"Tout cela vit de cette vitalité hideuse des choses qui se sont organisées dans la désorganisation". Ainsi parlait Victor Hugo, qui avait bien saisi toute l'ignominie des "fêtes de fin d'année". Pour qui n'en a rien à carrer de l'enfant Jésus, Noël n'est rien d'autre que la célébration festive du Grand Capital et son cortège d'atrocités. Voici donc une plongée dans le cirque de l'horreur guimauvisant (c'est un néologisme) de cette période assassine pour le bon goût le plus élémentaire.
- Les décorations douteuses: le sapin en plastique. La fausse neige. Les boules. Les guirlandes velues aux couleurs improbables. Les angelots en feutrine. Autant d'attentats visuels pousse-au-suicide qui transforment n'importe quel salon honnête en bordel thaïlandais au clinquant racoleur.
- Les maisons recouvertes de loupiotes: faire de son pavillon de banlieue une succursale de Las Vegas, en voilà une belle idée. Ne manque plus qu'un Elvis approximatif errant dans le jardin et le succès, à défaut de l'élégance, est garanti.
- Les Pères Noël partout: le père noël factice, accroché à une corniche, tournoyant comme un pendu sur un gibet, atteint un degré de laideur presque comparable aux horribles pères Noël à la fausse barbe miteuse hantant les grandes surfaces et traquant les enfants pour se faire prendre en photo avec eux. A tel point que la version clochard rincé au vin en brique hurlant des insanités sur fond de Tino Rossi en devient presque réjouissante.
- Les chants de Noël qui donnent envie de tuer son chien: les chants de Noël sont à la musique ce que Margaret Thatcher fut à l'Angleterre. Un déversement de niaiseries, de chorales, de saloperies à grelots et surtout, surtout, la prolifération de "disques de Noël". Même Justin Bieber et Lady Gaga s'y sont mis, ce qui est le signe d'une abomination qui ne se cache même plus.
- Les crèches en carton: les crèches miniatures sont laides. (Ne parlons même pas des crèches grandeur nature). Poussés par un hypocrite relent de chrétienté, les aficionados de la crèche placeront opportunément sous leur sapin un horrible enfant Jésus entouré de figurines au regard bovin. Ce qui est normal pour le bœuf, mais qui l'est moins pour les autres protagonistes de cette triste mascarade en plâtre.
- L'appauvrissement culturel: ou l'affreux vortex de Noël. Compte tenu d'une programmation dégoulinante de mièvrerie et de sucres d'orge, on sera encore plus tenté que d'habitude d'éteindre sa télévision. Malheureusement Noël s'incruste partout. Plus moyen de lire un journal sans tomber sur un reportage à propos de la fabrication de santons traditionnels, ou la recette de la dinde au marrons de grand-mère. Ce lobby des lutins donne envie de se barricader dans un bunker jusqu'à janvier.
- Les chapeaux de père Noël lumineux : qu'y a-t-il de pire que les vitrines de magasins truffées de bonshommes de neige et de rennes à gros pif aviné ? N'importe quelle personne jugeant de bon ton de s'affubler d'un chapeau de père noël avec des étoiles clignotantes. Tout est dit.
- La bouffe par kilos: l'étonnante résistance de l'être humain moyen face à l'ingurgitation massive d'huîtres, de dinde, de foie gras et de chocolat sur une période réduite reste un mystère. Période d'indécence alimentaire où l'on se sent un peu sale, après trois tranches de saumon fumé, en pensant à ces gens du tiers-monde qui ont l'outrecuidance de crever de faim pendant les fêtes, faisant culpabiliser sans vergogne les bien nourris.
- La buche de 6 mètres: elle est trop grosse, trop grasse et trop sucrée. Personne ne l'aime vraiment, mais on y a droit tous les ans parce que quand même "c'est Noël". Alors tous les ans on cherche le nain souriant avec sa petite scie qui trône sur ce morceau de gras, et discrètement, on lui arrache la tête. A Noël, il y a un Dexter en chacun de nous.
- "L'esprit de noël": on nous bassine dès le mois d'octobre avec "la magie de Noël". Supporter sa famille, souhaiter de bonnes fêtes à des gens qu'on déteste le reste de l'année, voir des enfants partout, tout le temps, envahir les rues, et ne pas avoir un regard pour ceux qui n'ont pas tout ça, effectivement, c'est magique.
Cette année, rejoignez le Mouvement Anti Noël et ne vous laissez pas imposer une année de plus des lutins en plastique avec une scie sur la bûche.