Nous avions déjà passé en revue les scandales ayant ébranlé d’autres services secrets (voir notre top des scandales de la CIA ici et celui sur les scandales de la DGSE là). Les Russes n’étant pas en reste, voilà quelques uns des plus gros scandales qui ont ébranlé le service fédéral de la sécurité russe, digne descendant du KGB et de ses alias précédents.
Les affaires de cyberespionnage
Le laboratoire Kapersky, que l’on peut apercevoir dans Le Bureau des Légendes, est un poisson pilote du FSB très utile pour réaliser du cyberespionnage à grande échelle. En 2015, des cyber-espions ont ainsi réussi à voler des informations sur les logiciels utilisés par la NSA pour pirater leurs propres cibles. C’est un peu le jeu, vous me direz, mais c’est un jeu totalement interdit. Toujours est-il que le laboratoire Kapersky est aussi la cible prioritaire des services étrangers pour infiltrer l’espionnage russe : c’est ainsi que Ruslan Stoyanov, le chef de la cellule d’investigation de Kaspersky Lab, a été arrêté pour trahison d’Etat. Il avait reçu de l’argent d’entreprises américaines pour voler des informations secrètes.
L'art du kompromat
Le kompromat, c’est l’essence même du travail des services secrets russes : ça consiste tout simplement à récupérer des informations compromettantes sur des gens pour ensuite les faire chanter afin qu’ils collaborent. Le KGB était coutumier du fait (l’affaire Maurice Dejean est révélatrice dans le genre) et le FSB n’a pas changé de méthode. Iouri Skouratov a fait l’objet de pareil chantage à la fin des années 1990, payant son opposition au clan Poutine, de même que Mikhail Kassianov en 2016.
Les meurtres politiques
Exilés tchétchènes à Berlin, Sergueï Skripal (même s’ils ont raté), Alexandre Litvinenko, Nikolaï Glouchkov… Le FSB est de tous les bons coups quand il s’agit de flinguer des opposants à Poutine. Un exemple parmi d’autres : ex-agent du KGB, Alexandre Litvinenko était un oligarque notoirement opposé à Vladimir Poutine. En 2006, il rencontre deux hommes d’affaires pour discuter investissements à Londres, au Millenium Hotel. Litvinenko menait des investigations sur les liens unissant Moscou à certains réseaux mafieux et avait de nombreux contacts avec le MI6. Il prend un thé. Peu après, il se sent mal. Après plusieurs semaines d’agonie, le voilà qui meurt. On découvre que son thé avait été empoisonné au polonium-210. Le seul hic, c’est que le polonium-210 est essentiellement fabriqué en Russie, et que Litvinenko ne meurt pas tout de suite : il a le temps, à l’hôpital, de livrer aux enquêteurs tous les détails de son assassinat. Étonnant, hein.
Pour d’autres histoires d’empoisonnements politiques, ça se passe ici.
Le scandale de l'élection de Trump
Le gouvernement américain a officiellement accusé les services secrets russes d’ingérence dans la campagne présidentielle de 2016. L’affaire est connue, désormais, mais on saisit mal sa chronologie. Dès avril 2016, les responsables du parti démocrate avaient repéré des logiciels espions sur leurs ordinateurs. Les mails récupérés par les services russes sont finalement publiés par Wikileaks et la CIA avertit officiellement Obama de l’intention de Poutine de fragiliser Clinton au profit de Trump. En plus de ce piratage, le FSB a aussi mené de front plusieurs campagnes de désinformation, animant des comptes Facebook susceptibles de faire tourner l’élection. De là à penser que Trump est un agent dormant du FSB, il n’y a qu’un pas et je le franchis.
Un noyautage des élites
Le FSB détient directement ou indirectement tout le pouvoir en Russie. 80% des responsables politiques russes de premier plan ont préalablement travaillé au KGB ou au FSB. Lors de l’effondrement du parti, le KGB avait pris ses précautions en planquant de l’argent dans des holdings occidentales. Cet argent a ensuite servi aux premiers oligarques lors de l’ouverture du pays à l’économie de marché. De fait, quasiment toutes les sphères de pouvoir politique et économique sont contrôlées par la sécurité russe qui fait la pluie et le beau temps dans le pays.
La corruption économique
Cette présence massive d’agents du FSB dans toutes les sphères économiques permet aussi à la centrale de manipuler les chiffres et d’ainsi agir directement pour saper des marchés, favoriser des entreprises au profit d’autres et surtout faire disparaître des quantités astronomiques d’argent en détournant des investissements. Ces pratiques ont commencé dès la chute du mur (même avant, pendant la perestroïka) mais elles sont devenues la norme dans l’économie russe.
L'organisation du dopage d'Etat
L’existence d’un dopage d’Etat russe est désormais attestée. Le rôle du FSB dans cette affaire est moins clair, en revanche. Il est avéré que tous les journalistes qui ont essayé de mener l’enquête sur ces pratiques généralisées ont fait l’objet de campagnes d’intimidation de la part des services secrets russes. Pire, l’Agence mondiale antidopage a elle-même été menacée par des agents du FSB et ses envoyés ont dû renoncer à mener leur enquête à bien. Le FSB serait notamment impliqué dans la disparition de tous les contrôles positifs des athlètes.
La deuxième guerre de Tchétchénie
C’est la seconde guerre de Tchétchénie qui a permis à Poutine de conquérir définitivement le pouvoir. Mais les origines de la guerre sont troubles : le déploiement des troupes russes s’est fait après une vague d’attentats attribués à une organisation séparatiste. Le problème, c’est que nombre d’observateurs estiment que ces attentats ont en réalité été organisés par le FSB lui-même afin de justifier une intervention en Tchétchénie pour porter Poutine, un ancien de la centrale, au pouvoir. On parle de 150.000 morts.
Pas si secrets, les services secrets MDR.