James Bond, l'agent secret le plus célèbre de toute la Grande-Bretagne, aime ses petites habitudes de vieux garçon affirmé, et a besoin de certains repères pour donner le meilleur de lui-même : des nanas mégas-canons qui jouent aux nanas mégas-canons, des flingues à foison, des gadgets partout tout le temps, du dry martini...et des méchants qui veulent détruire le monde/le réduire en esclavage/le remodeler. À l'occasion de la sortie du dernier 007 Skyfall, réalisé par Sam Mendes, les plus grands méchants de l'univers de James Bond reviennent d'outre-tombe et se retrouvent à l'intérieur d'un top qui pourrait bien s'avérer assez dangereux :
- Le docteur Julius No (Joseph Wiseman), James Bond 007 contre Dr. No (1962)
Premier méchant à apparaître dans un film de James Bond, le Dr. No est le prototype même du personnage maléfique présent dans les premiers épisodes : pleinement intégré dans les problématiques de son époque, lui et l'organisation criminelle du Spectre souhaitent purement et simplement dominer le monde en lieu et place des States et de l'URSS. Du coup, le Dr. No se planque dans une île hyper protégée au large de la Jamaïque, et détourne des fusées américaines. Mais son armée de sbires et son aquarium de requins ne lui éviteront pas de terminer sous un tas de guano, enseveli par un James Bond plus fringant que jamais. - Ernst Stavro Blofeld (Max von Sydow et Donald Pleasence), On ne vit que deux fois (1967), Au service de sa Majesté (1969), Les diamants sont éternels (1971)...
S'il ne devait en rester qu'un, ce serait lui : Stavro Blofeld, qui apparaît dans de très nombreux épisodes, parfois suggéré, parfois murmuré, parfois partie vivante de l'intrigue, le chef du terrible Spectre et son chat touffu blanc qu'il caresse à longueur de temps sur ses genoux de méchants, a successivement l'ambition de contaminer la terre par le biais d'un poison qui rend stérile, de détruire Washington, de détruire le monde grâce à des missiles à têtes nucléaires...Et se tape même le luxe de zigouiller la femme de Bond. Et ça, même si 007, il s'en tape au moins deux par épisode des nanas, ça passe quand même super mal. Alors, il finira par défoncer sévère le méchant le plus charismatique et le plus cruel auquel il ait été confronté, en le tuant à bord de son sous-marin. Qui est-ce qui va s'occuper du chat par contre, du coup ? - Requin (Richard Kiel), L'espion qui m'aimait (1977) et Moonraker (1979)
Taille de basketteur, corps d'Hercule, mâchoires d'un requin en acier...le personnage de Requin est sans doute le méchant le plus redoutable auquel James Bond ait été confronté, à tel point qu'il est également l'un des seuls qu'il n'ait pas réussi à terrasser au cours de ses missions. Tueur à gages taciturne, écervelé et asservi à des mecs encore plus méchants que lui, Requin finira par découvrir qu'au fond de cette carcasse de sbire faite de muscles et d'aciers, se cache un coeur près à s'enflammer, qui lui permettra de s'éprendre joliment d'un amour pour la mignonnette Dolly, et de passer du côté des gentils et de James Bond. Happy end à la fin de Moonraker. - Auric Goldfinger (Gert Fröbe), Goldfinger (1964)
Auric, son truc à lui, c'est l'or, qui l'obsède depuis ses plus tendres années. Son flingue est en or, sa Cadillac est en or, sa montre est en or, tout comme l'origine et la finalité de son business. Homme le plus fortuné du Royaume-Uni, Goldfinger, industriel balte peu scrupuleux, a pour ambition de détruire Fort Knox, la réserve d'or étasunienne, afin de s'assurer le contrôle du marché mondial du précieux matériau et de multiplier son immense capital par dix (si ses calculs sont bons, moi j'en sais rien je suis nul en maths). Mais James Bond, qui pour le coup, a un coeur en or (notez l'instant poétique), se débarrassera de Goldinfer et de ses ambitions machiavéliques en le dégageant en plein vol d'un avion, et sans parachute en plus. - Karl Stromberg (Curd Jürgens), "L'espion qui m'aimait (1977)
