On associe les vacances au grand beau temps. On se plaint de s’être pris de la pluie sur la gueule pendant son séjour romantique à Rome. On a tort. La pluie peut aussi révéler les paysages, les transcender. Et puis il y a l’odeur de l’asphalte humide, toute une ambiance qui s’associe. Il faut savoir en profiter.
La Galice
Des forêts d’un vert émeraude, la côte Atlantique, l’orage qui gronde. Il flotte non stop en Galice, mais c’est magnifique. Et les villes, Santiago ou la Corogne, ont un charme fou avec leurs trottoirs mouillés.
Madrid
Moi j’aime bien l’Espagne, du coup on y reste un peu. Il pleut plus qu’on ne le pense, à Madrid. Comme dans l’ouverture de Tout sur ma mère, où il pleut sur la capitale espagnole, la ville dégage un truc incroyable sous la pluie et de nuit. Un truc de film noir, qui donne envie de boire un verre dans un bar interlope et de se perdre sans parapluie dans les rues.
Le lac majeur
Sous la pluie, l’ambiance de déliquescence fin de siècle qui se dégage des grands hôtels et des îles Boromée prend une ampleur inédite. Le lac scintille de milliers de gouttes, les cafés tirent leurs auvents, il faudra se protéger pour profiter du paysage pendant l’orage. Et le lever d’orage aussi est magnifique. Merde, je deviens lyrique.
La baie de Somme
Sous la bruine, les couleurs de la baie passent un peu et deviennent pastel. On a soudain le sentiment d’être dans une vieille photo, les flaques éclaboussent et c’est beau. Très, très beau.
L'Irlande
Et comment on pourrait les avoir, l’atmosphère de crime anglais, la douce mélancolie champêtre, cette impression de calme, cette impression de vie, s’il faisait grand beau temps ? Comment ? je vous le demande.
Yosemite
Les conifères soudain deviennent inquiétants. Quelque chose plane qui menace et le paysage découpé à la serpe rappelle qu’on a atteint le bout du monde. On croisera peut-être des ours. Il faut se réfugier au chaud. C’est génial.
Les forêts japonaises
La brume dans les bambous, une impression d’irréalité, de flotter, le sol reflétant la canopée, tout est à l’envers, confusion, volupté, on se fera un sushi ce soir.
Étretat
L’aiguille, qu’elle soit creuse ou non, perd ses couleurs sous la pluie, mais la falaise crayeuse gagne en majesté. La Normandie a été crée pour rendre les gens mélancoliques. Si on y va pour faire des bombes dans l’eau, on n’a rien compris. C’est en automne qu’il faut aller à Étretat, prendre une crêpe un peu décevante et retourner à l’hôtel les pieds humides.
Les fjords norvégiens
Et Bergen. Il pleut tout le temps à Bergen. Mais la ville resplendit sous la pluie. Quant aux fjords, quand leur crête est embuée, ils sont enfin à la mesure de la beauté qu’on attend d’eux. Et alors le soleil perce et le contraste est splendide.
Le Machu Picchu
La cité antique des Incas a un charme indéfinissable sous la pluie. Les panoramas sur la vallée portent certes moins loin, mais on ne voit plus les pierres comme de simples ruines, on comprend qu’elles formaient autrefois des maisons, une ville, une organisation sociale. Ce n’est plus une grande attraction, le poids de l’histoire se révèle enfin.
Il pleut, il pleut bergère ; elle est pas un peu con, cette chanson ?