La vie compte quelques activités agréables, comme se balader en forêt, prendre l’apéro avec des potes, jouer à ton jeu vidéo préféré ou regarder des enfants qui tombent. À part ces quelques trucs chouettes, la vie c’est quand même surtout un long enchaînement de trucs pénibles, d’injustices, de déceptions et de souffrance. Pourtant, pour garder la face, pour que l’univers tienne debout, voire pour être heureux, on a décidé de croire tous ensemble à quelques petits mensonges. Des jolis mensonges.
"Le karma va le rattraper"
Qu’il est rassurant de se dire que les méchants auront un jour ce qu’ils méritent, que la vie est morale et qu’elle punira ceux qui ont transgressé ses règles. Que le karma existe. Grâce à cette illusion toute mignonne, on évite de vivre dans la rancœur et de prôner la vengeance à tout va. Pourtant, une bonne partie des enfoirés de ce monde s’en tire sans aucun problème. C’est injuste oui, mais la vie est injuste. Il faut bien s’y faire.
"Qu'il est mignon ton bébé"
Selon nos estimations, 70% du temps cette phrase est un gros mytho. Seulement, qui serait assez cruel pour annoncer à des parents que leur progéniture ressemble à un orque du Seigneur des Anneaux ? De toute façon, la plupart des bébés qui ressemblent à des vieux finissent par devenir mignons au bout de quelques mois, donc on ne va pas commencer à s’embrouiller pour si peu.
"On se tient au jus ouais"
Cette semi-promesse permet de conclure une conversation entre deux personnes qui savent intimement qu’elles n’ont aucune envie de « se tenir au jus ». On pourrait traduire ces mots par : « Je t’aime bien, mais pas au point de te revoir ni de te parler de manière régulière. Si on se croise à nouveau un de ces quatre c’est cool, mais nous ne sommes pas de vrais amis proches. » Avouez que ça jetterait un petit froid si on annonçait les choses aussi honnêtement.
"Ah cool j'écouterai ça"
Dit-il après que son ami lui ait parlé d’un obscur groupe de free jazz lituanien. On sait tous qu’il n’écoutera jamais ledit groupe, soit par oubli, soit par un réel manque d’envie. Cependant, c’est toujours plus sympathique de feindre un intérêt que de répondre : « je ne l’écouterai jamais ton groupe de merde ok ? »
"Chacun finit par trouver chaussure à son pied"
Parmi les phrases que les célibataires en ont marre d’entendre, celle-ci se place très haut. Pourquoi ? Parce qu’à force de rencontres pourries et de relations ratées, on sait que non, tout le monde ne finira pas par trouver chaussure à son pied. On les a vus les célibataires endurcis de 60 balais, ceux qui ont fini par renoncer à cette illusion. On n’est pas dupe. Après, on peut aussi vivre relativement heureux dans une chaussure qui ne nous va pas parfaitement. Une chaussure qui nous file des ampoules en fin de journée mais qu’on continue de porter parce que c’est toujours mieux que de marcher pieds nus. Et c’est pas grave.
"La vérité finit toujours par éclater"
En réalité, des tas de gens finissent par nous quitter avec leurs secrets. Vouloir maintenir l’illusion selon laquelle chaque vérité devrait finir par éclater confine à la curiosité malsaine. On ne pourra jamais TOUT savoir, et alors ? Les gens les plus heureux sont ceux qui ont accepté de s’en foutre depuis bien longtemps déjà.
"Il est mort sans souffrir"
C’est sûrement vrai de temps en temps, mais c’est sûrement régulièrement faux aussi. On dit ça pour rassurer les familles, pour éviter aux gens de trop cogiter. D’ailleurs il vaut mieux soi-même accepter de croire à ce gentil mensonge plutôt que de passer des nuits d’insomnie à imaginer un proche en train de souffrir. C’est toujours plus réconfortant.
"Bien et toi ?"
C’est un secret de Polichinelle : bon nombre d’individus répondant « bien et toi ? » à la question « comment vas-tu ? » ne vont pas bien. Ils ont juste la décence de ne pas nous exposer en long, en large et en travers leurs états d’âme. On les en remercie, et on est prêt à se convaincre que leur mensonge est vrai.
"L'année prochaine sera meilleure"
Les années, même si elles se basent sur la rotation de la Terre autour du Soleil, sont des constructions humaines. Penser qu’au 1er janvier les choses vont changer, c’est à peu près aussi intelligent que de croire au Père Noël. Mais, de la même manière qu’il est agréable de croire au Père Noël, il est confortable de penser que nos problèmes s’évanouiront à l’aube d’une nouvelle année. C’est peut-être ça l’esprit de Noël.
"C'est pas moi qui ai volé l'orange du marchand"
C’est ça Michal, c’est ça…
Vaut mieux ces mensonges sympas que des gros mensonges qui ont foutu la merde.