Bonjour, l’année 2024 n’est pas finie (personnellement j’ai l’impression qu’elle a commencé y’a 72 ans mais c’est peut-être parce que durant les 4 derniers mois, j’ai pris 17 cheveux blancs, je me suis faite arnaquer de 2000 balles en ligne, mon chat a fait une 12ème cystite comportementale et ma mère s’est pété le pied). TOUTEFOIS, une fois n’est pas coutume on prend les devants pour partager avec vous d’ores et déjà nos petites pépites cinématographiques de l’année, promis on actualisera cet article pour y rajouter de nouvelles trouvailles, mais commençons par ces 15 pépites.
Pauvres Créatures, de Yorgos Lanthimos
On connait Yorgos Lanthimos pour deux raisons : 1) son nom qu’on n’arrive jamais à retenir parce qu’on est des gros teubés. 2) Sa filmographie sans fausse note. A travers des films comme The Lobster, La Favorite, Canine et maintenant Pauvres Créatures pour ne citer qu’eux, le réalisateur grec a su dessiner un art du récit atypique. Cette dernière oeuvre fascinante qui a reçu quantité récompenses, a quelque chose d’un « Barbie version dark ».
Après avoir tenté de mettre fin à ses jours en se jetant dans le fleuve, Bella est récupérée par God qui voit là l’occasion rêvée de mener à bien sa nouvelle expérience : transplanter le cerveau du foetus que porte la jeune femme dans sa propre boîte crânienne, et voir ce qui se passe. La voici évoluant dans un corps adulte avec le cerveau de son propre nourrisson. Un apprentissage de la vie tel qu’on ne l’avait jamais envisagé jusque là, dans un décorum théâtral où le faux se conjugue au rêve *.
Après, si vous pensez que cette conjugaison ne tient pas la route, je vous propose d’aller vous faire voir au plus que parfait du subjonctif.
La Zone d'Intérêt, de Jonathan Glazer
Un film qui parle des camps sans jamais montrer les camps c’est pas forcément un pari facile à relever. Dans ce film oscarisé (enfin le film était pas oscarisé avant d’être tourné hein, c’est arrivé après, sinon ça n’aurait aucun sens), on est plongé au coeur de la famille de Rudolf Höss, un bonhomme syyyyympathique comme tout en dehors du fait que c’est un des commandant d’Aushwitz (ce qui lui fait finalement perdre beaucoup de points en capital de sympathie). Installé avec femme et enfants dans une maison attenante au camp de la mort, on y suit le quotidien de cette famille sur fond de hurlements, de coups de feu et de fumées noires dont les cendres constituent l’innommable vestige des charniers humains.
Apolonia, Apolonia de Lea Glob
Alors là mes petites cailles, laissez-moi vous dire que ce documentaire c’est mon coup de coeur de l’année. Lea Glob y filme son amie Apolonia dans le cadre d’un portrait qu’elle doit réaliser pour ses études de ciné, la réalisatrice en herbe danoise se prend au jeu et s’embarque pour 13 ans de rush. Apolonia Sokol a une vie étonnante, c’est le moins qu’on puisse dire. Elevée au théâtre du Lavoir Moderne dont ses parents étaient propriétaires, elle part vivre au Danemark avec sa mère à l’adolescence et reviendra jeune adulte pour protéger ce lieu d’une fermeture inéluctable. Elle se retrouve ainsi à accueillir un groupe de Femen dont l’une de ses fondatrices, l’énigmatique Oksana Shachko. Apolonia évolue ainsi dans ce milieu militant, festif et artistique un lieu qui la nourrit autant qu’elle le nourrit. Son diplôme des Beaux Arts en poche on a la voit évoluer par monts et par vaux dans le monde de l’art contemporain avec son lot de victoires et de déceptions. Impossible de ne pas s’attacher à cette femme drôle, inspirante qui livre un récit de vie pour le moins électrisant.
