Galoper par monts et par vaux, faire fi de toutes les frontières, conquérir les cieux vers de nouvelles contrées… le voyage fait rêver. Et si on trouve peu de choses à redire sur les joies de prendre l’aéroport, il y a toutefois un certain nombres d’angoisses qui nous suivent dans nos valises. A commencer par justement devoir attendre sa valise à l’aéroport.

LA JOIE : "Youpi je suis arrivé !"

Tu peux être content tout d’abord parc que ton avion ne s’est pas écrasé ce qui est une bonne nouvelle pour ton espérance de vie. Par ailleurs, soit tu arrives à destination et les vacances commencent, soit tu rentres chez toi, et à ce stade tu n’as qu’une envie c’est de t’écraser dans ton pieu en matant les photos de ton voyage et en te disant que la vie est nulle.

LE DÉNI : "Non franchement pas de quoi stresser, elle va bien finir par sortir sur le carrousel, je suis HYPER confiant"

Ça fait juste dix tours que tu guettes ta valise, les passagers quittent les lieux un à un, heureux, te laissant seul avec tes doutes. Mais pour le moment tu crois encore que tout ira bien, tu préfères ne pas songer au pire…

LE QUESTIONNEMENT : "Pourquoi suis-je le seul con à attendre encore ma putain de valise ?"

Les questions commencent à affluer. Pourquoi c’est toujours sur toi que ça tombe ? Est-ce que le bagagiste avait une raison de te nuire en particulier ? Est-ce que ta valise ressemblait à une bombe ce qui expliquerait qu’elle soit neutralisée (faut dire que c’était pas ultra malin de laisser un fil rouge et un fil bleu dépasser et une horloge avec un bruit de tic-tac à l’intérieur « pour la blague ») ?

LA CRAINTE : "Et si ma valise ne sortait jamais sur le carrousel ?"

Jusque là tu arrivais encore à te contenir à peu près physiquement mais de grosses gouttes de sueur froide commencent à perler le long de ta raie et tu envisages sérieusement de te préparer à passer le reste de ta vie sans le contenu précieux de cette valise.

LA SUSPICION : "QUI M'A VOLÉ MA VALISE ?"

Attention, le scandale pointe le bout de son nez. Ton attente dure depuis trop longtemps et tu commences à perdre tout sens commun. Tout le monde est un ennemi potentiel, tu penses que les voyageurs se sont ligués contre toi, qu’ils ont certainement filé un petit billet au bagagiste pour être bien sûrs que leur valise arrive dès le premier tour de manège sur un tapis rouge avec la musique The Final Countdown (*).

L'ENQUÊTE : saisir chaque personne qui se trouve à moins de 10 mètres de toi et lui demander si elle sait ce qu'on a fait de ta valise

Même sans mandat tu commences à tripoter les valises de tout le monde pour peu qu’elles ressemblent un tout petit à la tienne, mais qui sait ? Tu as peut-être oublié la texture de son tissu et la douceur de sa lanière ?

LE DÉSESPOIR : "Le voleur va découvrir mes culottes sales et savoir que je lis un livre de Marc Levy"

Fini les interrogations, fini l’espoir, fini la crainte, fini les doutes. Tu ne crois plus en rien tu sais que c’est fini pour toi, que tu devras passer tes vacances avec un magazine glané au point Relay et le vieux bermuda sale que tu portes sur toi. Dans dix, vingt, trente ans peut-être le temps aura essuyé tes blessures.

LA RÉSOLUTION : "Oh oui la voilà, je la vois je la reconnais, elle me reconnait aussi, elle remue la queue !"

Oui bon en même temps ça faisait juste deux minutes que tu attendais, fallait pas te mettre dans des états pareils, merde quoi.

LA RECONSTRUCTION : "Did I overract ? (**)"

(**) « Est-ce que j’ai trop fait de l’acte ? ».

LA LIBERTÉ : "C'est donc à ça que ressemble le monde extérieur ?"

Après ces nombreuses minutes d’attente durant lesquelles tu as été plongé dans le plus grand désarroi et la solitude de l’infini, tu avais fini par oublier que dehors les rayons de soleil caressent encore le bitume et qu’il existe encore de l’espoir.

(*) J’aurai pu choisir vraiment n’importe quelle autre chanson mais j’avais juste envie de vous la mettre dans la tête.