Il y a des films qui ne font pas trop polémique, comme La Reine des Neiges et Les Gardiens de la Galaxie (deux chefs-d'oeuvre soit dit en passant), et puis il y a d'autres qui déchaînent les passions, révoltent l'opinion publique et font cramer des cinémas. La preuve qu'en France, même si nous sommes des gens fort sympathiques et très ouverts, nous ne sommes parfois pas tellement éloignés de nos amis ricains en matière de censure compulsive.

  1. "La Dernière tentation du Christ" de Martin Scorsese (1988)
    Dès la phase de production, l'adaptation du roman de Níkos Kazantzákis avait créé polémique, poussant même la Paramount à abandonner le projet qui sera ensuite repris par Universal. Si le film fait évidemment scandale aux Etats-Unis, il n'est pas tellement mieux accueilli en France où les subventions accordées par l'Etat sont finalement annulées sur pression des autorités religieuses. Pour couronner le tout, des extrémistes catholiques finiront par foutre le feu au cinéma Espace Saint-Michel à Paris. Un attentat qui blessera quatorze personnes, dont quatre grièvement.
  2. "L'Âge d'or" de Luis Buñuel (1930)
    Dans la catégorie polémique, ce film anticlérical et antibourgeois en tient une bonne. En effet, une cinquantaine de militants d'extrême droite de la Ligue antisémitique et de la Ligue des patriotes investissent investissent en décembre 1930 le cinéma qui le diffuse en criant "Mort aux juifs!" et en jetant de l'encre violette sur l'écran, tout en chassant les spectateurs à coup de canne. Le 10 décembre de la même année, le film est donc officiellement interdit de diffusion. Une interdiction qui ne sera levée qu'en 1981.

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    Il n'a pas souffert, promis

  3. "La Grande Bouffe" de Marco Ferreri (1973)
    Critique plutôt acerbe de la société de consommation, La Grande Bouffe sera très, mais alors très très, mal reçu au Festival de Cannes 1973. Hué par les critiques, on pourra lire un peu partout que ce film est une honte pour le cinéma, ses producteurs, ses acteurs et son réalisateur. La Grande Bouffe sera interdit au moins de 18 ans dans les salles françaises, ce qui ne l'empêchera pas de devenir l'un des films-cultes du cinéma italien.
  4. "Nuit et Brouillard" d'Alain Resnais (1955)
    Dix ans après la fin de la guerre, les autorités françaises n'étaient pas prêtes en 1955 à reconnaître que l'Etat français avait joué un rôle majeur dans la mise en place de la solution finale. En 1956, la commission de censure demande donc à ce que soit retiré du film une photographie où l'on peut voir un gendarme français surveiller le camp de Pithiviers. En 1957, le film est présenté hors compétition à Cannes, sous le fallacieux prétexte qu'il nuit à la réconciliation franco-allemande. On reprochera également beaucoup au film de ne pas parler d'extermination des juifs mais d'extermination en général et de ne pas faire une distinction très claire entre camp de concentration et camp d'extermination.
  5. "Avoir vingt ans dans les Aurès" de René Vautier (1972)
    En avril 1961, un soldat appelé en Algérie se remémore son parcours, comment d'antimilitariste il est devenu accro à la violence et à la guerre. Un sujet légèrement sensible, et ce d'autant plus que le réalisateur a été l'un des premiers à parler du problème de la torture pendant la guerre d'Algérie. Le film suscitera de vives polémiques dans tout le pays et sera même victime d'un attentat à Paris. Heureusement, cela ne dissuadera pas les diffuseurs qui s'uniront pour que le film soit projeté un peu partout en France et connaisse le succès qu'il mérite. En 1997, un député FN tentera de faire interdire cette oeuvre "antifrançaise" à Lille.

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    Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

  6. "Irréversible" de Gaspar Noé (2002)
    Scène de viol insoutenable et défonçage de crâne à coup d'extincteur oblige, Irréversible aura été l'un des films les plus polémiques de l'histoire du Festival de Cannes. Les gens étaient pas contents, ils criaient au scandale et ça n'a pas été mieux quand un violeur en série a raconté dans les médias qu'il s'était inspiré d'Irréversible pour passer à l'action. Avec la récente polémique autour de son nouveau film, Love, Gaspar Noé prouve qu'il est passé maître dans l'art de faire polémique.
  7. "Baise-moi" de Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi (2000)
    A l'origine interdit aux moins de 16 ans, ce film adapté du roman éponyme de Virginie Despentes sera ensuite reclassé interdit aux moins de 18 ans et donc retiré de nombreuses salles à travers la France, et ce sur demande de l'association religieuse Promouvoir. Au centre de la polémique, le fait que le film contient des scènes de sexe non simulées ce qui devrait, selon certains, suffire à en faire un film X. A l'inverse, l'équipe du film ne considère pas ce film comme une oeuvre pornographique dans la mesure où il ne vise pas un stimuler sexuellement le spectateur mais à raconter une histoire.

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    Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

  8. "L'Essayeuse" de Serge Korber, alias John Thomas (1976)
    Bon ok, L'Essayeuse est un film X, c'est donc assez logique que le film ait été interdit aux moins de 18 ans. Ce qui est moins logique, c'est qu'il ait carrément été condamné à la destruction par la justice française, sur demande de ligue protectrice de la famille et autres personnes très ouvertes d'esprit. On lui reprochait à l'époque de favoriser les relations extra-conjugales. Rappelons qu'il s'agissait du tout premier film condamné à la destruction depuis l'Occupation. Deux ans après le succès d'Emmanuelle, c'est un peu fort de café.
  9. "Timbuktu" de Abderrahmane Sissako (2014)
    Tourné en Mauritanie, le film raconte l'histoire d'une famille dont la vie va être bouleversée par l'arrivée des islamistes et de la charia dans leur ville. S'il dénonce bel et bien les dérives de l'islam radical, Timbuktu a été interdit de diffusion dans la ville de Villiers-sur-Marne sur ordre du maire qui craignait que ce film "ne fasse l'apologie du terrorisme". A part ça, Abderrahmane Sissako a également été pointé du doigt pour ses relations étroites avec le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. Certains racontent même qu'il souhaitait d'abord réaliser un film sur l'esclavage en Mauritanie et qu'il eu aurait été dissuadé par ses copains du gouvernement.
  10. "Un Français" de Diastème (2015)
    Avant même sa sortie prévue le 10 juin 2015, le nouveau film de Diastème promet déjà de faire une sacré grosse polémique. Il raconte l'histoire d'un jeune français proche de groupes skinhead qui va, au fil des années, s'éloigner de ces courants extrémistes et tenter de trouver sa rédemption. Un film qui ne fait évidemment pas l'apologie du racisme, mais qui a déjà été boycotté par de très nombreux diffuseurs qui disent avoir les chocottes de passer un film comme celui-ci dans leurs salles. Une polémique annoncée qui fait aussi un bon coup de promo qui, sans la censure, serait sans doute passé plus inaperçu.

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Source : Sens Critique