La caravane des desserts ou l’invention de la tristesse. Les chiens aboient, la caravane passe, Dédé recommande un demi et le garçon, dans son habit noir sali par le temps, passe une main négligente dans ses cheveux rares et gras. On n’est pas bien là ? On n’est pas bien, là. Café Richard, de la flotte, un petit apéritif ? Le kir, le blanc ouvert depuis des mois. Un passage de Houellebecq, la vie qui passe, comme la caravane.
La faisselle
L’anecdote d’Olivier : « Je me souviens du dernier repas au restaurant de ma mère. Elle avait commandé une faisselle. On sentait qu’elle avait perdu l’envie de vivre. »
L'île flottante
L’anecdote de Quentin : « Juin 2001, colo de tennis quelque part vers Saint-Jean de Maurienne. Les enfants m’avaient mis la tête dans les toilettes et tiré la chasse. A la cantine, il y’avait de l’île flottante… »
Le flan au pruneaux
L’anecdote d’Emma : « Le capitaine du Titanic en mangeait un pendant que le bateau coulait petit à petit et que tout le monde criait de toutes parts. »
Le baba au rhum
L’anecdote de Michel : « Quand ma femme m’a quitté, je m’étais promis que je ne recommencerais pas à boire – 12 ans d’abstinence, tu penses… Du coup, je me suis mis à me nourrir exclusivement de babas au rhum. J’ai pris 200 kilos et je suis redevenu alcoolique. Je me faisais vomir les baba, mais quand j’avais plus d’argent, je remâchais le vomi pour ravoir un peu de rhum. Une période dure. »
La tarte aux noix
L’anecdote de Camille : « On n’avait plus rien à se dire. J’avais l’esprit ailleurs. Le serveur est arrivé, je ne réfléchissais plus, j’ai commandé la tarte aux noix. Y’avait les cerneaux de noix devant moi, leur couleur me rappelait le sentiment que j’éprouvais pour Hervé et je sentais toute la fadeur de sa conversation directement sur mes papilles… »
L'orange givrée
L’anecdote de François : « Je voulais une tarte tatin et ils n’en avaient plus. C’était ça ou la Coupe colonel… J’ai pris l’orange givrée. Tout à coup, quand elle s’est présentée devant moi, j’ai été parcouru d’un frisson et les premiers vers d’un poème de Lautréamont me sont revenus. J’avais envie de me jeter dans le lac. »
Le mystère
L’anecdote de Benoît : « J’étais persuadé, quand j’étais petit, que le mystère était un dessert exceptionnel, mystérieux, une surprise : la déception… C’est ce jour-là, au restaurant chinois de la rue des Entrepreneurs, à Saint-Ouen, que j’ai compris que le père Noël ne pouvait pas exister dans un monde qui servait de tels desserts. »
La glace rhum-raisin
L’anecdote de Ronan : « J’étais convaincu d’avoir pris de la glace à la vanille. Cuisiné toute la journée, vanné, dégueulasse, ma bouffe, dégueulasse. Ce dîner familial tournait au vinaigre, mais je me réjouissait de pouvoir enfin déguster ma boule de glace et me détendre un peu. Rhum-raisin. Un choc électrique au palais. »
La crème caramel
L’anecdote de Caroline : « Je voulais une crème brûlée. Ils m’ont apporté une crème caramel. Tout de suite, j’ai compris que la journée ne serait pas belle. Le temps s’est couvert. J’ai repensé à mamie. Elle me manquait. »
Le gâteau au chocolat trop cuit
L’anecdote d’Urbain : « C’est ce jour-là, devant cette part pleine de farine, que j’ai découvert ma passion pour l’héroïne. 15 ans que j’ai mis à m’en sortir. