Il ne faut pas toujours croire Wikipédia. Si, généralement, l’encyclopédie en ligne est assez fiable, elle dispose aussi de pages consacrées à des personnes qui n’existent pas. Pour autant, on ne peut pas vraiment la blâmer, puisque ces personnes ont bien souvent été créées par des collectifs d’artistes ou de chercheurs aimant à tromper leur monde. Et on les comprend, j’adore ça moi aussi, tromper mon monde.
Alan Smithee
Le plus connu des anonymes. Alan Smithee est un pseudonyme utilisé par les réalisateurs dépossédés de leur oeuvre par des boîtes de production et qui ont honte du produit final. Smithee a ainsi réalisé une trentaine de films, dont le plus récent est Sexy Angels, sorti en 2007. Quant au choix du nom, c’est en réalité un anagramme de « The Alias Men »
Arthur Besse
Ce grand mathématicien cache en réalité tout un groupe de mathématiciens qui pont bossé beaucoup en géométrie différentielle (moi non plus je ne sais pas ce que c’est). Sous la direction de Marcel Berger, les mathématiciens en question sont allés jusqu’à lui inventer un lieu et une date de naissance, en 1975 – date du colloque où le choix d’écrire sous un seul nom a été effectué.
Franz Bibfeldt
Théologien prolifique, Bibfeldt est en réalité un type qui n’existe pas. Il serait né en 1897, mais sa première apparition date de 1951 en note de bas de page d’un examen, sous la plume de Robert Howard Clausen, un étudiant en théologie. Ensuite, le coloc dudit Clausen, un certain Marty, s’est mis en tête de faire la recension d’un bouquin inexistant attribué à Bibfeldt et intitulé « Le paradoxe apaisé ». Par la suite, d’autres se sont emparés du hoax et les écrits de Bibfeldt n’ont pas cessé de faire couler de l’encre pour rien.
Jean-Baptiste Botul
Créé en 1995 par Frédéric Pagès, agrégé de littérature et plume du canard enchaîné, Botul est un philosophe fictif qui aurait rédigé tout un essai sur la vie sexuelle d’Emmanuel Kant. Le truc marrant, c’est que Botul a ensuite été cité par d’autres auteurs tout à fait réels, ceux-là, à l’image de BHL qui a multiplié les références à l’oeuvre supposée de Botul dans son essai De la guerre en philosophie. Comme rien n’est plus plaisant que de se moquer de BHL, l’affaire a fait grand bruit et la notoriété de Botul s’en est ressentie.
Blanche Descartes
Pseudo utilisé par 4 mathématiciens anglais à l’humour géographiquement cohérent, Blanche Descartes a publié une trentaine d’ouvrages entre 1935 et 1945, y compris de la poésie. Si la plupart des membres du groupe ont ensuite commencé à écrire sous leur vrai nom, l’un d’eux, William Tutte, a continué à faire vivre Descartes, allant même jusqu’à refuser de reconnaître son inexistence y compris dans ses vieux jours.
Nicolas Bourbaki
C’est sous l’impulsion d’André Weil que Nicolas Bourbaki est né, en 1935, regroupant sous non nom tout un groupe de normaliens unis par le goût du jeu. En plus de signer sous ce nom, les membres du groupe ont, à la manière de l’Oulipo, inventé tout un imaginaire autour de ce personnage, allant jusqu’à lui donner une chaire de mathématiques dans un pays inventé, la Poldévie. Cette invention avait un sens ; au lendemain de la première guerre mondiale, de nombreux mathématiciens ayant été décimés, rares étaient les personnes à même de débusquer une telle supercherie. Par ailleurs, cette identité commune avait aussi vocation à la constitution d’un groupe au-delà des seules mathématiques.
G.W. Peck
Auteur de 16 publications scientifiques, Peck est en réalité un pseudonyme utilisé par un groupe de mathématiciens (décidément) américains et qui a même fini par donner lieu à un concept mathématique en tant que tel, le Peck Poset ; il s’agit d’un ensemble partiellement ordonné en gradation (MDR JE SÉ PAS CÉ KOI).
John Rainwater
Imaginé comme une simple blague d’étudiant, John Rainwater a fini par devenir un auteur influent dans le monde de l’analyse fonctionnelle. Là encore, il s’agit d’un pseudonyme cachant plusieurs chercheurs en mathématiques. Robert Phelps, l’un d’entre eux, a poussé le vice jusqu’à écrire une biographie de Rainwater.
Basile Valentin
Ce moine bénédictin du XV° siècle a été essentiellement connu au XVII°, quand ses traités d’alchimie ont commencé à être publiés. Mais ces traités ne sont certainement pas imputables à un moine bénédictin du XV° et plus certainement écrits au XVI° par des moines farceurs. Parmi eux, on compte Johann Thölde, qui aurait publié ses 5 premiers livres sous ce nom.
Adam Blade
Une collection de livres tous écrits par un seul et même auteur Adam Blade ; sauf qu’en réalité, sous ce nom, se cachent une multitude d’auteurs qui ont participé à la série Beast Quest, une collection de bouquins de fantaisie et d’aventure pour enfants dont le succès est considérable depuis 2007. Adam Blade doit être très riche, du coup.
Mieux vaut être plusieurs sous un seul nom que plusieurs dans sa tête.