La plupart du temps un sportif, sur le terrain, il se tait et joue. Et quand il est en interview, c'est encore du classique: il n'a pas de regrets à avoir, il a donné le meilleur de lui-même, l'important c'était la victoire et peu importe la manière, il est content, il faut encore travailler mais il a beaucoup appris... Une gentille petite litanie qui passe dans nos oreilles sans qu'on l'entende vraiment tant le discours est convenu (sur des questions du même ordre reconnaissons-le). Et puis il y a les autres, ceux pour qui les mots ont un sens, ceux qui sortent de leurs gonds de temps en temps pour bien faire circuler le sang, les grandes gueules qui savent aussi se rendre sympathiques, qu'on a envie de remercier pour amener un peu de vie, une fracture dans un monde bien lisse. Ces 10 là en font partie, sur le terrain et/ou en dehors.
- John McEnroe: le gaucher au toucher de balle inimitable, qui lui permit de dominer en partie le tennis dans les années 80. Mais ce qu'on retient aussi (et surtout) de McEnroe, ce sont ses coups de gueule légendaires contre les arbitres, les joueurs, le public, le vent, le monde entier. You cannot be serious, John.
- Mohammed Ali: un boxeur qui annonce qu'il va gagner c'est du classique. Mais un boxeur avec la verve et la fougue et l'entrain de Mohammed/Cassius Ali/Clay, il n'y a en qu'un. Qui vole comme un papillon et pique comme une abeille, avec un physique d'acteur. Avec Benichou, on se dit que le message serait moins passé, laboxe c'est l'art d'allier le geste à la parole.
- Eric Cantona: s'il ne devait en rester qu'un. Eric le King avait autant de classe sur le terrain que le verbe facile lorsqu'il avait un truc à dire. Fallait pas l'énerver. Ou plutôt si, le franc parler, souvent ça nous manque.
- José Mourinho: on ne peut pas se faire appeler le Special One et ne pas faire partie de ce top. José Mourinho parle et parle encore, s'écoute et se plaît. D'abord pour protéger ses joueurs et concentrer le cirque médiatique sur ses frêles épaules, mais ensuite après sûrement pour le plaisir du bon mot. Il arrangue la foule, chambre les joueurs, et à la fin il gagne.
- Diego Armando Maradona: unique sur le terrain et unique en dehors. Question frasque médiatique, avec le mini géant argentin, on a eu droit à peu près à toute la panoplie. Maradona a toujours aimé gagner, s'est perdu, retrouvé et perdu encore, mais jamais en silence. Chambreur oui, il l'a été, et s'il a quelque chose à dire, peu de choses l'arrêteront, même pas parfois le bon sens. Ca reste quand même autre chose que Pelé et ses pubs pour le Viagra.
- Michael Jordan: bien sûr on aurait pu citer aussi Charles Barkley, Larry Bird, Gary Payton, Kevin Garnett, et autres basketteurs au trash talk facile, mais honneur au roi du jeu. MJ n'était pas simplement le plus grand joueur sur le terrain, son jeu s'accompagnait de pas mal de douces paroles aux oreilles de ses adversaires. On n'en attendait pas moins d'un gars capable d'envoyer un fax avec un simple "I'm back" à tous les médias des US pour signifier son retour.
- Mike Tyson: forcément présent dans cette sélection. Avant de vouloir se calmer et finir dans Very Bad Trip, les poings de Mike Tyson ne suffisaient pas à exprimer sa rage, il doublait ça avec la parole. Et plus la boxe de l'homme au short noir déclinait, plus il en rajoutait avec un message particulier pour Lennox Lewis. Qui le battra en 8 rounds quelques semaines plus tard et commencera son inaltérable chute.
- Bernard Hinault: grande gueule le blaireau. Ce qui est rare est cher. Il ne parlait pas beaucoup, mais on l'écoutait souvent et il savait très largement se faire entendre en choisissant de parler cash. Quitte aussi à filer un pain ou deux à des spectateurs un peu trop pressants et déclarer que les cyclistes français actuels ne sont pas assez durs à l'effort. Quand on est sûr de soi et de son talent, pourquoi se priver ?
- Mario Balotelli: le jeune footballeur italien a pour le moment plus démontré dans les journaux que sur les terrains d'Italie et d'Angleterre. Mais il parle, nous balade de déclaration fracassante en déclaration fracassante. Il s'est cette année déclaré meilleur joueur du monde après Messi. Grande gueule et gros melon, ça marche ensemble ? Il lui reste quelques progrès à faire cependant.
- Philippe Lucas: le très médiatique entraîneur qui rendit Laure Manaudou célèbre, à moins que ce soit l'inverse. Pour finir aux Guignols, il faut bien avoir quelque chose de spécial. Plusieurs choses même: un look, un phrasé, un vocabulaire. Et pis c'est tout.
- (Bonus 1) Pierre Ménès, Daniel Riollo, Roland Courbis, Luiz Fernandez, Vincent Moscato...: une jolie petite palette de commentateur /consultant / animateur/ spécialiste/ ex, bref on ne sait plus trop. Capables de parler de sport pendant des heures sur Canal ou RMC. Forcément ça favorise le fait d'affirmer tout et son contraire d'une semaine à l'autre, pétages de plombs en sus si nécessaire. On n'a pas le même maillot, mais on a la même passion.
Et aussi, Bode Miller, Roy Keane, Vikash Dhorassoo, Vinnie Jones, Pierre Berbizier, Henri Leconte...
Source: Askmen, Bleacher Report