Il y a un débat qui revient souvent dans le cinéma : faut-il confier les rôles de personnages handicapés uniquement à des acteurs handicapés ? Et est-ce qu’un acteur valide peut jouer un personnage handicapé ? Souvent, ce débat revient sous forme de polémique, comme lors du remake américain d’Intouchables, où le rôle initialement occupé par François Cluzet (ce qui n’a jamais dérangé en France) n’avait pas non plus été attribué à un acteur handicapé outre-Atlantique. En tout cas on n’a pas de réponse bien arrêtée sur le sujet, mais on s’est dit qu’il serait intéressant de voir les films et séries pour lesquels la production a joué le jeu en permettant à des acteurs atteints par un handicap de jouer un rôle qui leur correspond.
Breaking Bad
RJ Mitte, qui joue le fils de Walter White, est atteint d’une infirmité motrice cérébrale. En revanche, celle de Mitte est moins prononcée que celle de Junior. Mitte a donc appuyé sur son handicap pour se conformer au rôle.
Le Huitième jour
Le film avec Daniel Auteuil et Pascal Duquenne a fait un immense carton au cinéma lors de sa sortie en 1996. La relation entre un type obsédé par le travail et une personne atteinte de trisomie 21 avait tout de la jolie histoire qui séduit, il faut dire. Pascal Duquenne obtiendra le prix d’interprétation masculine du festival de Cannes pour ce rôle (conjointement à son partenaire, Daniel Auteuil).
Marie Heurtin
Inspiré de l’histoire vraie de l’éponyme du XIX° siècle, le film d’Améris raconte la vie d’une jeune fille sourde, muette et aveugle internée chez les nonnes. C’est grâce à elle que la langue des signes a connu sa formalisation précoce. Si elle n’est pas aveugle, Ariana Rivoire, qui joue Marie Heurtin, est réellement sourde. Isabelle Carré, qui lui donne la réplique, a d’ailleurs appris elle-même la langue des signes pour pouvoir communiquer (et paraître crédible à l’écran).
Kenny
Ce film de Claude Gagnon est un gros carton québécois qui a réuni quasiment 300.000 spectateurs. Il raconte l’histoire de Kenny, joué par Kenny Easterday, un type qui n’a pas de jambes et se déplace quand même. Kenny Easterday aura réussi à vivre jusqu’à l’âge de 43 ans non sans avoir avant donné naissance à une petite fille. Il était âgé de 12 ans à l’époque du tournage.
Yo Yambien
Ce film espagnol relate une histoire d’amitié et d’amour entre Daniel, un jeune homme handicapé et Laura, une fille indépendante. Malgré les moqueries et les réticences de leurs amis, ils tiennent le coup et luttent contre les préjugés. C’est Pablo Pineda, trisomique à la vie comme à l’écran, qui joue le rôle de Daniel ; il a obtenu la coquille d’argent du meilleur acteur à San Sebastian pour son rôle. Par ailleurs, Pablo Pineda est aussi le premier trisomique d’Europe à avoir obtenu un diplôme du supérieur.
The Tribe
Primé à Cannes en 2014, le film de Myroslav Slaboshpytskiy raconte l’histoire de jeunes placés dans un internat pour sourds et muets. Tous les comédiens du film sont sourds dans la vie et aucun n’était professionnel avant la sortir du film.
Sans un bruit
Des créatures monstrueuses et aveugles qui mangent les humains mais qui, pour les repérer, ne peuvent compter que sur leur ouïe… C’est le pitch de Sans un bruit, film mortel de John Krasinski et dans lequel on suit une famille ayant la chance de compter parmi ses membres une jeune fille sourde et muette – du coup, tout le monde parle la langue des signes et ça évite de se faire manger. Cette jeune fille, c’est Millicent Simmonds, 15 ans qui est également sourde dans la vie et livre une performance de dingue.
Stranger Thingss
Gaten Matarazzo, qui joue Dustin, est atteint de dysplasie cléidocrânienne, une maladie génétique atteignant les os et empêchant la fermeture de la fontanelle (entre autres désagréments). Ce handicap a été pris à bras le corps par les frères Duffer qui ont récrit le rôle de Dustin pour qu’il corresponde parfaitement à Gaten.
Coronation Street
Liam Bairstow est atteint de trisomie 21, mais cela ne l’a pas empêché de devenir un des personnages principaux de Coronation Street, où il joue Alex. Et apparemment, c’est la qualité de jeu de Bairstrow qui lui a valu le rôle, et certainement pas un passe-droit pour faire bien.
Chacun pour tous
Dans le film de Vianney Lebasque qui raconte la décision d’un coach d’une équipe de basket composée de déficients mentaux de faire appel à deux joueurs valides pour combler des absences à l’approche des jeux paralympiques, tous les personnages interprétant des personnes handicapées le sont vraiment dans la vraie vie. Le réalisateur et sa directrice de casting ont battu le pavé des institutions dédiées pour trouver les candidats idéaux. C’est ainsi qu’ils sont tombés sur Vincent Chalambert et Clément Langlais.
Ça fait pas de mal.