On pourrait presque comparer le fait d’être considéré comme un fou alors qu’on a raison au fameux syndrome de Cassandre, condamnée à ne jamais être écoutée alors qu’elle connaît la vérité. Si parfois vous pensez être convaincu d’avoir raison et que tout le monde se rit de vous, il est probable que vous soyez comme les personnes présentes dans ce top. Voyons donc ces maudits que personne ne considérait et qui pourtant avaient vu juste.
Ludwig Boltzmann, le physicien
Considéré comme le père de la physique statistique, Boltzmann était en son temps (1844-1906) un fervent défenseur des atomes. C’est en partie sur ce principe que, bien qu’il soit extrêmement respecté à son époque, il n’a pas été pris au sérieux sur ce sujet. Visionnaire avant l’heure, des années avant la formulation de l’hypothèse quantique de Max Planck et du concept de l’information de Claude Shannon, il n’a malheureusement pas été considéré sur ces sujets. Son travail a été poursuivi plus tard et est aujourd’hui considéré à sa juste valeur.
Ernest Hemingway et le FBI
Avant de mettre fin à ses jours le 2 juillet 1961, l’écrivain américain était persuadé d’être traqué par le FBI. Le New York Times avait d’ailleurs en 2011 émis la possibilité que son suicide soit lié à des pressions de l’organisme sur sa personne. Le problème c’est qu’à l’époque son entourage le pense paranoïaque et ne soupçonne pas que le FBI enquête réellement sur lui. Séjour en hôpital psychiatrique, éléctro-thérapie, il passe par plusieurs « traitements » que ses proches lui conseillent. La déclassification de dossiers du FBI lui donne raison (bien après sa mort tragique) puisqu’il était bien l’objet d’un dossier et était vraiment suivi et mis sur écoute, comme il tentait de le répéter à ses proches.
Alfred Wegener et la dérive des continents
Cet astronome et climatologue Allemand avait en 1912 commencé à théoriser la dérive des continents qu’il a poursuivi dans son livre « L’origine des continents et des océans » en 1915. Après plusieurs expéditions au Groenland, il rejette la théorie de l’époque qui attribue au refroidissement de la Terre la formation des montagnes et des océans par plissements (théorie de la pomme ridée). Son travail n’est pas pris au sérieux car certaines de ses théories n’ont pas les preuves suffisantes pour être acceptées. Ce n’est que quarante ans après sa mort que la communauté scientifique reconnaitra pleinement ses recherches lorsque la mécanique des plaques tectoniques sera avérée.
L'affaire Azaria Chamberlain
C’est lorsqu’ils campent avec leur fille Azaria en 1980 que le cauchemar de Lindy et Michael Chamberlain commence. Leur fille de deux mois disparaît dans la nuit et ils tentent de dire à tout le monde qu’elle a été enlevée par un dingo (chien sauvage d’Australie). Le corps du nourrisson n’est jamais retrouvé et on accuse Lindy de s’être débarrassée de celui ci dans la nature alors qu’elle clame son innocence et pleure son enfant. Elle est jugée coupable de meurtre en 1982 et écope d’une peine de prison à perpétuité. En 1986, on retrouve un morceau de vêtement d’Azaria dans un endroit peuplé de dingos et l’affaire est relancée jusqu’à la libération de Lindy après quatre années d’enfermement. Près de 30 ans après les faits, en 2012, la version du dingo est confirmée par des spécialistes et les parents sont enfin innocentés. L’affaire à fait beaucoup de bruit à l’époque en Australie et a été adaptée en film (Un cri dans la nuit).
Barry Marshall et les ulcères de l'estomac
Ce médecin australien et professeur de microbiologie était persuadé que les ulcères de l’estomac n’étaient pas simplement provoqué par le stress ou la nourriture épicée comme le voulait la doctrine scientifique, mais pour la plupart par une bactérie (Helicobacter pylori). Moqué par la communauté scientifique qui était persuadée que des bactéries ne pouvaient pas survivre dans un environnement aussi acide que l’estomac, il décide d’avaler une éprouvette de culture pour se contaminer lui-même et prouver d’une part ce qu’il avance, et d’autre part qu’il peut le soigner avec des antibiotiques. Il prouve avec succès que la bactérie s’est bien installée dans son estomac et après une quinzaine de jours commence à prendre des antibiotiques. Sa découverte lui vaudra conjointement avec Robin Warren (avec qui il a réalisé les recherches) le prix Nobel de médecine en 2005.
