Les femmes de sciences n’ont pas toujours eu la vie facile ; parfois parce que c’étaient des femmes, parfois parce que personne ne comprenait ce qu’elles faisaient, parfois parce que c’étaient des femmes. Rendons leur hommage même si, encore aujourd’hui, on ne pige toujours pas leurs disciplines parfaitement obscures pour nous autres teu-bé de la conserve.

Le trou noir de Katie Bouman

Elle dirige avec tout un département du MIT les recherches qui mèneront à la première photo d’un trou noir publiée en 2019 – à l’âge avancé de 30 ans -. On ne parle bien sûr pas d’une photo de l’humour du rédacteur de Topito, Pierre Galouise, homme qui a surement usurpé le talent de nombreuses femmes, mais de trou noir, l’objet céleste. Mais sa découverte sera occultée par la vague de haine qui se déversera contre elle au seul motif que c’est une femme. Tout ça pour une histoire de “qui prendra le trou noir en premier”.

Crédits photo (Domaine Public) : Credit: NSF

Rosalind Franklin et son ADN volé

Rosalind Franklin (1920-1958) est une chimiste britannique. Elle découvre la structure de l’ADN grâce à la radiographie aux rayons X qu’elle dévoile dans une étude non-publiée. De toutes les femmes de ce classement, elle remporte la palme de la femme la plus spoliée par les hommes (à ce propos je vous renvoie vers ce magnifique top sur les inventions de femmes volées par des hommes). Dans un premier temps, elle s’est fait voler ses recherches par deux petits coquins, James Dewey Watson et Francis Crick, qu’on nommera affectueusement les deux “gros tarbas”. Cette découverte leur vaudra un prix Nobel de médecine en 1962. Mais puisque James Dewey Watson n’en avait pas assez, il décide d’en remettre une couche dans son autobiographie, parue dix ans après la mort de la pauvre Rosalind où il minimise son rôle dans la découverte de l’ADN et la décrit comme une personne acariâtre. Une forme de rageux de la recherche. Heureusement, une partie de la famille Franklin ainsi que Francis Crick, l’escroc en second, démentiront cette version des faits. Super sympa.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : MRC Laboratory of Molecular Biology

Nettie Maria Stevens, ou le chromosome Y oublié

Nettie Maria Stevens (1861-1912) est une généticienne américaine. Elle est à l’origine de la découverte du rôle du chromosome Y dans la détermination sexuelle. Contrairement à certaines de ses consoeurs, c’est la maladie qui empêche Nettie d’accéder à la renommée qui devait être la sienne. Son mentor Thomas Hunt Morgan poursuivra ses recherches jusqu’à recevoir un prix Nobel en 1933 pour la découverte de Nettie… en 1905. On est sur une base de talent.

Crédits photo (Domaine Public) : The Incubator (courtesy of Carnegie Institution of Washington)

Lise Meitner en pleine fission nucléaire

Lise Meitner (1878-1968) découvre la fission nucléaire avec deux hommes, Otto Hahn et Fritz Strassmann, en 1938. Autrichienne, juive et malheureusement pour elle, femme, Lise Meitner ne sera pas créditée pour cette découverte, titulaire de caractéristiques innées qui, à cette époque, ne favorisent pas l’avancement de carrière. Pour s’échauffer un peu, elle a, dès 1928, mis au jour la théorie de la transition non-radiative, appelée “effet Auger” du nom de l’homme qui fera la même découverte deux ans plus tard. On part sur une forme de mépris de genre, autrement appelé sexisme.

Crédits photo (Domaine Public) : Smithsonian Institution

Ada Lovelace, geek avant l’heure

Ada Lovelace (1815-1852) est créatrice du premier programme informatique de l’histoire. A l’époque, on ne dit pas ordinateur mais “machine analytique” (dommage qu’on ne le dise plus, ça rendrait nos longues heures de perdition sur jeux vidéos vachement plus classes).Sauf que la machine en question rame quand même pas mal. La seule fille légitime de Lord Byron passera plus d’une année sur le développement d’un algorithme avec le mathématicien Charles Babbage permettant de programmer sa fameuse machine. Malheureusement, en manque de moyens financiers, ils abandonneront les recherches, elle sombrera dans le jeu et mourra d’un cancer de l’utérus à 36 ans, seule et ruinée (si vous vous sentez triste, c’est normal). Elle aura tout de même ouvert la porte à un pan de la recherche qui sera exhumé dans les années 30 par le célèbre mathématicien, Alan Turing. En hommage à cette précurseure dans le domaine de la programmation, un langage informatique conçu pour le département américain de défense porte son nom. YAY.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Antoine Claudet

Le trio de génie : Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson

Katherine Johnson, décédée le 27 février 2020 à l’âge de 101 ans, Dorothy Vaughan (1910-2008) et Mary Jackson (1921-2005), respectivement mathématicienne, physicienne et ingénieure, qui, en plus d’être des femmes, avaient la bonne idée d’être noires dans une Amérique ségréguée, ont grandement participé au succès de la mission Appolo 11 (et non à Polo). Katherine Johnson, dernière survivante de cette équipe de choc, a été distinguée en 2005 par Barack Obama. Heureusement pour leur souvenir, le film Les figures de l’ombre de Margot Shetterly consacre ces trois grandes dames, dont la gloire aurait encore été accaparée par ce fameux Polo. Et si vous vous dites “il a vraiment fait cette blague” : oui, il a vraiment fait cette blague.