Le Successeur, de Xavier Legrand
Enorme retour de Marc-André Grondin 16 ans après Le Premier jour du reste de ta vie (enfin je vous dis « retour » mais il était pas vraiment parti c’est juste que le chum étant canadzien, ses films ne sont pas pas toujours parvenus en contrées gauloises ces dernières années). Dans ce drame, Ellias, directeur artistique d’une maison de haute couture doit retourner au bercail après le décès de son père qu’il n’a pas vu depuis plusieurs années. Un retour dans le passé qui se révèle bien plus douloureux que prévu. Mais aussi bien plus inattendu. Je vous en dis pas plus mais vous ressortirez de ce film avec un sentiment confus d’énervement et d’interlocation aiguë dont je ne peux vous révéler ici la cause.
Dune : deuxième partie, de Denis Villeneuve
C’est la suite que de nooombreuses personnes attendaient après 3 ans d’attente (et un petit top des explications pour ceux qui n’ont rien compris à Dune)! Denis Villeneuve nous plonge dans le parcours initiatique de Paul Atréides pour intégrer le peuple Fremen, élu malgré lui et torturé. Le film est à la hauteur du roman de Frank Herbert et arrive à souligner des problématiques sociales et religieuses qui peuvent raisonner dans notre société. Toute l’histoire est menée par des images époustouflantes et une musique maitrisée par notre adoré Hans Zimmer. Bref, on a aimé ce film (malgré un rythme qui se cherche encore parfois) et on parie notre salaire que vous aurez envie de chevaucher des vers géants dans le désert sur une musique épique à la fin du film !
Monkey Man, de Dev Patel
Commençons par le commencement, c’est un film écrit par Dev Patel, réalisé par Dev Patel (c’est même son premier long métrage), produit par Dev Patel et interprété par Dev Patel ! Globalement, si on aime Dev Patel c’est clairement LE meilleur film. Spoiler alert, y a du sang, des uppercuts en veux-tu en voilà, un animal mignon et des flash back.
Et pourtant, non ce n’est pas (tout à fait) la copie Indienne de John Wick (il y fait même ouvertement référence dès le début du film, il est fort ce Dev). Si on aime la grosse castagne à mains nues en costumes sombres bien chorégraphiée dans une esthétique de lumière travaillée, alors pas de doute il faut y aller. On y retrouve aussi un homme qui a soif de vengeance, débordant d’émotions qui donne plus d’intensité au jeu. Et pompon sur la Garonne, ce film dénonce évidemment les conditions politiques, la corruption et les inégalités toujours difficiles du pays.
L'homme aux mille visages, de Sonia Kronlund
Eh oui les amis ça cause docu pour la deuxième fois dans ce top parce qu’on a du sacré bon matos dans le genre. Sonia Kronlund, vous la connaissez peut-être avec l’émission culte de France culture Les pieds sur terre qu’elle produit. Emission de témoignage passionantes qui donne à écouter des histoires de vies parfois insensées. Ce film est la prolongation d’un des témoignages de l’émission, celui d’une femme qui a découvert que son mec, le père de son enfant, n’était pas du tout celui qu’il prétendait être. 5 femmes en France, 2 en Pologne, 2 au Brésil… On se demande comment ce « Ricardo » (son vrai nom n’est pas révélé) a pu mener de front autant de vies parallèles. Au moment du documentaire, les femmes concernées (en France du moins
Borgo, de Stéphane Demoustier
Quatre ans après La jeune fille au bracelet qui fait selon moi partie des meilleurs films de procès, Stéphane Demoustier (oui, oui c’est le frère d’Anaïs, oui, oui, c’est un petit milieu, oui oui moi aussi je trouve ça chiant mais c’est pas le sujet) revient avec un nouveau film très réussi. On y retrouve Hafzia Herzi dans le rôle de Melissa, surveillante pénitentiaire récemment installée en Corse avec mari et enfant. Elle se lie avec un détenu assez influent pour qu’elle soit « respectée » mais elle va vite perdre le contrôle sur cette relation… (je mets trois petits points pour vous allécher. Est-ce que ça marche ? Please, répondez-moi en commentaire).
