Quand on aime le cinéma, on aime les films. Et on aime tellement les films qu’on aime même les films sur les films. Et, parfois, les films sur les films sont mieux que les films originaux, et on se retrouve dans un paradoxe du cinéphile qui consiste à avoir plus envie de voir un film qui raconte comment a été fait un film que de voir le film qui a été fait. Puis on a mal à la tête.
Best Worst Movie, making of de Troll 2
Sorti en 2009, le making-of du film Troll 2 (1990), considéré par certains comme le pire film de tous les temps, présente des scènes inimaginables et complètement dingues. L’arrivée de l’équipe de tournage italienne dans l’Utah, les acteurs complètement dingues, les discussions sans queue ni tête sur un script sans queue ni tête, tout est absolument hallucinant. Surtout l’idée que l’équipe avait de l’argent pour produire le film à l’époque.
A noter que le making-of est réalisé a posteriori par un des enfants acteur du film original.
Overnightn making of des Anges de Boston
Les Anges de Boston est un bon gros nanard 90 comme on les aime, mettant en scène deux mecs radicalisés dans leur catholicisme qui combattent les criminels dans un délire de violence. Le making-of qui en est tiré, Overnight, s’attache à la personnalité du réalisateur, Troy Duffy, aussi connu comme musicien, à mesure qu’il devient totalement dingue sur le tournage, entre crises de paranoïa et arrogance envers l’équipe. Les insultes pleuvent, la violence, aussi, sur le tournage, y compris à l’encontre des personnes qui filment Duffy sur le plateau alors même que c’est lui qui les a mandatés. Le récit d’un naufrage assez dingue.
30 Days in Hell, making of de The Devil’s Rejects
Si le film de Rob Zombie, sorti en 2005, a ses adeptes et ses détracteurs, le making of qui l’accompagne, 30 Days in Hell, devrait réconcilier tout le monde. Voir un acteur se plaindre de devoir simuler une scène de viol, ça vaut le détour. Et Rob Zombie évolue dans ce monde avec une grâce assez marrante, qui le rend plus sympathique que son film. Le documentaire est noté 8,1 sur IMDB, ce qui est assez solide.
Fucking Kassovitz, making of de Babylon A.D.
On sait que Babylon A.D. est une merde. Kassovitz le reconnaît lui-même, mais fait porter le chapeau aux studios. Du coup, on sait aussi que le tournage s’est très mal passé, notamment dans la relation entre Kassovitz et Vin Diesel. Et le documentaire le confirme : Kassovitz passe son temps à gueuler sur tout le monde parce que rien ne se passe comme il le veut, et les images sont saisissantes. La tension entre Vin Diesel et Kassovitz est permanente et souligne les errances d’une production dans laquelle personne ne se parle.
C’est culte.
Lost in La Mancha (2003) / L'homme qui tua Don Quichotte
Maintenant que le film est fini, on aurait tendance à espérer qu’il sera meilleur que le doc. Mais dans l’hypothèse où il ne sera peut-être jamais vu, puisqu’après des milliers de problèmes de tournage Gilliam est désormais confronté à des milliers de problèmes de production, Lost in la Mancha reste un documentaire incontournable pour qui apprécie de rire jaune en regardant des gens être frappés par toutes les merdes possibles et imaginables qui puissent arriver à un tournage : inondations en plein désert, blessure de l’acteur principal (Jean Rochefort), incendies.
American Movie, making of de Coven
Peu connu en France, le film Coven est en grande partie devenu culte grâce au documentaire sur son tournage sorti deux ans après lui. Ce petit film d’horreur de rien du tout sorti en 1997 est totalement dispensable ; en revanche, le making-of montre le montage d’un film sans une thune, sans un technicien et sans script valable. Des images assez incroyables du cinéma tel qu’on s’efforce de le fabriquer quand on a plus de rêves que de moyens.
Star Wars : Within a Minute, Making of de Star Wars : Episode III
Bon, on connaît le film : dispensable. En revanche, voir les équipes bosser pour ce film en très grande partie tourné en CGI (l’un des premiers), les acteurs répéter et se plaindre, Hayden Christensen avant sa grande disparition et, globalement, George Lucas travailler avant de tirer une révérence définitive, fait de ce documentaire un peu consensuel un objet filmique relativement intéressant, surtout si l’on est total fan.
Full Tilt Boogie, making of d'Une nuit en enfer
Le film de Robert Rodriguez, avec Clooney et Tarantino, n’est pas à proprement parler un navet. Pas du tout. Mais la force du documentaire est de donner la parole aux acteurs. Bonne ambiance sur le tournage, réflexions amusantes (« Un acteur est un menteur qui se fait payer »), blagues de George Clooney… On en a pour sa gratuité.
Burden of Dreams, making of de Fitzcarraldo
A la différence des autres films de ce top, Fitzcarraldo est un chef d’oeuvre. Le film de Werner Herzog, sorti en 1982 et qui raconte l’histoire d’un mec totalement dingue (Klaus Kinski) qui cherche à se frayer un nouveau passage vers une source de caoutchouc afin d’accumuler suffisamment de thunes pour construire un opéra en pleine forêt amazonienne est un must-see absolu. Mais le documentaire sur la production du film est tout aussi bon, sinon encore meilleur. Kinski et Herzog passaient leur temps à se chamailler dans une ambiance de fin du monde, en pleine Amazonie. La scène où un bateau est tracté à terre d’une rivière à l’autre est réellement jouée par les acteurs et les figurants indigènes, et les images de sa réalisation sont stupéfiantes. Quand on sait en plus que le tournage du film a été menacé par la guerre civile péruvienne et qu’il a duré 4 ans, on ne peut qu’être fasciné.
Dangerous Days, making of de Blade Runner
Excellent film qui a un peu mal vieilli, le film de Ridley Scott adapté de Philip K. Dick a bénéficié d’un making of sorti 20 ans plus tard, en 2007. On y voit la transcription des nombreux storyboards à l’écran, ainsi que le travail de production des décors et des costumes dans un niveau de détail passionnant. Et puis il faut reconnaître qu’Harrison Ford est quand même à la fois sympathique et marrant.
Un jour, il faudra faire un making-of des making-of.
Sources : Top Tenz, Sens critique,