La morale est formelle : mentir à ses enfants, c’est mal. Mais la morale, elle, n’a jamais eu un enfant collé à ses basques lui demandant inlassablement une explication gênante, lui posant une question atroce, lui réclamant telle ou telle chose. Alors, la morale, va bien te faire cuire les parties intimes sur un barbecue !
« Ah mince, les piles de ce jouet n’existent plus ! »
C’est vrai. C’est dommage. Le son de ce jouet assourdissant était vraiment très intéressant : il ressemblait à s’y méprendre à la bande-originale de l’enfer.
« Ce chat au bord de la route, il fait dodo. Pourquoi ? »
Ce mensonge visant à rassurer l’enfant (et un peu vous, avouez-le) ne fonctionne que si le dit-animal sur le bas-côté ne se compose pas désormais de plusieurs parties distincts (oui, c’est sale).
« Tu as très bien joué »
Votre enfant vient de participer à une compétition sportive et il/elle a été, objectivement, lamentable. Incapable de dribbler. De faire une passe (enfin, si, à ses adversaires). De viser juste. A la rue, complètement à la rue. Vous ne pouvez décemment pas lui dire «tu m’as fait honte ». Il faut trouver du positif partout.
« La petite souris n’a pas mis de pièce sous ton oreiller car ta dent était trop sale »
Magnifique coup double, félicitations ! Sous-entendre que la petite souris existe mais qu’elle ne lâchera son euro qu’en cas d’hygiène bucco-dentaire impeccable, c’est du grand art. Ne nous remerciez pas.
« Plus tu manges tes légumes, plus tu te rendras compte qu’ils ont un goût agréable »
Ce n’est pas entièrement faux. Mais pas entièrement vrai non plus. Evitez cependant de surjouer la délectation en face de lui (« hmmm », « incroyable », « délicieuuux »), l’enfant est peut-être jeune mais pas totalement stupide.
« Ce plat est beaucoup trop épicé, tu ne peux pas le goûter sinon tu vas pleurer »
En vérité, vous êtes en train de vivre un orgasme culinaire et vous êtes un peu égoïste. Et puis, le palais de l’enfant n’étant pas définitivement formé, il risque de ne pas profiter pleinement de cette explosion de saveurs. De la confiture à un si petit cochon.
« Si tu manges pas tes épinards, tu perdras tes cheveux comme papy »
Ouh le vilain mensonge. Surtout que la chauvitude est – la plupart du temps – héréditaire, l’héritier mâle finira quoiqu’il arrive avec un crâne lisse.
« Pas de cheminée ? Pas de problème ! Le père Noël passe par là »
Prise de courant, balconnet, tuyau d’aération, colonne sèche… toutes les solutions sont bonnes à prendre pour continuer à lui faire croire en ce si doux mensonge.
« Et puis de toute façon, le Père Noël ne viendra pas si tu ne ranges pas ta chambre »
C’est vrai que c’est un souk pas possible sa bedroom. Un peu de laisser-aller supplémentaire et elle deviendrait presque un nid à microbes préhistoriques.
« Si tu n’éteins pas immédiatement la console, je la jette à la benne ! »
Evidemment que vous ne le ferez pas : vous avez claqué presque 400 euros pour acheter cette console de jeu-vidéo que vous aimez tant. Assumez bon sang : c’est votre Nintendo Switch, merde !
Oui, un mensonge c’est bien commode lorsqu’on veut faire passer un message à un enfant. Cela reste malheureusement brutal lorsque l’enfant découvre le pot-aux-roses. N’en abusez pas – sauf si vous n’en pouvez vraiment plus, on ne répétera pas. Ça sera notre petit secret.