La Salle des profs, de Ilker Çatak
Ce lieu plein de mystères qui soulèvent tous les fantasmes. La salle des profs. Alors qu’un collège est en proie a des vols répétés, une professeur de maths aux méthodes plutôt progressistes commet l’irréparable en filmant ses collègues à leur insu pour tenter de mettre la main sur le ou la chapardeuse. Une bien mauvaise idée qui va mettre à mal le bon fonctionnement de l’établissement. Un peu une version glauque de Ducobu (j’ai pas vu le film toutefois donc je suis pas sûre de ma comparaison).
Dans la peau de Blanche Houellebecq, de Guillaume Nicloux
Dernier opus de la trilogie Guillaume Nicloux (après L’enlèvement de Michel Houellebecq et Thalassothérapie), ce film chelou au possible nous emmène en Guadaloupe ou l’auteur sulfureux aux propos assurément islamophobes (dans un entretien polémique avec Michel Onfray) se voit invité à un concours de sosies dont Blanche Gardin est aussi jury. Filmé assez dégueulassement il faut bien le dire, les deux protagonistes se retrouvent menottés ensemble au détour d’un imbroglio morbide et doivent assurer l’événement sous champis hallucinogènes. Un énorme bordel en somme qui ne recevra sans doute pas d’Oscars mais qui a le mérite de faire tout de même bien rire.
Daaaaaali ! de Quentin Dupieux
Il y a un truc insupportable avec Quentin Dupieux, c’est qu’il sort un film tous les 2 jours, avec un casting de dingue, et qu’il ne s’encombre même pas de promo pour remplir ses salles qui le font naturellement. Y’a de quoi agacer. Mais en même temps, le mec produit des films assez dingues (Yannick sorti en aout 2023 était un p’tit bijou), avec une réalisation unique, et des sketches qui vous laissent difficilement de marbre. Alors que dire à part Bravo ?
Nous les Leroy, de Florent Bernard
Primé au festival Alpes d’Huez, voici LE film qu’on attendait de Flober (Golden Moustache, et Floodcast : podcast qui projettera n’importe qui au zénith de l’hilarité grâce entre autre aux invités qualitatchifs et à la bonne grosse verve légendaire d’Adrien Ménielle). Un petit film sympa qui raconte comment un père de famille (José Garcia le best) tente de reconquérir sa femme (Charlotte Gainsbourg la best) en lui offrant à elle et aux deux mioches un road trip pourri sur l’histoire de leur couple.
ATTENTION : contrairement au titre du film, il n’aborde à aucun moment l’histoire de la monarchie française. TRÉ DESSEUVAN.
Heureux Gagnants, de Maxime Govare et Romain Choay
Vous pensez certainement que c’est une bonne vieille comédie française gentiment beauf, mais VOUS PENSEZ TROP MAL ! Hyper saoulant, faut tout vous expliquer. Bref, ce film satirique suit l’évolution de personnages venant de gagner au loto dans quatre histoires totalement indépendantes. Genre comme la Bretagne un jour peut-être. Donc si vous aimez le cynisme, l’humour noir et les films barrés (pas littéralement sinon c’est chiant à mater), le tout saupoudré d’une bonne critique de gaucho sur les effets pourris de l’argent, alors matez cette petite pépite.
En plus, on y retrouve des acteurs de qualité dans des rôles extrêmement drôles, comme Audrey Lamy et Fabrice Éboué, mais aussi Pauline Clément, Anouk Grinberg ou encore Sami Outalbali. Envie de me pisser dessus rien que d’y repenser.
Tiger Stripes, de Amanda Nell Eu
J’ai pas encore vu le film mais je suis fan de l’affiche. Mon investigation s’arrête là mais promis je le mate avant la fin du mois.
Et les autres sorties déjà incontournables depuis le début de l'année
Godzilla Minus One, de Takashi Yamazaki
Le mal n'existe pas, de Ryusuke Hamaguchi
May December, Todd Haynes
Une famille, de Christine Angot
Attention, ce documentaire aborde l’inceste dont la réalisatrice et romancière Christine Angot a été victime durant des années. Le film peut-être éprouvant pour certaines personnes. Petit warning juste au cas où vous pensiez aller voir le dernier Pixar.