Un des trucs qui nous lie, les Français, normalement, c’est la loi. On est tous égaux devant elle, nul n’est censé l’ignorer, bla bla bla, vous connaissez la chanson. Et en même temps, si on avait tous des lois différentes, ça serait un peu le bordel et on n’y comprendrait plus rien. Ça serait absurde. Mais si tout était parfait, ça serait pas drôle. C’est pour ça qu’on a décidé de laisser quelques lois différentes par-ci, par-là, dans nos régions. Officiellement, c’est pour des raisons historiques ou traditionnelles. Officieusement, c’est juste parce que c’est marrant.
Les combats de coqs dans le Nord-Pas-de-Calais
Les combats de coqs, c’est très moche. L’animal est déjà assez agressif de base, mais là les éleveurs les sélectionnent et les entraînent pour les rendre encore plus énervés. Quand on les lâche dans l’arène, au gallodrome, c’est une boucherie. Du coup c’est une bonne chose que la pratique soit interdite. Mais elle subsiste quand même dans certaines localités, comme la Réunion, la Martinique, la Guadeloupe et le Nord-Pas-de-Calais. Heureusement, on ne construit plus de nouveaux gallodromes, et avec un peu de chance on arrêtera les combats de coqs quand tous nos vieux seront bien au chaud dans leurs tombes.
En Alsace-Moselle, ils ont un régime social spécifique
Si vous vous souvenez bien de vos cours d’Histoire, vous vous rappelez qu’à plusieurs reprises, l’Alsace-Moselle est passée en Allemagne. Et, forcément, elle était soumise au droit allemand. Sauf que le droit allemand, sur certains points, il est beaucoup mieux que notre droit à nous. Du coup, même une fois revenue à la France, l’Alsace-Moselle a décidé de faire sont petit marché et de garder certaines lois allemandes quand elles étaient mieux que les nôtres. C’est ce qui fait que là-bas on a un jour férié en plus, que le salaire est maintenu en cas d’absence justifiée, que le préavis de démission est plus court, etc. Ne vous inquiétez pas, on parle pas non plus du paradis sur Terre, hein, ça reste des « petits » avantages.
La corrida n'est autorisée que dans certaines régions (mais c'est un peu flou)
Selon la loi, la corrida est autorisée dans les lieux où il y a une « tradition locale ininterrompue ». En gros, ça veut dire : « là où on a toujours fait de la corrida et où on n’a jamais arrêté d’en faire ». Donc dans la pratique, on autorise la corrida dans une bonne partie du Sud Ouest. Oui, vous avez bien compris : les lois anti-cruauté ont des exceptions locales. On peut buter des animaux si c’est joli et que les gens du coin ont toujours fait ça. Ça n’a aucun sens.
La séparation de l'Eglise et de l'Etat n'est pas établie en Guyane
En 1905, une grosse loi est passée, stipulant entre autres que l’Etat et l’Eglise étaient maintenant séparés. La Guyane, elle, n’y a pas été soumise. Sur cette question, elle dépend toujours d’une ordonnance royale de Charles X datant de 1828. C’est, entre autres, parce qu’en 1905, quand la loi est passée, elle était encore considérée comme une colonie. Je vous laisse aller découvrir les autres raisons ici si vous le voulez, parce que j’ai pas que ça qu’à foutre et que je voulais surtout vous dire que la Guyane payait encore ses prêtres catholiques, ce qui est assez fou pour un territoire français.
La séparation de l'Eglise et de l'Etat n'est pas établie en Alsace-Moselle non plus
En Alsace-Moselle, sur cette question, ils sont restés à une loi de 1801, pour une raison simple. Quand la loi de 1905 concernant la séparation de l’Eglise et de l’Etat est passée, ils étaient encore allemands. Quand ils sont revenus à la France en 1918, personne n’a jamais réussi à faire changer cette exception locale. Aujourd’hui, les prêtres de différentes religions sont toujours payés par l’Etat dans la région. Une laïcité à deux vitesses, comme diraient les gens qui auraient envie de le dire.
Le droit du sol est limité à Mayotte
Le droit du sol, ça veut dire que si on naît sur le sol d’un pays, on obtient la nationalité de ce pays. Et ce droit existe en France, outre-mer compris. Sauf à Mayotte, parce qu’il y a une forte immigration en provenance des Comores sur cette île (les immigrés veulent donner naissance à leurs enfants sur le sol de Mayotte pour qu’ils obtiennent la nationalité française). Alors au gouvernement on s’est dit : « oh là non ça va pas hein » (ou un truc du genre), et on a décidé que, pour obtenir le droit du sol quand on naît à Mayotte, il faut avoir un des deux parents qui vit sur le sol français depuis au moins trois mois. Du coup, il n’y a plus de droit du sol « absolu » à Mayotte. Ça peut donner lieu à débat, mais on s’en passera pour aujourd’hui.