Véritables prouesses techniques et petits bijoux du jeu d’acteurs, de nombreux plans-séquence du cinéma sont restés dans les mémoires des spectateurs et sont même pour certains devenus cultes. Un plan-séquence est une séquence (une scène) filmée en un seul et unique plan restitué sans montage ou plan de coupe, il est donc filmé d’une traite et monté de la même façon. C’est par la complexité de certains plans-séquence qu’on considère d’ailleurs leur génie technique, « La soif du mal » d’Orson Welles en est un exemple parfait tant les moyens mis en places pour l’époque étaient géants. Côté petit écran, on trouve de plus en plus d’exemples de plans-séquence dans nos séries favorites dont certains n’ont rien à envier au cinéma.
Mr Robot, l'épisode plan-séquence
La série Mr Robot n’a plus grand chose à prouver en terme de qualité : des acteurs talentueux, un scénario riche et palpitant, un sujet qui n’avait encore pas été traité en série (une qualité assez rare pour ne pas la souligner) et, s’il fallait en rajouter, une réalisation franchement réussie. C’est l’épisode 5 de la saison 3, véritable « épisode concept » qui devient instantanément iconique. On y suit tour à tour Elliot et Angela dans le bâtiment d’E-Corp. S’il s’agit là d’un faux plan-séquence, dans le sens où plusieurs raccords sont présents, la prouesse n’en reste pas moins belle puisqu’on pourrait alors décrire l’épisode en une succession de plusieurs plans-séquence. Si vous n’êtes pas convaincus, allez voir les preuves que Mr Robot est la meilleure série de la décennie 2010.
The haunting of Hill House, l'épisode plan-séquence 2
Le coup d’éclat de Netflix sur la série d’horreur a marqué bon nombre de ses spectateurs. Là où on pouvait être méfiants, « The Haunting of Hill House » a véritablement surpris, et en bien. C’est l’épisode « Two Storms » qui devient alors une nouvelle référence en terme de mise en scène côté séries. Comme pour celui de Mr Robot, il s’agit d’un « faux » épisode plan-séquence puisqu’on y trouve plusieurs cuts. Pour autant, les « vrais » plans-séquences qui le composent n’en restent pas moins réels et maîtrisés. Le jeu d’acteur prime sur presque tout le reste car on y voit des passages d’une rare intensité (que je me garde bien de spoiler). Pour la technique, on traverse deux époques, l’actuelle et le flashback de l’enfance des protagonistes, et on se laisse « promener » dans ces deux univers sans avoir l’impression que l’action ne s’arrête. Un classique instantané.
Kidding, l'évolution de l'appartement
Notre Michel Gondry national retrouve Jim Carrey après l’excellent « Eternal sunshine of the spotless mind » pour cette série dramatique centrée sur Jeff Pickles, conteur pour enfants à la télévision. Le plan-séquence de l’épisode 3 de la première saison s’attarde lui sur le personnage de Shaina et nous la montre « évoluer » au sein de son appartement dans une série de moments de vie espacés. Le plan est alors absolument maîtrisé et iconique, comme vous pouvez le voir vous même sur cette vidéo qui montre à la fois le plan final et celui de l’équipe en charge de « modifier » l’appartement pendant le tournage. Une réussite, tout simplement.
Quarry, la scène de guerre du Vietnam
Injustement méconnue et arrêtée après une première saison très prometteuse, Quarry nous montre le retour mouvementé de deux soldats américains au pays après avoir servi au Vietnam. Si la série se préserve bien de nous dire dès le début de quoi il retourne, on comprend que l’escouade de ces deux soldats est au centre d’évènements particuliers : il s’est passé quelque chose d’horrible lorsqu’ils étaient là-bas et on ne nous le montre que bien plus tard. Ce « plus tard », c’est dans l’épisode 8 de la série, pendant lequel on découvre au cours d’un plan-séquence flashback mémorable une séquence de guerre et d’horreur absolument maîtrisée dans laquelle on voit que là-bas ils ne faisaient vraiment pas du point de croix. Je ne peux que vous conseiller de regarder cette série et d’y découvrir cette scène au bon moment, mais si vous voulez avoir un aperçu, un petit making-of est dispo ici.