Mélange baroque entre un Neptune sans trident et un dieu biblique condamnant les dérives de Babylone, l'homme d'affaires milliardaire Karl Stromberg se sent investi d'une mission à but philanthropique/nazi : participer au processus déjà enclenché de destruction de la civilisation, et lui permettre de se refonder en la faisant s'installer sous l'eau, dans des cités amphibies. Heureusement qu'il y a des gens pour penser aux choses auxquelles on ne pense pas, tout de même. - Hugo Drax (Michael Lonsdale), Moonraker (1979)
Milliardaire constructeur de navettes spatiales la journée, nazi des temps nouveaux la nuit : Hugo Drax trouve l'humanité grossière et imparfaite, race dégénérée qui détruit son environnement en même temps que ces espoirs d'avenir. Alors, il décide d'épurer ce petit monde de ces membres les moins désirables, d'élaborer une race supérieure en plagiant Noé et son arche biblique, et d'installer le tout...sur la Lune. Bon. D'autres ont essayé avant lui des trips du même acabit, ils ont eu des problèmes. Drax n'échappera pas à la règle, et finira balancé dans l'espace par 007, qui lui enverra à la gueule le désormais célèbre : "Faites un pas de géant pour l'humanité !" Bien envoyé, mec. - Général Orlov (Steven Berkoff), Octopussy (1983)
Le méchant soviétique typiquement made in Guerre Froide : dans Octopussy, le général Orlov, fanatiquement opposé à une réconciliation URSS-USA, entreprend de faire péter une bombe nucléaire sur une base américaine de RFA, afin de déclencher une nouvelle guerre mondiale, et de favoriser l'implantation soviétique en Europe de l'Ouest. Égocentrique avide de pouvoir, ce putschiste dissident et soldatesque finira par se faire défoncer la gueule comme il faut par 007, qui est quand même, il faut bien le dire, légèrement plus porté sur les hamburgers au ketchup que sur les patates et le chou... - Alec Trevelyan (Sean Bean), GoldenEye (1995)
Anciennement 006 (coïncidence avec le matricule de James Bond ? Probable), Alec Trevelyan est un ancien collègue et un ancien pote de 007, passé du côté des méchants parce qu'il considère Bond comme un espèce de gros bâtard incapable, ou peut-être parce que Bond s'est tapé sa femme lors d'une soirée trop arrosée au Martini. Bref. Ce qui compte, c'est que feu 006, désormais terroriste de grande envergure, envisage de ruiner l'Angleterre, la patrie de Bond, par le biais du satellite Goldeneye en transférant des milliards de livres sterling vers des comptes allogènes. C'est laid, quand les amitiés se détruisent. - Le Chiffre (Mads Mikkelsen), Casino Royal (2006)
Pas de mégalomanie exacerbée ou de désir de détruire le monde, chez le Chiffre, sans doute le méchant le plus ambigu de l'histoire de la saga. En effet, ce banquier manipulateur spécialiste de poker est sous le poids d'une vilaine dette de 100 000 dollars, contracté auprès d'un Lord of war assez peu fréquentable. Ainsi, c'est afin de survivre que le Chiffre devient ce redoutable ennemi de Bond, dont l'oeil gauche recouvre une cicatrice, qui déverse quelques larmes de sang à l'occasion. Troublant et troublé, le Chiffre avait jadis été interprété par le monument Orson Welles, dans une version non-officielle du film, en 1967. - Renard (Robert Carlyle), Le monde ne suffit pas (1999)
Renard est sans doute l'un des adversaires les plus effrayants et les plus troublants du parcours de James Bond. À la suite d'un affrontement pour le moins musclé, le terroriste Renard se voit loger dans sa tête une balle qui stoppe sa course à quelques centimètres du cerveau. La balle ne le tue pas sur le coup, mais le condamne à une mort lente qui le rend paradoxalement de plus en plus insensible à la douleur et aux sensations. De plus en plus puissant et inhumain, aussi, ce qui ne l'empêchera toutefois pas de tomber sous l'emprise amoureuse de l'électrisante Elektra King (Sophie Marceau), et de se faire dérouiller par l'héroïque 007. Comme d'habitude, en somme. - Bonus, histoire d'être vraiment méchant, "Le méchant de James Bond" - Bénabar
Et vous, vous envisagez de soumettre le monde incessamment sous peu ?