Il y a un siècle, le monde entier avait basculé dans le chaos. La Grande Guerre marque la fin des empires et le début d’une nouvelle ère pour l’humanité qui découvre les risques et l’horreur d’une « guerre moderne« . Mais cette accélération de l’Histoire a eu un prix : au moment où l’Armistice est signé signé le 11 novembre 1918 à 5h15, 9 millions de personnes ont perdu la vie. En France comme ailleurs, les lieux de mémoire ont fleuri, pour qu’on ne relègue pas cette période de l’Histoire aux statistiques.
Circuit du Souvenir (Somme)
La Somme a de quoi occuper les passionnés de la Grande Guerre, on parle donc là bas de « circuit » plutôt que de « lieu ». Entre Péronne et Albert, vous disposez de 92 km de sites de combat, de cimetières militaire et de constructions diverses pour prendre la mesure du prix payé par ce département il y a à peine un siècle.
Nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette (Pas de Calais)
Nous sommes à Ablain-Saint-Nazaire près d’Arras devant la la plus grande nécropole militaire française. Tout simplement. 8 ossuaires, un carré musulman (qui a pris la mauvaise habitude d’être profané par des cons) et une tour lanterne de 52m de haut qui en impose.
Tranchée des Baïonnettes (Meuse)
A cet endroit, le 11 juin 1916, 57 hommes sont enterrés vivant après un bombardement alors qu’ils se préparaient à un assaut. Les pointes de leurs armes, émergeant de terre, baptisent ce site, « la tranchée de fusils » puis « la tranchée des fusils ». C’est un banquier américain qui donnera un demi-million de francs pour la construction du mémorial. A ce jour, seuls 47 corps ont été inhumés et 14 seulement ont été identifiés.
Mémorial de Vimy (Pas de Calais)
Puisque la Guerre a été « mondiale », les lieux du souvenir aussi. Il existe un Cimetière chinois à Nolette-sur-Mer dans la Somme, un Cimetière militaire portugais à Richebourg dans le Pas-de-Calais et donc ce cimetière canadien, marqué par ce monument, deux pylônes représentant respectivement le Canada et la France. Ca fait un peu nord-coréen, mais ça a quand même de l’allure.
La Tombe du Soldat Inconnu (Paris)
A vouloir bien faire, on tombe parfois dans le « marketing mémoriel ». En 1915, on veut marquer le coup, on décide de rendre hommage aux anonymes tombés pour leur pays. On légifère donc pour créer la mention « Mort Pour la France » et on cherche une idée pour symboliser cet hommage. L’idée viendra en 1920, on dispose 8 cercueils de soldats non-identifié ayant porté l’uniforme français sur l’un des champs de bataille du pays. Le jeune Auguste Thin, un seconde classe de 21 ans, doit en désigner un, ce sera celui qui sera inhumé sous l’Arc de Triomphe surmonté d’une flamme veillée par une association dédiée à son entretien. Tout ceci est bien compliqué mais c’est souvent le cas quand on veut contenter tout le monde.
Mémorial des Batailles de la Marne
Dormans, qualifiée de « le point synthétique des deux batailles de la Marne », celle de 1914 et celle de 1918, était toute désignée pour accueillir ce mémorial. Ce sont des catholiques qui prendront les choses en main en 1920 en édifiant cette bâtisse de 52m assez élégante.
Le Trou de la Boisselle (Somme)
Le village de La Boisselle est sur le Circuit du Souvenir mentionné plus haut, mais on voulait être sûr que vous ne le ratiez pas. On parle là d’un trou de 90m de diamètre et 22 de profondeur creusé par l’explosion de 27 tonnes d’explosifs disposés dans des tunnels. L’objectif était de faire débuter avec la manière l’offensive franco-britannique de la bataille de la Somme (et donc faire flipper les Allemands). Le bruit a été entendu jusqu’en Angleterre, bienvenue en Enfer.
Le Hartmannswillerkopf (Haut Rhin)
Rebaptisé Vieil Armand après la guerre, ce sommet a été l’un des enjeux des combats qui se sont déroulés en 1915 notamment. Près de 30 000 soldats y ont péri (15 000 de chaque côté) ce qui valu à la montagne le surnom de « mangeuse d’hommes »
Le Chemin des Dames (Aisne)
C’est ici, entre entre Soissons et Reims, que ce sont déroulés quelques uns de combats les plus meutriers du conflit : la Première Bataille de l’Aisne (août-septembre 1914), l »offensive Nivelle (avril-juin 1917) et la Troisième Bataille de l’Aisne (1918) ont forgé la réputation tragique de cette voie au nom poétique. 200 000 combattants français y ont perdu la vie, à peine moins du côté allemand, ce désormais paisible coin de campagne est aujourd’hui indissociable du bilan vertigineux des affrontements qui s’y sont déroulés.
Mémorial de la Grande Guerre de Sainte-Anne-d'Auray (Morbihan)
Le souvenir de la Grande Guerre n’est pas l’exclusivité du nord et de l’est de la France. Cette commune du Morbihan, honorée par ma visite du pape il y a quelques années, n’oublie pas les 240 000 Bretons tombés pour la France (selon les organisateurs, le chiffre exact serait en fait de 140 000, ce qui est déjà massif) et a édifié cette jolie rotonde de 52m de haut (quand même).
Sinon, il y a 36 000 monuments aux morts, autant que de communes en France, si vous n’en trouvez pas, c’est qu’il y a de la mauvaise volonté.