Regarder des dessins animés se fait décidément en bien des étapes ! Quand on est enfant, on ne voit que la jolie histoire manichéenne, dans laquelle le gentil gagne toujours. Quand on est ados, on remarque plusieurs détails et références pour grandes personnes. Puis, une fois adulte, on apprend que certains d’entre eux sont en réalité inspirés d’histoire vraie (souvent tristounes), et on se met à chialer devant Luca. C’est quoi la prochaine étape, en fait ?
Elementaire
Le dernier Pixar, qui sort en salle le 21 juin 2023, se déroule dans la ville imaginaire d’Element City. Là-bas, le feu, l’air, l’eau et la Terre cohabitent paisiblement, sans trop se mélanger. Et boom : Flam, jeune femme de la famille du feu et Flack, un garçon de la famille de l’eau, se mettent à se fréquenter. Un amour interdit, des conflits de familles et des remises en question des règles établies.
Le réalisateur, Peter Sohn, explique s’être inspiré de sa propre enfance à New York après que ses parents aient quitté la Corée. Dans Élémentaire, il retrace, par le biais des éléments, les différentes cultures qui s’expatrient dans un pays, et qui ne sont pas toujours accueillies les bras ouverts.
Luca
Luca, c’est un voyage en Italie. L’histoire est celle de deux monstres marins, qui se transforment en humain pour pouvoir vivre la dolce vitta dans le village de Portorosso. Leur objectif : s’offrir un Vespa.
Ici aussi, le réalisateur s’est inspiré de sa propre vie. Lors d’une interview, il revient sur son amitié d’enfance et explique « J’étais un peu caché dans ma coquille, timide – lui c’était le fauteur de troubles. Sa famille était relativeent absente, il pouvait faire ce qu’il voulait. C’était l’amitié parfaite pour me permettre de sortir de ma zone de confort et m’aider à grandir. » Cute.
Peter Pan
Avant d’être un film, Peter Pan est un bouquin, écrit par J. M. Barrie. L’auteur s’est inspiré de son enfance pour l’écrire, et croyez-moi : on est bien loin du monde féérique et heureux dépeint par Disney.
Né en Écosse en 1860, Barrie a perdu son frère subitement alors qu’il n’avait que 7 ans. Il s’est alors mis à essayer de le remplacer en s’enfermant dans son personnage : il portait ses vêtements, imitait sa voix et reproduisait sa démarche. À force de croire en son personnage, sa croissance s’est arrêtée, et il a conservé une taille d’enfant toute sa vie. « Le petit garçon qui ne voulait pas grandir » prend tout son sens. L’histoire originelle est plus trashouille : Peter Pan y récupère les enfants morts, tombés du berceau ou abandonnés pour les envoyer au pays de “Neverland”. Le pont entre la fiction et son frère David est évident. Aussi glauque que triste.
Anastasia
Ce dessin animé retrace l’histoire de la dernière famille royale de Russie : le tsar Nicolas II, sa femme Alexandra Fiodorova, et leurs cinq enfants : Olga, Alexis, Tatiana, Maria et Anastasia, tous assassinés. Un mystère plane alors autour de cette dernière, certain étant persuadé qu’elle a en réalité survécu au massacre.
Pocahontas
Je ne vous refais pas tout le dessin animé : nous l’avons tous vu (sinon, il est temps de revoir vos classiques !). Si le Disney s’inspire de la vie de Pocahontas, son destin a quand même été bien plus dramatique que ce que l’on voit dans le film. Pas étonnant, quand le film en question dépeint un récit positif de la colonisation, mais c’est un autre débat. La vraie Pocahontas, fille du chef de la grande tribu des Powhatans, est née vers 1595 sous le nom de « Matoaka », qui signifie “petite plume de neige”. On la surnomme “Pocahontas” pour son caractère espiègle.
Lorsque, en 1607, les colons britanniques étendent leurs colonies jusqu’à ses terres, on raconte que les membres des Powhatans auraient capturé un des explorateurs britanniques : John Smith. Selon le mythe, il est condamné à mort puis gracié sur demande de la jeune fille. Cette histoire a, en réalité, été inventée de toutes pièces par l’Anglais pour forger sa légende.
En revanche, Pocahontas, elle, aurait bien été capturée par les colons, retenue en otage, forcée à se vêtir comme les Anglaises, à apprendre leur culture, à se convertir au christianisme, puis rebaptiser Rebecca. A son arrivée en Angleterre, mariée à un colon, elle est exhibée comme une bête curieuse, une chose exotique. Elle est finalement décédée d’une maladie dans le bateau censé la reconduire à sa terre natale, en 1617.
Balto
Balto, c’est l’histoire triste d’un chien mi-loup mi-husky, qui se fait complètement bully par tous les autres chiens. Un jour, son village est touché par une importante épidémie mais le climat et le blizzard rendent les routes impraticables. Il part donc affronter tous les éléments pour ramener les médicaments nécessaires à enrayer la maladie.
L’histoire est inspirée de faits réels : en 1925, la ville de Nome, en Alaska, est touchée par une épidémie de diphtérie. Blizzard glaçant, alentours impraticables et absence de lignes de chemin de fer rendent l’accès aux médicaments impossibles. La seule solution : un long trajet en chien de traîneau. 150 chiens sont mobilisés afin d’opérer un relais d’attelage, et parmi eux : Balto, à la tête du dernier relais. Il ramène les premiers vaccins à Nome, les suivants arrivent, et la maladie est rapidement enrayée. Incroyable.
Là-haut
Le plus beau dessin animé de tous les temps est, en effet, inspiré d’une vraie histoire ! Alors non, personne n’a jamais voyagé dans une maison tractée par des ballons à l’hélium, soyez rassuré. L’histoire qui est arrivée aux oreilles de Pixar est celle d’Edith Macefield, une habitante de Seattle qui, en 2006, a refusé de vendre sa maison, même pour un million de dollars. Les promoteurs ont donc construit le complexe commercial tout autour de chez elle, sans que la vieille dame ne cède jamais. Décédée en 2008, elle aura fini sa vie dans la maison qui l’a abritée pendant plus de 60 ans. Envie de chialer comme j’ai chialé devant là-haut.
Cars
Dans Cars, les voitures sont au bout du pot d’échappement, parce qu’une autoroute est en train de se créer à côté, et que les touristes n’empruntent plus la route 66. Résultat : leur ville, Radiator Springs (inspirée de Peach Springs) devient peu à peu un village fantôme. C’est ce qui est arrivé à bien des villes de la route 66 lorsqu’elle a officiellement été déclassée en 1985. Les habitants ont dû se battre pour que leur chez-eux ne disparaisse pas. Les touristes nostalgiques sont venus les soutenir.
Cars, c’est en fait un plaidoyer pour l’Amérique d’antan. Dans le dessin animé, plusieurs éléments sont des copies de la vraie vie : le Cozy cone motel ressemble fortement au Wigman motel d’Holbrouk, Martin est l’imitation d’un camion de dépannage repéré devant le snack « 4women on the route » au Kansas, et le magasin de souvenirs de Lizzie est une reproduction du Hackberry general store. Le sens des détails.
(Source)
Évidemment, il y a aussi tout un tas de films inspirés d’histoires vraies ! C’est rarement fun.