Indiana - Mary Anning - Jones

Mary Anning Jones (1799-1847) est une paléontologue autodidacte anglaise. Ses découvertes ont participé à asseoir la théorie de l’extinction des espèces de Georges Cuvier, théorie autrement appelée “Qui a défoncé Petit Pied ?”. Orpheline de père, elle cherche des fossiles pour les revendre à des touristes, genre Tour Eiffel du paléolithique. gée seulement de douze ans, elle découvre un squelette d’ichtyosaure complet. Ses squelettes attirent l’oeil de Thomas Birch, un collectionneur d’ossements anglais, qui organise une vente au profit de la jeune femme, assurant ainsi sa sécurité financière.
En 1821, elle découvre le premier spécimen de plésiosaure, qui n’est pas le squelette du plaisir mais d’un dinosaure marin, et en 1828, un important squelette de ptérodactyle : les pigeons de Jurassic Park. Ces trois découvertes lui permettent d’accéder à une certaine notoriété de son vivant. Pourtant, elle tombera dans l’oubli pour ne ressurgir qu’au cours des dernières décennies, surement pour identifier le squelette du fossile de Valery Giscard-Destaing.

Crédits photo (Domaine Public) : Credited to 'Mr. Grey' in Crispin Tickell's book 'Mary Anning of Lyme Regis' (1996)

La mise en cage de Jeanne Villepreux-Power

Jeanne Villepreux-Power (1794-1871) est une précurseure en biologie marine. Elle a inventé et systématiquement utilisé la technique de la cage (aquarium), pour observer les espèces dans leur milieu naturel. La cage est également idéale pour observer les ébats amoureux entre un Booba et un Kaaris.

Crédits photo (Domaine Public) : André-Adolphe-Eugène Disdéri

Marthe Gauthier 21

Marthe Gauthier (née en 1925) est une médecin française, pédiatre et directrice de recherche honoraire à l’INSERM. Mais elle a surtout participé aux recherches qui permettront de découvrir le syndrome de Down, ou trisomie 21, en 1959. L’article qui officialise cette découverte est signée par ses partenaires Jérôme Lejeune et Raymond Turpin.
Marthe Gauthier conteste cet article où Jérôme Lejeune s’accapare la paternité du projet alors qu’elle a effectué toutes les recherches laboratoire. Cette querelle dure depuis plus d’un demi siècle, un peu comme le houleux débat pain au chocolat-chocolatine. Sauf qu’ici, on parle d’une recherche qui a fait bondir le monde de la médecine, pas d’une viennoiserie toute pourrie.

Bertha Parker Pallan l’a eu dans l’os

Bertha Parker Pallan (1907-1978) est la première femme archéologue amérindienne. Sans formation universitaire, cette autodidacte découvre des squelettes d’ossements humains déterminants dans la réappropriation par les amérindiens de leur histoire, particulièrement les plus vieux ossements humains des États-Unis à Gypsum Cave. Elle découvre également les ossements d’un paresseux terrestre géant inconnu auparavant, une sorte de gros Doc Gyneco un peu plus vif.

Crédits photo (Creative Commons) : Smithsonian Institution flickr.com/people

Chien-Shiung Wu, femme moléculaire

Chien-Shiung Wu (1912-1997) est une physicienne sino-américaine ayant travaillé sur – vous êtes prêts ? – : l’enrichissement de l’uranium pour le projet Manhattan – ça va, tranquille -, la non-conservation de la parité dans les interactions faibles – vous saignez du nez aussi ? C’est normal -, et pour la déconne, elle dirige les recherches sur les changements de conformations dans la molécule d’hémoglobine, responsable de l’anémie falciforme. C’est bon, est-ce que tout le monde est bien assis ?!? Mais puisqu’elle a le mauvais goût d’être une femme, elle sera écartée du prix Nobel 1957 qui sera attribué à deux de ses collègues pour des recherches qu’elle aura contribué à prouver avec ses équipes.

Crédits photo (Creative Commons) : Smithsonian Institution

Vera Rubin, distributrice de galaxies

Vera Rubin (1928-2016) est une astronome américaine. Quand on lit la liste des recherches qu’a effectué Vera Rubin, on réalise qu’on n’a pas tous les mêmes capacités. Cette chercheuse exceptionnelle a travaillé sur les mouvements de galaxies, la matière noire ou encore la distribution des galaxies. On part sur quelqu’un qui se la pète tellement qu’elle distribue les galaxies. Mais le plus frustrant, c’est qu’une femme aussi exceptionnelle ait été freinée dans ses recherches par le sexisme. Elle est obligée de rencontrer Georges Gamow, son directeur de thèse, dans l’entrée du Laboratoire de Physique appliquée de l’université de Georgetown, interdite aux femmes. Première femme à l’observatoire du Mont Palomar, la légende dit qu’elle aurait découpé une silhouette féminine pour la coller sur la porte des toilettes des hommes, seule cabine disponible. Explique-leur Vera !

Crédits photo (Domaine Public) : NASA

Quelles femmes surdéveloppées du bulbe manquent à ce classement ?