brutalement dans une cabane de la Sierra Nevada, à Keddie. 4 autres enfants ont été épargnés, situés dans les chambres attenantes. Au moment de la découverte du meurtre, on ignore que la petite a été tuée : elle est déclarée disparue. Ce n’est qu’en 1984 qu’on découvrira son crâne dans les bois. Les victimes ont toutes été réduites en bouillie à l’aide d’une masse. Malgré les 4000 heures de travail menées par la police et l’émergence de deux suspects finalement innocentés, on n’a jamais trouvé aucune piste susceptible de mener au meurtrier de cette famille par ailleurs totalement sans histoire. Brrr.
Les meurtres de Villisca
En 1912, deux adultes et six enfants ont été assassinés à coups de hache dans leur sommeil, à Villisica, au milieu de l’Iowa. Ce sont des voisins qui découvrent les corps et alertent la police, le lendemain matin. La police soupçonne d’abord un vagabond du coin, qui n’est pas très à l’aise quand on évoque les meurtres et qui a l’habitude de dormir avec sa hache ; sauf qu’il a un solide alibi. L’enquête se tourne alors vers un révérend connu pour être un voyeur et qui confesse les meurtres – mais il est acquitté faute de preuves. Un autre suspect de prestige émerge alors en la personne du sénateur, de mèche avec plusieurs organisations criminelles et qui finira en prison. Mais les enquêteurs ne parviendront jamais à établir l’identité du coupable.
Désormais, la maison où a été tuée la famille est considérée comme hantée. On y aurait décelé plusieurs phénomènes paranormaux.
Notorious B.I.G.
Christopher George Latore Wallace, mieux connu sous le surnom de Notorious B.I.G., était une star du hip hop East Coast au début des années 1990. Prenant part à la rivalité assez violente entre les raps des côtes Est et Ouest, il s’attire pas mal d’inimitiés. Ce sont sans doute celles-ci qui ont conduit à son assassinat, à un feu rouge alors qu’il était au volant de sa bagnole, en 1997 à Los Angeles. Mort à 24 ans, Notorious B.I.G. devient une figure culte du hip hop et son album, qui sort peu après sa mort, se classe en tête de tous les charts. En revanche, son ou ses meurtriers et leurs éventuels commanditaires n’ont tout simplement jamais été retrouvés. Pas un suspect n’a pu être identifié. Exactement la même histoire qu’avec Tupac, dont l’assassinat est survenu quelques semaines plus tôt. Des travaux journalistiques ont mis en lumière le rôle d’un policier corrompu dans ces deux assassinats et d’un patron de maison de disques, mais la police n’a pas donné suite.
Geneva Jean Hilliker Ellroy
Et oui, c’est bien la mère de l’écrivain zarbi et génial James Ellroy. Geneva Jean Ellroy est retrouvé morte étranglée près d’un lycée en 1958 à El Monte, près de Los Angeles. Connue pour ses mœurs un peu dissolue à une époque où un tel mode de vie était très mal vu, Ellroy a fait l’objet d’une enquête de mœurs plus que d’une enquête criminelle. Aucun suspect n’a jamais été identifié. Le soir de sa mort, elle aurait été aperçue manifestement ivre avec un homme sobre dans un bar de nuit. Souhaitant faire la lumière sur le meurtre de sa mère, Ellroy a plus tard essayé de rouvrir l’enquête, sans succès, avec l’aide d’un détective privé. Il en tirera le livre Ma part d’ombre, sans doute son chef d’œuvre.
Moi je ferme à double tour chez moi, ce soir.
Sources : Gizmodo, Ranker, List25, Exploringlifemysteries