La Bible est une compilation de récits, mais ils ne sont pas les seuls et uniques récits ayant trait à la naissance du monde, à la vie de Jésus ou à la vie des apôtres. Simplement, l’Eglise n’a pas reconnu l’intégralité des écritures comme authentiques ou du moins canoniques et il existe un univers étendu de la Bible comme il existe un univers étendu de Star Wars, défendu par certains, pourfendu par d’autres et dont la nature peut être très variable. Or, dans cette constellation, il y a des histoires absolument dingo-dingues.
A l'époque, les prophètes pouvaient être sciés en deux
Bon faut se remettre dans le contexte aussi, on n’avait pas MILLE trucs pour torturer des gens. Maintenant, imaginez un peu le truc : vous vous appelez Juda de Manassé et vous montez sur le trône alors qu’il y a un prophète qui crie à tous les vents que vous êtes un serviteur du diable. C’est à peu près ce que raconte l’Ascension d’Isaïe, un texte apocryphe généralement daté du II° siècle. Donc le type arrête pas « ce type sert le diable nananananère, ce type sert le diable, nananananana ». Avant de se planquer dans les montagnes à la cool. Forcément, vous, vous en avez un peu marre à la fin. Du coup, quand un autre type qui se dit prophète mais qui lui est beaucoup plus cool avec vous vous suggère de torturer le prophète qui fait rien qu’à dire du mal, vous considérez sa proposition. Et voilà comment Isaïe se retrouve pris par les forces du roi Manassé et tenu de retirer ce qu’il a dit pendant qu’on le coupe en deux avec une scie à bois. Autour, tout le monde se tient debout, regarde et rit de bon coeur. C’est vrai que c’est une scène cocasse (à l’époque, on n’avait pas inventé le cinéma parlant, niveau comédie, c’était pas top la vie).
Marie a un Galaxy S7 à la place du vagin
Le protévangile de Jacques livre sa propre version de la naissance de Jésus. Je vous la fais courte : Marie et Joseph ne sont pas mariés, Marie est bel et bien vierge, tout ce beau monde se déplace à dos d’âne avec Marie enceinte jusqu’aux yeux qui rit et pleure alternativement à chaque fois que Joseph se retourne. Là tout à coup, les contractions, tout le toutim. Joseph cherche un endroit pour cacher la pudeur de sa femme et l’installe dans une grotte. Et là, il court chercher une sage-femme. A un moment, le temps est entièrement suspendu, puis un rayon lumineux sort de la grotte et bim bam boum Jésus est là. Là dessus, la sage-femme en sortant, tombe sur Salomé et lui raconte le miracle. Salomé veut le voir pour y croire et dit « je veux toucher et si c’est vrai, que ma main soit brûlée ! »
Elle touche le lieu par lequel on extraie généralement les gnards, c’est vrai : zut et sa main brûle. Heureusement, une petite prière rapidou et sa main redevient telle quelle. Plus de peur que de mal. Quant à Marie, on dit qu’elle n’avait pas le droit de prendre l’avion en raison de ses explosions de vagin.
Judas serait mort comme dans un mauvais slasher
Il était un évêque au début du II° siècle, considéré comme un bienheureux par l’église et qui s’appelait Papias. Il a écrit un truc, avec du papier et tout, même si à l’époque il n’y avait pas vraiment de papier mais des parchemins, en tous les cas retenez que Papias n’était pas sans papier. Sauf que ce bouquin est perdu et qu’on n’en a gardé trace que dans d’autres récits postérieurs. Et figurez-vous que dans une scholie d’Apollinaire de Laodicée, il est fait mention d’un détail de la mort de Judas que la Bible n’a pas retenu, détail relaté par Papias himself. Voilà ce qui serait arrivé à Judas : après avoir dénoncé Jésus, Judas s’est mis à enfler. Mais genre à enfler gravos. A enfler comme un poisson-hérisson qui ferait une crise d’aérophagie après avoir pris un menu Maxi Best Of. Tellement qu’il ne pouvait même plus passer par les portes de la ville. ET BOUM Judas. Ses boyaux répandus dans la rue, pas encore d’entreprises de nettoyage public efficaces, le bordel, quoi.
