Ivre (ce qui est mal, évidemment), tu titubes, tu tangues, tu trébuches sur le tapis, la table basse et quelques invités. De toute évidence, il est temps d’aller te reposer. Idéalement, tu te faufilerais discrètement vers une chambre inoccupée mais ton taux d’alcoolémie t’empêche toute sagacité. Tu te diriges donc vers l’hôte de la maison d’un pas gracile et l’embaume de ton haleine de distillerie pour lui demander s’il est possible que tu dormes sur place. Il n’y a plus de lit. Tu insistes, tu te contorsionnes, tu pleures des larmes de vodka et parviens finalement à l’attendrir. « Débrouille-toi, connard » te répond-il. Pas très gentil. Soit. Tu vas trouver.
Commençons par un basique : le plancher
Tu lorgnais déjà le sol depuis quelques minutes. Son aspect poli, sa rigidité, la délicatesse des saillis de bois qui pourraient te blesser le dos (tu aimes le risque, fais attention tout de même). Aucun doute, c’est ici que tu vas te lover dans les bras de Morphée. Mais dans quelle pièce ? Choisis un lieu stratégique. Le salon, par exemple. Tu pourras ainsi continuer à contribuer aux conversations. Enfin essayer.
La baignoire qui pourra te rafraîchir à ta guise, tu en auras sûrement besoin
Également un classique. Souvent, il faut appartenir à une caste très particulière de fêtards : celle des pragmatiques qui choisissent d’allier propreté et sommeil. Parce qu’en soirée, on sue, on se fait renverser tout et n’importe quoi dessus, parfois même on est un peu « malade » (l’excuse que tu sortiras à ton entourage le lendemain). La moindre source d’eau est une aubaine.
Sur d'autres invités plus bourrés
Et endormis. Non parce que s’ils sont conscients, ils vont te jeter salement. Et tu n’aimerais pas cela. Souffrir à nouveau l’indifférence d’autrui… As-tu vraiment envie de te souvenir de tes années collège ? Je ne crois pas. L’idéal, c’est de connaître la personne sur laquelle tu vas t’affaler et de la prévenir qu’elle va bientôt être écrasée par un 3,5 tonnes (toi).
La piscine
Mais du coup, tu risques de ne pas te réveiller…
Les toilettes, double utilité. Ai-je besoin de développer ?
Sérieusement, le cadre est intime puisque tu peux fermer à clé (enfin si tu y arrives). Une abondance d’activités ludiques (et naturelles) s’offre à toi. Avant de dormir, tu auras la possibilité de réfléchir, de pleurer, d’entamer de longues réflexions existentielles et des questionnements pertinents sur, par exemple, « La Critique de la Raison Pure » de Kant. Tout cela dans ce joli petit palace. Bref, c’est l’atout charme de la soirée.
Le poste de police, tout confort
Direction la cellule de dégrisement. Pour cela, il faut que tu donnes de ta personne en te déglinguant bien la tronche dans la rue. Tu dois être ivre de manière PUBLIQUE et MANIFESTE (article L.3341-1 du Code de la santé publique). Bien sûr, ces recommandations sont à prendre au millième degré. Voire au millionième.
Sur la pile de manteaux de tout le monde
Ça, c’est bien bien relou. Très bonne idée. Surtout si tu as trop d’amis, tu vas pouvoir en perdre quelques uns. Puis n’oublie pas d’être abjecte avec ceux qui ont le malheur de déranger ton répit. Quand on y pense, avec un soupçon d’ingéniosité et grâce à leurs affaires, tu peux facilement te créer un coussin, une couverture et même une bâche anti-urine. Judicieux.
Le jardin, posey entre deux buissons
Rien de mieux qu’une ambiance bucolique. Allongé dans les herbes folles, humant l’odeur des pins et du soleil qui bientôt se lève (oui le soleil sent), tu reposes ton corps meurtri. Tu ne fais qu’un avec la nature, tu prendrais presque racine. Un réveil majestueux et prometteur devrait s’offrir à toi. Jusqu’à l’arrosage automatique.
Le lit du mec qui accueille, cela demande beaucoup d'agilité
Et de fourberie. Il avait qu’à mieux te parler ce gros con. Puis si sa meuf ou son mec est en train de dormir, c’est encore mieux.
En boîte de nuit, à condition d'être vraiment bien arraché
Tu pensais tenir toute la nuit. Ainsi, quand la horde de boeufs alcoolisés te servant de potes a décidé sur un coup de tête d’aller en boite, tu les as suivis, convaincu . Et quelques shot (de trop) plus tard, c’est la chute, tu te prends la réalité en pleine tête : tu as sommeil. Tu tombes lourdement sur une banquette bien collante entre deux inconnus qui se roulent de grosses pelles. Cela ne t’empêche pas de dormir comme un bébé. Quelques minutes plus tard, un vigile de 2 mètres 50 vient balancer ta carcasse hors du night-club (oui j’ai bien utilisé ce mot très ringard). C’est humiliant, mais mérité. Tu t’en fiches, tu as fait ton petit somme.
Bref, il existe forcément sur cette terre des gens raisonnables et délicats qui savent se contrôler et rentrer suffisamment tôt de soirée pour dormir chez eux. Et c’est eux qui ont tout compris parce qu’on ne le répétera jamais assez : l’abus d’alcool est dangereux pour la santé.