Au commencement était le film. Ensuite, on a inventé l’affiche, et puis la bandes-annonce. Puis, on s’est mis à faire des happenings façon avions avec banderoles ; là, Internet est arrivé : alors on a inventé des sites pour proposer des bonus sur l’univers du film, on a inventé toute sorte de bonus. Et on n’a plus su quoi inventer.
Brice de Nice 3 et la fausse vidéo sur YouTube
C’est très malin tout ça. Une fausse vidéo d’une heure vingt sur YoutTube ressemblant à s’y méprendre à une fuite du film avant sa sortie. Même le commentaire de la vidéo, avec ses abréviations SMS, laisse entendre que ça a été uploadé par un mec random. 10 minutes de film, et puis… Dujardin déguisé qui se fout de ta gueule et mate le film sans que tu puisses en profiter pendant tout le temps restant. Malinou. Malinou. Et sans doute plus drôle que le film.
Le projet Blair Witch et le hoax du documentaire
Sorti en 1999 dans les premières années d’Internet, Blair Witch; a eu la bonne idée de jouer à fond la carte ambiguë du film documentaire pour ajouter une dose de terreur à son scénario pas jojo. Les trailers présentaient le film comme un montage d’archives retrouvées et la site IMDB allait jusqu’à préciser la date de mort des acteurs du film. Et le film a été longtemps le plus rentable de l’histoire.
La planète des singes : l'affrontement et le faux site institutionnel
Cet énième épisode situé dans l’univers de La planète des singes raconte comment la grippe simiesque a décimé l’humanité. Pour ancrer davantage le scénario dans le réel, les producteurs ont eu l’idée de fabriquer de toute pièce un site à look très très institutionnel dans le cadre d’une fausse campagne de prévention contre ladite grippe. Avec un clip digne d’une pub Areva.
Les Simpsons et la reconstitution du décor de l'épicerie d'Apu en taille réelle
Pour la sortie du film Les Simpsons, en 2007, une dizaine d’épiceries américaines et britanniques ont été transformées en Kwik-E-Mart vendant du Buzz-Cola et en Krusty’o. On ne sait pas, par contre, s’ils avaient remplacé tous les employés par des Indiens avec accent.
Carrie et la lévitation du coffee shop
Pour la promotion du remake de Carrie, des acteurs se sont postés dans un coffee shop pour faire flipper tous les clients via une mise en scène de lévitation. La vidéo filmant l’événement est évidemment devenue virale.
Unfinished business et les stock photos débiles
Avant la sortie d’Unfinished Business, Vince Vaughn et ses copains ont décidé de se foutre de la gueule de la culture d’entreprise en publiant une série de photos d’eux dans des situations ridicules de bureau identiques à celles que l’on trouve sur les sites de stock photos payants. On y voit des gens qui s’esclaffent, puis regardent attentivement un écran d’ordinateur sur un fond blanc, le tout en couleurs saturées et visages expressifs. Les photos étaient gratos et donnaient le ton du film, ouvertement moqueur sur la culture du Siège social.
Night Call et les demandes d'ajout Linkedin
Le film Night call, qui raconte l’histoire d’un arriviste psychopathe joué par Jake Gyllenhaal dans le journalisme racoleur, a été accompagné d’une campagne d’ajouts sur LinkedIn. Le personnage joué par Gyllenhaal ajoutait des personnes influentes du milieu des médias en prétendant se faire un réseau avec une rhétorique terrifiante.
Prometheus et la fausse conférence TED
Les conférences TED, qui donnent la parole à des experts sur des thématiques englobantes pour diffuser des idées nouvelles, ont fait l’objet d’une vraie ferveur populaire au cours des dernières années. Pour surfer sur cette mode, les producteurs du film Prometheus ont réalisé leur propre fausse conférence, depuis l’année 2023, dans laquelle Peter Weyland, PDG de Weyland Industries (et tellement sosie de Guy Pearce qu’on pouvait se douter que c’était lui) parlait du mythe de Prométhée et du futur de l’humanité.
Ex-Machina et le robot sur Tinder
Lors du festival SXSW, à Austin, les visiteurs connectés à Tinder ont matché avec une nana qui posait plein de questions bizarres sur le fait d’être humain. Ensuite, ils se retrouvaient rapidement dans le canal de la réclame avec des liens vers des bande-annonces du film Ex-machina. Mais ils pouvaient conserver le plaisir d’avoir failli coucher avec un robot, ce qui aurait fait une anecdote de choix à raconter aux copains.
Les clés de bagnole et le discours comme quoi le film est une merde
Raté, Lolo. Laurent Baffie a essayé d’être ironique en sous-titrant son film « N’y allez pas c’est une merde ». Personne n’y est allé. Ça devait être une merde.
Cela dit, en général, les bons films gagnent à la fin, avec ou sans marketing. A la fin, ça peut être des années plus tard. Mais ils gagnent. Enfin je crois. Enfin j’espère.