Daredevil, la baston dans le couloir
La série sur le diable de Hell’s Kitchen façon Netflix s’est révélée être d’une qualité relativement bonne et surprenante, tant par son casting que par certaines de ses scènes. La première saison nous gratifie d’ailleurs d’un plan-séquence de baston dans un couloir assez mémorable et qui peut être vu comme un clin d’oeil à Old Boy premier du nom. Surfant sur le succès de ce premier plan, la saison 2 remet une couche et nous offre à son tour un beau moment de baston sans couper. On y voit Matt Murdock maitriser violemment ses opposants tout en prenant quelques mauvais coups dans la gueule (qui ne lui feront jamais autant de mal que le film de Ben Affleck). Un petit bonheur pour les yeux dont la chorégraphie est vraiment travaillée et l’utilisation du hors-champ intelligente.
Band of Brothers, la fin de la Guerre
Vingt ans après sa sortie (eh oui), Band of Brothers reste un monument de la production télévisuelle. On y trouve une pléiade d’acteurs s’y donner la réplique et une réalisation d’une qualité indiscutable. Ce très court plan séquence qui montre les habitants d’un village allemand en ruine débarrasser les gravats alors que certains jouent un air de Beethoven au violon peut sembler anodin, mais il est représentatif du soin apporté à la mise en scène de la série. Cet épisode 9, sobrement intitulé « Why we fight » nous montre alors les frères d’armes apprendre la mort d’Hitler et ce qu’ils pensent être la fin de la Guerre (ce qui n’est pas encore totalement le cas pour eux). L’une des plus belles scènes de la série.
Fargo, la fusillade en hors-champ
S’il fallait vous donner une raison de regarder la première saison (ou toute la série Fargo), ce serait bien le personnage de Lorne Malvo, divinement interprété par Billy Bob Thornton à qui on a donné l’une des scènes de dialogues badass les plus emblématiques des séries tv (« Here be dragons ») mais comme il ne s’agit pas d’un plan-séquence elle ne trouve pas sa place ici. Pour autant, sa scène de fusillade en plan-séquence est tout à fait intéressante dans sa façon de montrer le hors-champ. On suit l’action de l’autre côté des fenêtres où les reflets nous empêchent de voir, mais où le mouvement continue et le son fait le reste du travail. Une belle leçon de mise en scène et un plan une fois de plus iconique de ce bon vieux Lorne, qu’on aime tant détester.
How I met your mother, le date express de Mosby
Assez rare dans une sitcom de trouver un plan-séquence, peut-être même trop rare pour ne pas le mentionner, surtout quand il est de qualité. Ici, il s’agit du fameux « 2 minutes date » dans lequel Ted prépare un rendez-vous déjeuner / cinéma / dessert express en deux minutes et qui fait d’ailleurs office de l’une des meilleures idées de date. Le plan-séquence est resté dans la tête des fans et trouve clairement sa place ici par son originalité. Et puis entre deux scènes de baston, de fusillade et de guerre, ça fait quand même du bien un peu de douceur.
Better caul Saul, le passage de la frontière
Si on peut trouver un lien entre le plan de « Daredevil » et celui « d’Old Boy », ce plan séquence de la série « Better Call Saul » est clairement un hommage au plan d’ouverture de « La Soif du mal » dont je parlais en introduction. On y suit un camion blindé de drogues alors qu’il passe la frontière américano-mexicaine sans que la caméra ne coupe. Vous pouvez d’ailleurs voir dans ce petit making-of comment ce plan a été réalisé mais surtout apprendre qu’il a réellement été un moyen de faire passer de la drogue à la frontière. Non, évidemment c’est une grosse connerie.
True Detective, la descente de flics tendue
Chacun peut penser ce qu’il souhaite de cette série et des trois saisons qui la composent mais la plupart des gens s’entendent pour dire que la première reste la plus maîtrisée et la meilleure. C’est au cours de celle-ci que l’on a d’ailleurs droit un plan-séquence mémorable de la longue traversée d’un quartier en pleine nuit du personnage de Rust alors qu’il tente de réaliser une perquisition / arrestation dans la maison d’un suspect. S’en suit une scène instantanément devenue culte, extrêmement rythmée et dont la tension est d’autant plus palpable puisqu’elle est ininterrompue.
N’hésitez pas à rajouter ceux qui manquent dans ce top en commentaire (et il en manque plein). Sinon vous pouvez aller voir les scènes les plus dures à tourner du Cinéma, histoire de vous faire un peu l’œil.