La création du monde, je vous raconte pas le bordel
Le livre d’Henoch fait un récit étonnant des premiers jours du monde. On est sur une histoire d’amour qui tourne mal. Dieu a créé les anges, d’un côté, et les hommes de l’autre. Les hommes font ce qu’ils savent faire le mieux, l’amour, évidemment, et il en résulte l’apparition de jolies filles qui rendent les anges fous. Certains d’entre eux descendent sur terre et marient les filles de force. Ils sont deux cents à désobéir à l’ordre du chef des anges en mode balek. Là-dessus, ils enfantent des géants avec les humaines et c’est là que ça devient problématique : vous savez ce que ça coûte à nourrir un géant ? C’est un bordel. Résultat, les géants se mettent à manger les oiseaux, les reptiles, puis carrément les humains. Autant le dire tout de suite : Dieu n’est pas content. D’autant qu’un ange se met à apprendre aux hommes à se maquiller, à faire des armes, à niquer mieux… Corruption que tout ça. Bref, tout ça se termine en monde « erase game » avec Dieu qui envoie une bonne grosse inondation sur la Terre pour nettoyer toute la fange.
Jésus, l'enfant qui parle et saoule tout le monde
Dans l’Evangile syriaque de l’enfance, un texte apocryphe dont une partie est reprise par le Coran, la naissance de Jésus avait des allures de conférence reloue. Jésus est un bébé placé dans un berceau qui se met tout de suite à déblatérer sur la théologie en assignant à sa mère des missions super précises et en lui expliquant tout ce qu’il va se passer à l’avenir. Et pas humble pour deux sous, en mode direct « Je suis le Verbe ». Autant dire que, si j’avais été Marie, j’aurais fait semblant d’aller acheter des cigarettes pour fuir ce bébé pénible, mais Marie avait manifestement d’autres idées en tête.
Judas fait de la chirurgie esthétique et se retrouve crucifié à la place de Jésus
L’Evangile de Barnabé est un texte apocryphe qui semble vouloir concilier les traditions catholique et musulmane dans une forme de syncrétisme. Sa trace la plus ancienne remonte au XIII° siècle. Il y est raconté que, le jour où il devait se faire crucifier, Jésus s’est démerdé pour caler un rendez-vous avec son géniteur au Paradis, ce qui lui a permis d’éviter la tannée. En revanche, parce qu’il fallait bien un crucifié, c’est Judas qui s’y est collé empruntant, magie magie et vos idées ont du génie, les traits du Sauveur pour donner le change (on ne sait pas s’il était volontaire ou non). En tous les cas, le récit fait de Jésus un simple prophète et non le fils de Dieu, cadrant dès lors avec la tradition musulmane.
Le Christ a fait un petit tour aux enfers et il a terrifié tout le monde
Parmi d’autres récits plus ou moins zarbis, l’Evangile de Nicodème, ou Actes de Pilate, un texte apocryphe grec du IV° siècle, raconte comment Jésus s’est rendu aux enfers. Satan en avait par-dessus la tête de ce Jésus Christ qui faisait rien qu’à contrecarrer ses plans : il va voir le Prince des Enfers et lui dit de s’apprêter à accueillir Jésus chez lui en mode couch surfing. Le Prince des enfers est dubitatif : le truc c’est que Jésus a réussi à récupérer pas mal de morts des enfers quand il était sur terre, donc si c’est pour faire rentrer le loup dans la bergerie, merci mais non merci. Ces réserves saoulent Satan, mais voilà qu’on entend le bruit de la parole de la gloire tout ça tout ça et le Prince panique, fout Satan dehors et essaie de se barricader chez lui pour que Jésus ne rentre pas. Puis finalement, il fait son petit mignon et Jésus visite les Enfers comme un chef d’Etat étranger avec tout le protocole et même les petits fours.
