L'Histoire retiendra sûrement des années 1990 le phénomène Nirvana, la brit-pop toute puissante et les boys-bands. Mais s'il s'est passé un truc important à cette époque, c'est le décloisonnement des genres : dans les 90's, même les plus intégristes des rockeurs ont daigné tendre une oreille à ce qui se faisait dans l'électro et dans le hip-hop. On pouvait aimer les grosses guitares et remuer la tête sur du Prodigy et du Chemical Brothers. Dans ce contexte, l'école de Bristol a réussi à mettre en oeuvre une révolution : des groupes produisant des morceaux à base de boucles et les reproduisant sur scène avec de vrais instrument. Il n'y aurait plus de clans, plus de guerres, plus d'églises, juste des bons morceaux de "trip-hop".
- Tricky
Si le roi du rock est Elvis, le King of Pop est Michael et le gourou du jazz manouche est Django, on peut dire que Tricky est le patron dans le Trip-hop. Après une jeunesse tourmentée, il rejoins Massive Attack avant de voler de ses propres ailes avec une merveille baptisée Maxinquaye. Le Trip-hop et son nom crétin disparaîtra sûrement un jour (si ce n'est pas déjà le cas), mais pas cet album.
- Portishead
Là encore, le genre "trip-hop" parait trop étroit pour le génie qui transpire des premiers albums de ce groupe. Glory Box est LA chanson des années 1990 et le son de Dummy, n'a pas pris une ride depuis 20 ans. Quand on a de bonnes chansons, en général, ça se passe bien.
- Massive Attack
Avec le recul, on peut penser que le genre n'aurait même pas été défini et théoriser sans Massive Attack. Tout ce petit monde se serait retrouvé dans les bacs "electro" ou "pop" selon les cas. Mais avec ce collectif (plus qu'un "groupe"), le genre a une référence et touche un peu plus le grand public.
- Morcheeba
Deux frères bricoleurs et une chanteuse à la voix de velours, c'est la recette idéale. Comme tous les bons groupe de trip-hop, Morcheeba n'a pas besoin de coup d'essai et balance dès son premier album une pièce d'orfèvre, Who Can You Trust, ce qui suffit à les faire rentrer dans ce top.
- Ruby
Concurrent déclaré de Garbage (qui aurait pu, ou dû, être dans ce Top), Ruby ne connait pas le même éclat. Comme quoi, avoir Butch Vig à la batterie, c'est un vrai avantage. Mais le groupe peut se targuer d'avoir donné du bonheur aux amateurs éclairés de l'époque, ceux qui ont eu la bonne idée de traîner aux Transmusicales de Rennes dans ces années là.
- DJ Shadow
La légende veut que ce soit pour qualifier ce single sorti sous l'étendard du label Mo Wax que fut utilisé pour la première fois le terme "Trip-hop". En réalité, DJ Shadow posera les bases en béton armé de "l'abstract hip-hop", mais le jeu des étiquette est rapidement devenu confus.
- Supreme Beings of Leisure
Quand les Américains s'emparent d'un genre musical, il le fond à leur sauce : c'est en effet précédé de quelques habillages de publicités (SNCF, Lancia) que ce groupe remplit les bacs de nos disquaires, comme le fit Moby avant eux. Ca n'enlève en rien la qualité du groupe et ça contribue à installer le trip-hop comme genre établi.
- Zero 7
Injustement présenté comme le Air britannique (même si c'est flatteur) après des remixes soignés pour des groupes comme Radiohead, Zero 7 fait partie d'une génération "post-trip-hop", celle qui multipliait les guests sur chaque album à la manière de Death in Vegas ou de Daft Punk aujourd'hui. On sera rentré dans le nouveau siècle avec des groupes d'ingénieurs du son, et finalement c'est pas mal.
- The Beta Band
Plus "pop" que "trip" (quelle phrase étrange), The Beta Band restera à tout jamais le disque que John Cusack met dans sa boutique de disque dans High Fidelity en disant "Je vais vendre 5 copies de The Three EPs..." puis d'attendre que les clients ne se décident à demander "qu'est-ce qu'on écoute là? C'est bon!"
- Sneaker Pimps
Curieusement, le souvenir qu'on garde de ce groupe, c'est cette chanteuse, et elle sera dégagée de la formation au terme de la tournée de ce premier album. Et tout le monde oubliera Sneaker Pimps. Bien fait.
On n'est pas bien là?
Source photo : Rama