J Harlen Bretz et la formation des Channeled Scablands
Ce géologue américain est devenu célèbre pour son travail sur les inondations de Spokane, néanmoins largement critiqué pendant des années. Pour résumer il émet l’hypothèse en 1923 que la zone désertique de Spokane aussi appelée « Channeled Scablands » (état de Washington) a été provoquée par des inondations massives remontant à très loin dans le temps. Pendant près de quarante ans il défend son hypothèse et subit des moqueries persistantes jusqu’à ce qu’on reconnaisse enfin qu’il avait raison. Il reçoit en 1979 à l’âge de 96 ans la médaille Penrose (plus haute distinction géologique américaine) et dit à son fils « Tous mes ennemis sont morts, donc je n’ai personne face à qui jubiler. » Il décède deux ans plus tard.
Martha Mitchell et l'affaire du Watergate
Martha Mitchell, épouse de John N. Mitchell, avocat du gouvernement américain sous la présidence de Richard Nixon, est devenue célèbre pour ses déclarations sur l’affaire du Watergate avant qu’elle ne soit connue du public. Lorsqu’on trouve qu’elle commence à « parler un peu trop », elle est « kidnappée » et retenue dans une chambre d’hôtel dans laquelle des gardes la tiennent captive malgré plusieurs tentatives d’évasions. Famille, amis, connaissances, presse, tout le monde se détourne d’elle et la prend pour une menteuse, une alcoolique ou une personne instable. Nixon confiera d’ailleurs dans la célèbre interview avec David Frost que « sans Martha Mitchell, il n’y aurait pas eu de Watergate », laissant comprendre qu’elle était la source de l’ébruitement de l’affaire. Aujourd’hui on parle « d’effet Martha Mitchell » lorsqu’on évoque un « processus pendant lequel un spécialiste de santé mentale se trompe sur la perception qu’un patient a d’un évènement pourtant bien réel en l’interprétant comme un délire. »
Les "radium girls"
Ce qu’on a appelé les « Radium girls » est un groupe d’ouvrières américaines exposées longuement au radium d’une peinture servant à marquer des cadrans lumineux aux alentours de 1917. Exposées à de fortes doses de rayonnements ionisants dans une compagnie (Us Radium) du New-Jersey, elles sont devenues célèbres lorsqu’elles ont entamé une procédure pour assigner la société en justice. L’affaire est relayée mais dans un premier temps elles ne sont pas prises au sérieux. Il se trouve que la société était pleinement consciente des risques puisque ses chimistes se protégeaient contre leur exposition. Lorsque les pinceaux avec lesquels elles peignaient les cadrans de montres s’effilochaient, les contremaîtres leur conseillaient d’épointer leur brosses avec leurs lèvres ou leurs langues. Fractures osseuses, anémies, tumeurs, nécroses de la mâchoire et autres troubles graves de la santé apparaissent et les 4 premiers décès ont lieu entre 1922 et 1924. Plusieurs ouvrières sont décédées au cours du procès qui a suivi.
John Snow et le choléra
Ok, c’est vraiment le nom d’un médecin britannique (1813-1858) considéré aujourd’hui comme un pionnier de l’anesthésie, de la santé publique, de l’épidémiologie et de l’hygiène. Il émet ses premières hypothèses sur la propagation du choléra en basant la cause sur l’ingestion (et non l’inhalation) d’un poison présent dans les eaux qu’il documente dans un ouvrage (1849) qui rencontrera majoritairement du scepticisme. Continuant son étude du sujet il complète son ouvrage dont on ne commencera à confirmer certaines parties qu’en 1868. Et ce n’est qu’en 1930 (72 ans après sa mort) que le fruit de son travail aura la reconnaissance méritée. Il est à noter que récemment on remet en question certains de ses travaux puisque plusieurs experts estiment qu’il testait principalement les idées des autres plutôt que de les trouver par lui même (ce que je ne peux prouver, vous imaginez bien, mais ça vaut le coup d’être signalé).
Courtney Love et Harvey Weinstein
En 2005, alors qu’on lui demande si elle a un conseil à donner aux jeunes femmes qui arrivent à Hollywood, elle répond : « Si Harvey Weinstein vous invite à une soirée privée à l’hôtel Four Seasons, n’y allez pas ». Elle est ensuite complètement exclue de la Creative Artists Agency (plus grosses agences d’acteurs d’Hollywood) et peu de monde la prend au sérieux (en tout cas les gens qui ne sont pas de la profession). Ce n’est que 12 ans plus tard en 2017 que l’affaire éclate au grand jour, mais il faudra encore un peu de temps pour que l’on déterre cette interview de Courtney Love et qu’on comprenne qu’elle essayait à juste titre de mettre tout le monde en garde contre un horrible prédateur sexuel.
Vous pouvez aussi aller voir les personnes qui avaient prévenu mais qu’on a pas écouté. C’est assez tragique également pour certains et triste à voir.
Sources : Reddit.