Je marche vite. Je marche vite et j’aime marcher pour me rendre d’un point A à un point B, parce que c’est agréable d’avoir le nez à l’air et de prendre son temps. Mais prendre son temps, ça ne veut pas dire bloquer tout le monde avec ses grosses fesses pendant des plombes en occupant l’espace sur un mouvement de va et vient de droite à gauche quitte à faire naître des pensées meurtrières chez les personnes qui, derrière, veulent passer. Pour éviter de se changer en meurtrier, il faut éviter certains lieux.

Les couloirs du métro

La sortie du métro ressemble bien souvent à une procession religieuse. Tout le monde avance trrrrrèèès doucement, un pied après l’autre, tout comme si chaque usager était encore en période probatoire de la marche et ne se sentait pas de marcher à une vitesse normale. Il faudrait fixer une vitesse de marche plancher pour éviter le craquage généralisé.

Les musées

Le principe d’un musée, c’est qu’on y piétine pendant des heures. Mains derrière le dos, les jambes qui se balancent l’une après l’autre, le nez en l’air, on regarde des choses en étant bousculé par d’autres personnes qui, le nez en l’air, regardent elles-mêmes des choses et, à la fin, sans que l’on sache pourquoi, on a les jambes en coton façon post-marathon. Paradoxe de la nature.

L'aile droite de l'OM

Et la défense aussi. Et l’attaque. Et l’aile gauche. Et le milieu. Il y a un problème de lenteur généralisée. On a le sentiment d’avoir mis le match au ralenti et qu’il dure, conséquemment, quelque chose comme 6 heures tellement c’est nul et chiant à regarder.

Dans les maisons de retraite

Bon, vous allez me rétorquer qu’avec un déambulateur, c’est pas facile d’avancer, et vous aurez raison. Mais je jette un pavé dans la mare, moi, j’ai pas peur, je pose les vraies questions : à quand des déambulateurs électriques ? Hein, Monsieur Macron ?

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

Dans les endroits touristiques

Pour peu que tu sois obligé de passer sur les Champs ou dans le Quartier latin pour une raison ou pour une autre, tu peux rajouter facilement 20 minutes à ton trajet global et t’enlever directement vingt points de bonne humeur. Oui, je suis un vieux con, mais être coincé trois heures derrière un groupe de Hollandais qui se tient en farandole sur toute la largeur d’une avenue en avançant façon escargot, ça me rend dingue. Surtout s’ils ont l’air de bonne humeur.

La caisse d'un supermarché

Petit à petit, l’oiseau fait son nid. Petit appétit, on ne va pas au supermarché pour faire des courses. Encore un paradoxe.

À un enterrement

C’est une manière comme une autre de ne pas souhaiter au mort de rejoindre trop vite les enfers. Alors on avance doucement, calmement, en se remémorant chaque instant, parler des histoires d’avant comme si on avait 50 ans alors qu’on en a 80 et que de toute façon on est conditionné, niveau vitesse, par celle du corbillard.

Lors d'une marche blanche

Qui a dit que la contestation devait fatalement se faire dans la lenteur ? On a cru que c’était comme ça parce que Gandhi avait de l’arthrite, si ça se trouve, alors qu’on pourrait très bien faire des courses blanches et que ce serait tout aussi sympa et tout aussi peu efficace.

À une promenade avec des pingouins

Ces petites merdes de pingouins mettent un temps fou à se dandiner d’un point à un autre. L’autre jour, j’étais coincé derrière un défilé de pingouins quelque part du côté de Mont-de-Marsan et je vous jure que j’ai failli envoyer moi-même une bombe H sur la banquise. Mais j’ai finalement plutôt adopté un pingouin que j’ai prénommé Hervé.

Dans des rues commerçantes

Et soudain tout le monde se met en tête d’acheter des choses. Tout le monde sort et entre des magasins dans la rue pavée, se croise, se heurte, s’arrête soudain pour regarder des trucs, bloque le passage, l’air vaguement content de consommer. Et soudain j’ai envie de mourir.

Pendant la promenade en prison

Si tu cours trop vite il paraît que les matons tirent.

Dans un sitting

Cette manie de vouloir s’asseoir est symptomatique d’une génération qui ne sait pas rester debout une heure. Et essaye un peu d’avancer quand tu te déplaces sur des deux fesses. Et bah c’est pas évident.

Dans les brocantes

Même constat qu’avec les magasins, sauf que cette fois-ci les magasins sont dans la rue, l’espace réduit à son strict minimum et que les gens ne se pressent pas d’un lieu à l’autre : ils se promènent. Une démarche de musée dans un espace réel, des vieux partout qui se traînent, des enfants, des touristes, une envie de brûler de l’intérieur et de périr par les flammes pour combattre les pensées haineuses.

Au-delà du mur

6 saisons pour arriver jusqu’au mur : pas sûr que les marcheurs blancs puissent battre Usain Bolt à la course.

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Il n'a pas souffert, promis

Dans les films quand il y a une course-poursuite au milieu d'une foule

C’est généralement le moment où la foule est la plus compacte et la moins disposée à laisser le poursuivant passer. En revanche, l’assassin, lui, réussit sans problème à se mêler à la foule et à y disparaître, laissant les autorités sur le carreau. Tout ça à cause de la lenteur.

Parfois, on se croirait en Suisse.