Abraham ou le mec le plus long à mourir du monde
Vous pensiez que James Bond était le seul mec capable d’échapper à la mort dans toutes les circonstances ? Non, y’a Abraham aussi. En tous les cas, c’est ce que raconte son testament. Au départ, Dieu envoie Michel, un ange qui a un nom rigolo, pour qu’il aille prévenir Abraham de sa fin prochaine et qu’il mette ses affaires en ordre. Sauf que Michel trouve Abraham tellement sympa qu’il ose rien lui dire. Bon joueur, Dieu met en place un stratagème complexe faisant intervenir un rêve prémonitoire dans la tête du fils d’Abraham dans lequel son père meurt ; bon, c’est pas hyper clair, mais Abraham a compris. Alors il chouine. Il chouine, il chouine, il chouine et il demande à découvrir le monde avant de mourir. Comme Dieu en a marre qu’il chouine il dit OK. Abraham se retrouve sur le chariot des chérubins et voit le monde entier. D’abord, il demande à ce que tous les mecs pas gentils qu’il voit soient tués dans des circonstances affreuses et Dieu, qui ne jure que par Abraham, dit OK aussi. Ensuite, ils font une visite guidée du ciel, Abraham comprend tous les rouages de la mécanique administrative céleste, c’est long, Michel est fatigué, mais de retour sur terre, Abraham refuse toujours de mourir. Bref, Michel sait pas quoi faire : il va voir Dieu, qui envoie la mort. Celle-ci montre le bout de son nez sous 14 visages différents, avec des têtes de serpents, d’animaux bizarres, la totale, mais Abraham est inflexible : il ne veut PAS mourir merci mais non merci. En plus Abraham arrête pas de dire à la mort qu’il ne croit pas qu’elle est la mort, ce qui a tendance à énerver la faucheuse, laquelle en profite pour tuer 7000 personnes afin de montrer qu’elle est balèze. Abraham prie, les serviteurs revivent, mais il ne veut toujours pas mourir et la mort doit user d’une ruse pour réussir à l’emporter. Pé.Nible.
Quand l'enfer est très très très très très méchant
Dans l’Apocalypse selon Pierre, il est fait état d’une très juste différenciation entre le paradis et l’enfer. Déjà, le paradis ressemble à l’Allemagne nazie : les gens sont tous blancs et beaux, il y a des edelweiss partout, les gens portent des fringues faites de lumière et, HORREUR, tout le monde chanter une chorale permanente. Le karaoké éternel. AAAAAAAHHHHH ! Bref, c’est un enfer, mais moins que l’enfer lui-même. Voilà ce qui attend les pêcheurs : t’as blasphémé ? Tu seras pendu par la langue. T’as été adultère ? Si t’es une femme, on te pend par les cheveux, si tu es un homme, on te pend par les pieds. T’as tué ? Tu brûles pour l’éternité. Tu as couché avec un autre mec ? On t’enculera jusqu’à ce que tu en meures. Tu as avorté ? On te place dans un lac formé avec le sang et les entrailles de tous les autres pêcheurs.
Si tu vas pas à la messe, gare à tes récoltes
La lettre de Jésus Christ sur le dimanche dit en gros la chose suivante : si tu ne fais pas tes devoir dominicaux, tu vas en prendre plein la gueule et gare à tes récoltes. Alors non, c’est pas si glauque, mais imaginez un peu maintenant qu’on a voté pour le travail du dimanche ce qu’on risque un peu, hein, ma bonne dame, moi je veux pas me retrouver en pénurie de patates parce que je suis pas allé à la messe, bordel, c’est pas juste soyez sport un peu les mecs. Je cuve, moi, le dimanche. A cause du sang du Christ en plus.