Certes, il est toujours drôle de voir se caramboler ses voitures lancées à pleine vitesse et abandonner en cours de route pour un problème de pneu mal gonflé ou un boulon mal serré. Mais réduire l'intérêt de la Formule Un à ces vulgaires accidents de parcours serait ignorer la splendeur et l'intensité de certains dépassements, chef d'oeuvre d'ingéniosité et de talent humain tout autant que moteur. La preuve, avec ces quelques savoureuses images :
- Grand Prix de Belgique (2000)
Ce qui est souvent considéré comme le plus beau dépassement de l'histoire de la Formule 1. Après un début de saison poussif, Hakkinen doit faire une course poursuite phénoménale pour revenir dans le haut du classement. Spa sera le point d'orgue de cet effort. Au 39ème tour des 43 que compte la course, Hakkinen tente un dépassement sur Schumacher avant les Combes. L'allemand bloque bien l'intérieur mais le finlandais ne s'en laisse pas compter. Au tour d'après, bis repetita. Mais Ricardo Zonta est devant. Schumacher décide de passer à gauche, le pilote McLaren à droite. Le pilote BAR est laissé sur place par les deux furieux et Hakkinen prend la tête. Il partira de Spa avec 2 points d'avance au championnat mais ne pourra finalement empêcher le baron rouge de remporter son premier titre mondial avec la Scuderia Ferrari. - Grand Prix de Budapest (1986)
Pour le premier grand prix au-delà du rideau de fer, la Formule 1 débarque en Hongrie, sur le Hungaroring, surnommé à juste titre "le tourniquet" tant cette piste est tortueuse et peu à même à nous offrir des dépassements (la première course, bien que disputée sur le sec, n'arrivera pas à son terme et devra être interrompue au bout de deux heures, durée maximale règlementaire d'un grand prix). Malgré cela, on a pu voir de superbes manœuvres sur cet ovni des grands prix dont ce dépassement magnifique de Nelson Piquet sur l'alors tout jeune Ayrton Senna. Les anglophones apprécieront le commentaire du speaker. - Grand Prix d'Espagne (1991)
Cette saison 1991 voit la domination des McLaren Honda diminuer face à la montée en puissance des Williams et de leur Renault V10. Sur un circuit rendu glissant, Mansell dépasse Ayrton Senna au bout de ce qui était à l'époque la plus longue ligne droite du championnat. Un papier à cigarettes n'aurait pas sa place entre les roues avants des deux protagonistes. - Grand Prix d'Europe (1993)
Pour la première fois, la Formule 1 débarque à Donington, circuit étroit et plutôt pensé pour les motos. Ayrton Senna, au volant de sa McLaren et de son faible moteur Ford V8, va nous démontrer en un tour l'étendue de son talent. Le jour de la course, il fait un temps typiquement british. Sur une piste détrempée, Senna rate son départ et se retrouve cinquième au premier virage derrière Prost, Hill, Wendlinger et Schumacher. En un tour il efface un à un tous ces pilotes avec une facilité impressionnante. Il remportera le grand prix avec 1 minute 23 secondes d'avance sur Damon Hill et au moins un tour de plus que tous ses autres concurrents. "Magic", tout simplement. Le surnom n'était pas volé.
Ayrton Senna - Donington 93 (1er tour) par AyrtonFangio - Grand Prix du Portugal (1996)
Le dépassement impossible. Jusqu'à ce que Jacques Villeneuve le tente. Schumacher, alors en tête rentre dans la parabolique mais le pilote Williams monte à sa hauteur à l'extérieur, maintient l'effort et profite en sortie de courbe de l'aspiration du retardataire Giovanni Lavaggi. C'est splendide. On ne reviendra plus jamais sur ce circuit. Comme si rien de plus beau ne pouvait jamais plus être accompli ici. - Grand Prix de Belgique (1999)
On l'aimait bien Jean Alesi. Il avait dû manger un chat noir sous une échelle un vendredi 13 pour avoir autant de déboires mais on ne pouvait lui enlever son panache. Lors de ce grand prix, à bord de sa Sauber Petronas, l'avignonnais nous gratifie d'une manœuvre peu commune : le dépassement de deux adversaires d'un coup. Barrichello et Wurz furent laissés sur place au virage des Combes. Tout ça pour finir 9ème (à l'époque seuls les 6 premiers marquaient des points)... - Grand Prix du Japon (2007)
Chez McLaren, un finlandais en remplace un autre. Kimi Raikkonen a la réputation d'être le pilote passant le moins de temps derrière une voiture avant de la dépasser. C'est au moins ce qu'il lui a fallu pour ce grand prix où après des qualifications désastreuses il s'élance 17ème sur la grille. Grâce à un effort de tous les instants il est deuxième au début du dernier tour derrière Giancarlo Fisichella. Premier essai réussi, au bout de la première ligne droite le finlandais passe en force à l'extérieur et remporte une de ses plus belles victoire. - Grand Prix de Hongrie (2006)
Tiens, revoilà le tourniquet de l'Est ! Handicapés par des positions de départ très en retrait suite à des pénalités, Schumacher et Alonso doivent effectuer une remontée incisive pour espérer marquer de gros points lors de cette manche. Dans des conditions glissantes, l'espagnol tente et réussi un dépassement magnifique sur l'allemand à l'extérieur d'une courbe parabolique à moyenne vitesse sobrement appelée "virage 5". Tout cela pour abandonner plus tard suite à un écrou de roue mal resserré lors d'un ravitaillement. - Grand Prix d'Europe (2007)
À 5 tours de l'arrivée, Felipe Massa est en tête devant Fernado Alonso. Encore une fois dans des conditions humides. L'espagnol tente de prendre le meilleur sur le pilote Ferrari à l'extérieur du premier virage, mais le brésilien lui ferme la porte avec autorité, les deux voitures se tutoyant. L'orgueilleux pilote McLaren ne s'en laisse pas compter et deux virages plus loin retente un dépassement par l'extérieur, le réussit, et ferme la porte à celui qui se retrouve désormais derrière lui... - Grand Prix de Belgique (2011)
Encore une manœuvre sur le circuit des Ardennes belges. À l'entrée du virage le plus dangereux du championnat, le virevoltant Webber s'insère, lancé à pleine vitesse. Fernando Alonso et sa Ferrari n'ont pas même le temps de réagir que le pilote est déjà devant. L'audace de l'australien aurait pu être sanctionnée par un effroyable accident. C'est un merveilleux dépassement qui a finalement eu lieu sous nos yeux. - Grand Prix de France (1979)
Non pas un dépassement, mais un tour entier de lutte entre Gilles Villeneuve, parti en première ligne au volant de sa Ferrari et René Arnoux, qui a du batailler pour revenir à hauteur de son rival après un départ catastrophique. Jabouille s'est échappé devant, profitant des soucis de pneumatiques du Québecois et ce dernier voit revenir sur ses talons Arnoux. Ça frotte, ça mord et ça ne lâche rien. Le duel coûtera presque sa première position à Jabouille et c'est bien Villeneuve qui prend la deuxième place pour ce qui restera comme l'un des plus grands duel de l'Histoire de la F1.
Et vous, vous franchissez la ligne blanche pour dépasser ?
Top écrit par Wougney