Tout travail mérite salaire, il paraît. Pourtant, toute votre vie, sans le savoir, vous bossez gratuitement pour des entreprises. Le truc s’est accentué avec internet, si bien que des chercheurs ont théorisé le truc et l’ont appelé « digital labor » (ou « travail numérique » si vous êtes allergiques à l’anglais). En gros, l’idée, c’est que, quand on est sur internet, on produit de la valeur, et cette valeur est captée par des entreprises qui ne nous paient pas en échange. C’est chaud hein ? On vous file quelques exemples de moments où on se fait exploiter malgré nous, sur internet et même en dehors. Ça vous donnera peut-être envie de faire la révolution, ou de faire l’autruche.
Quand on répond à une captcha, on travaille pour les IA de Google
Vous savez, quand il faut « cliquer sur les images représentant un vélo pour prouver que vous n’êtes pas un robot » ? Eh bien, en le faisant, vous entraînez les IA de Google à mieux reconnaître les images par la suite. Pareil quand vous devez recopier un mot qui s’affiche sur votre écran : de cette manière, vous aidez Google à numériser des livres en identifiant les mots que l’IA n’a pas réussi à décoder. Est-ce qu’on vous paie pour ça ? Pas du tout.
Quand on utilise une caisse libre-service, on travaille pour le magasin
Les caisses libre-service des supermarchés nous transforment tous en micro-caissiers. Au lieu de payer une personne à plein temps pour scanner les articles des clients, le magasin nous fait tous bosser un peu, mais gratos. Du coup, une personne se retrouve au chômage, et nous on se fait exploiter pour pas un rond. C’est tout bénef pour le magasin.
Quand on note un chauffeur sur Uber, on travaille pour Uber
Alors oui, d’un côté, c’est chouette de savoir si le chauffeur qui va venir nous prendre en charge n’est pas un tueur en série, du coup la notation est plutôt utile. N’empêche qu’en nous demandant de mettre des notes, Uber fait reposer son système d’évaluation des employés sur nous au lieu de s’en charger lui-même avec des inspecteurs. Comme si on n’avait que ça à faire.
Quand on note une location sur Airbnb, on travaille pour Airbnb
Là, on ne participe pas à un système d’évaluation des employés, mais à un système de classement des services. Grâce à nos notes, le site d’Airbnb est de mieux en mieux foutu car chaque location est référencée avec des notes et des avis. C’est certes hyper pratique pour les clients, mais surtout très rentable pour l’entreprise. Et nous ? On n’est toujours pas payés.
Quand on poste sur les réseaux sociaux, on travaille pour les réseaux sociaux
Quand on publie une photo sur Facebook, on offre gratuitement du contenu à Facebook. Si on commente la publi de quelqu’un d’autre, on la valorise, donc on continue à offrir de la valeur à Facebook. Si on la partage, on offre plus de la visibilité à Facebook. Et si on ne fait « que » liker la publi ? On offre quand même des infos à Facebook sur nos goûts. Ces données, il pourra les réutiliser pour continuer à nous proposer du contenu qu’on aime. C’est évidemment valable pour tous les réseaux sociaux, mais Facebook reste quand même le plus fort à ce petit jeu.
Quand on se CONNECTE sur les réseaux sociaux, on bosse pour les réseaux sociaux
En fait, même pas besoin de liker, commenter, partager ou publier pour travailler gratuitement pour un réseau social. Le simple fait de se connecter et de regarder des publications offre déjà tout un tas de données à l’entreprise. Des données qu’elle pourra utiliser pour nous proposer des publicités ciblées, par exemple. Bref, quoiqu’il arrive, on produit de la valeur pour laquelle on n’est pas rémunéré.
Quand on like des chansons sur Spotify, on travaille pour Spotify
Grâce à nos goûts musicaux, l’algorithme de Spotify devient de plus en plus fort pour nous proposer des nouvelles chansons (ça c’est cool), mais aussi pour en proposer aux autres. Et bosser pour les autres, on n’a jamais aimé ça.
Quand on mentionne une marque sur Instagram, on travaille pour la marque
L’intérêt de mentionner Nike quand on vient d’acheter une paire de sneakers Nike est déjà fortement limité, mais c’est également idiot puisque cela contribue à faire de la publicité à une marque sans aucune contrepartie. Vous pouvez évidemment remplacer « Nike » par n’importe quelle marque qui s’en met déjà plein les poches, avec ou sans vous.
Et si on veut pousser un peu...
Quand on monte un meuble Ikea, on travaille pour Ikea
Ils peuvent pas les monter eux-mêmes, les meubles ? On a autre chose à faire que de trouver la vis B12 pour le mettre dans le panneau Z4 nous.
Quand on parle d'une série Netflix à un pote, on travaille pour Netflix
Ben ouais, c’est de la publicité gratos le bouche-à-oreille. Et nous on n’a jamais reçu un chèque après avoir conseillé aux potes de mater Squid Game.
Maintenant vous avez le choix entre bosser pour Topito en commentant ce post, ou faire un travail bien payé.