Les fumeurs sont toujours heureux de retrouver un fumoir dans leur boîte de nuit, tout simplement parce que ça évite de faire des allers-retours entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment. Mais si tu es toi-même fumeur, tu sais que le fumoir est un lieu très particulier où tes poumons, ton odorat, tes oreilles et ta chaleur corporelle sont mis à rude épreuve. Un lieu dont on ne sort pas indemne.
La joie / 10% de poumons détruits
Toi et tes potes venez de passer les videurs réputés très sélect’ alors vous êtes tout jouasses : vous allez passer une putain de soirée. « Oh il y a un fumoir là-bas ! » Vous vous émerveillez de tout et pénétrez dans la grande cabine, encore vide. Crac, coup de briquet, cigarette allumée. « C’est pas mal aéré, hein ? » C’est vrai que pour l’instant ça ventile bien, mais vous n’êtes que trois et avez pourtant déjà perdu une partie de vos capacités respiratoires.
La folie des grandeurs / 20% de poumons détruits
Deuxième clope, et toujours pas grand monde dans le fumoir. Vous faites des plans sur la comète : « Ce soir je me mets une grosse race, et on fait after chez Jérémy ! »; « Il faudra inviter des meufs ! »; « Allez avant on va danser. » C’est emportés par la douceur de ces belles promesses que vous partez sur la piste. Tu as un peu toussé avant de passer la porte.
La découverte / 30% de poumons détruits
C’est la découverte de l’autre, des autres fumeurs, qui ont tous des histoires à raconter à l’abri des décibels du DJ. Tout en tirant fort sur leurs indus’, ils parlent de voyages et des grosses soirées électro qui se déroulent ce soir. « On ira peut-être à 6h, mais il faut prendre le RER » lance le mec bien sapé qui fume des roulées.
Le désir / 40% de poumons détruits
Une heure plus tard, la boîte s’est bien remplie et le fumoir commence à se garnir, lui aussi. Entre deux têtes, tu aperçois un visage qui éveille tous tes sens. « Ce soir, ce sera elle. » penses-tu en écrasant ta cigarette sous ton pied. Il y avait pourtant un cendrier, juste là.
La traque / 50% de poumons détruits
Après avoir observé ta future conquête sur la piste, tu la suis de loin dans le fumoir. Tout en parlant avec tes potes et des gens au hasard, tu essaies d’accrocher son regard à travers les nuages de fumée (qui piquent un peu les yeux maintenant, il faut l’avouer.)
L'excitation / 60% de poumons détruits
Après l’avoir abordée sur la piste de danse, tu l’entraînes dans le fumoir pour discuter au calme. Finalement, le lieu est tout sauf calme, on y étouffe, même. Mais peu importe, vous vous criez dans l’oreille puis finissez par vous embrasser, parce que ça vous le comprenez du premier coup. C’est pas l’amour, mais l’excitation du coup réussi. En plus, malgré l’odeur de la cigarette, tu trouves qu’elle sent bon.
L'ivresse / 70% de poumons détruits
Mince, le verre de trop est là. Sur le dancefloor, ça passait, mais, une fois revenu dans la cabine des fumeurs, tu t’en rends compte. Et là, impossible d’articuler correctement. Ça, ta conquête le remarque et t’annonce subtilement qu’elle va devoir y aller. Bien joué mec. En plus un connard a fait un trou dans ton t-shirt avec sa clope.
Le rebond / 80% de poumons détruits
Tes amis retrouvés parmi la foule du fumoir, tu reçois leurs félicitations à coups de tapes dans le dos. Après tout, pas de quoi être triste, tu as quand même bien réussi ton coup ce soir. Et pourquoi pas le doublé ? En tirant de grandes taffes, tu bombes le torse. La traque n’est pas finie.
L'essoufflement / 90% de poumons détruits
C’était sans compter sur l’heure avancée de la soirée. La boîte se vide, le fumoir aussi. La bouche pâteuse, les cigarettes n’ont plus la même saveur. La fumée dégagée par les autres épaves à côté commence à devenir très irritante.
Les au revoir / 100% de poumons détruits
Cette tige-là, tu ne sais plus pourquoi tu l’as allumée. Sûrement pour ne pas rester les bras croisés. Pourtant, elle te dégoûte et finira dans le cendar’ à peine à moitié consumée. Les seules personnes qui discutent encore dans le fumoir font des plans pour la suite de la soirée. Pendant ce temps-là, tu tousses à nouveau. Sauf que ça vient de plus loin. Ça vient des bronches.
Rien ne vaut un bon coin de trottoir.
Tu veux encore une taffe ? Va voir les tweets sur la clope.