"Rââââââââ mais j'en sais rien, moi, ce qu'elle fait Zazie dans le métro ! J'ai même pas vu le film... y'avait le dernier épisode de Game of Thrones en streaming le même soir !". L'épreuve de littérature du baccalauréat littéraire de cette année vous fait peur ? Vous avez carrément fait l'impasse ? Vous allez rendre une page transparente tellement elle sera blanche ? Ne craignez rien, Topito est là pour vous. Si. Voici le Top 10 des figures de style que vous devrez connaître pour plus ou moins réussir votre épreuve de littérature (écrivez ou moins un truc sur votre copie... ne serait-ce que pour votre professeur... ça lui fera plaisir.)
- Le pléonasme
Facile à repérer, n'hésitez pas à le signaler. D'autant que si Raymond Queneau en a laissé passer un, ce n'est certainement pas pour rien. En tirant bien, c'est cinq lignes de gagnées sur la copie. Un exemple ? Tenez, pas plus tard que l'autre jour, à la radio :
"Sur la plage dans le sable / Je recherche des sensations / Sur la planche sur la vague /Je ressens des sensations (pléonasme) /Sur la planche... / Des sensations..."
(La Femme "Sur la planche") - Le gnomisme
Non pas une déformation hideuse du propos, mais plus une démonstration logique, sous forme de sentence, de maxime ou de proverbe, visant à exprimer une vérité, une règle de vie. Chaud, dites-vous ? Point du tout :
"L'habit ne fait pas le moine." (c'en est un)
"L'Anneau ne fait pas le Seigneur" (pour rester sur le thème du fantastique)
"L'hirondelle ne fait pas le printemps" (mais on n'en voit plus, de toute façon... et puis le printemps, on s'assoit dessus, en plus) - L'autocatégorème
Il faut s'y mettre à plusieurs pour le poser au scrabble, celui-là. L'autocatégorème (dites-le plusieurs fois à voix haute, ça finira par rentrer) est la répétition d'une accusation envers soi, délibérée ou feinte, afin de susciter une dénégation de l'interlocuteur. Deux exemples célèbres :
"Ma faute est impardonnable [...] j'avais une part d'ombre [...] je me consume de l'intérieur" (Jérôme Cahuzac)
Pas mal, mais on a aussi :
"C'est plus grave qu'une faiblesse, c'est une faute morale dont je ne suis pas fier. Je la regrette tous les jours et je crois que je n'ai pas fini de la regretter." (Dominique Strauss-Kahn) - L'aphérèse
Cette modification phonétique implique la perte d'un ou plusieurs phonèmes au début d'un mot. Pour simplifier, l'aphérèse est un métaplasme, qui s'oppose, comme vous le savez, à l'apocope. Inutile de le répéter. L'aphérèse est donc une figure de style que vous entendrez fréquemment au bistrot (comme quoi) :
"Y'avait comme des lignes qui s'croisaient dans l'ciel l'aut' jour... ouais... encore un coup des ricains (aphérèse) avec leurs drones !" - L'épitrochasme
Une entité vaporeuse et hostile tout droit sortie de Ghostbusters ? Du tout. L'épitrochasme est en réalité une succession de mots brefs, dans un vers ou une phrase. Ou une chanson. Croyez bien que ça me désole, j'ai cherché et cherché encore... mais c'est celle-ci qui s'est imposée, non par la pureté de sa forme, mais par le battage implacable dont nous sommes l'objet (jusque dans les colonnes de Topito)... Voici donc l'épitrochasme à la versaillaise :
Harder, Better, Faster, Stronger.
- L'oxymore
Ou si vous voulez vraiment vous la péter, "l'oxymoron". L'oxymore (ou oxymoron, donc) est la réunion dans un même syntagme (à vos dictionnaires) de deux mots sémantiquement opposés mais appartenant à des catégories grammaticales différentes, aboutissant à une image improbable. Bon. En gros, hein. Et pour ceux qui ont vraiment fait l'impasse sur l'épreuve de littérature, voici un exemple :
"Les organisateurs veulent cette année un Tour de France propre." (oh la belle...) - Le Zeugme
Ou Zeugma. Les deux sonnent maladie de peau, de toute façon. Un seul verbe prend en charge deux compléments sémantiquement différents. Du coup, hop, c'est drôle.
"Ayant manqué de subtilité, il prit une gifle et la porte."
"Ayant sauté sa belle-sœur et son repas de midi, le Petit Prince reprit enfin ses esprits et une banane." (Pierre Desproges) - L'euphémisme
Que l'on ne présente plus. Si ? Vous êtes vraiment aux fraises, les gars... L'euphémisme, c'est l'atténuation d'une idée déplaisante. Un exemple : Vous jouez à WoW. Vous êtes un Nain de l'Alliance et vous croisez un Troll de la Horde au détour d'un sentier. Que faites-vous ? Vous lui maravez sa face. Bien. Bon réflexe. Plus tard, vous buvez un verre avec un pote, qui vous demande des nouvelles :
"J'ai croisé un Troll... je lui ai signifié mon agacement." (euphémisme) - La litote
Pour déguiser sa pensée et la faire deviner dans toute sa force... repensez à Jésus sur sa croix :
"Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font." (ou "Attendez un peu que j'appelle mon Père..." ?)
Litote ? Pas litote ?
La figure de style, parfois, c'est quand même un peu chaud. - La comparaison
La comparaison est un peu une métaphore foirée. Vous avez voulu vous la raconter, jouer les cadors et des coudes (zeugme) pour écraser la concurrence – Annabelle est la sirène inaccessible de la classe (métaphore) -, mais votre audacieuse tentative de séduction est retombée comme un oiseau à l'ouverture de la chasse (comparaison).
Et vous, vous avez choisi votre style pour le Bac ?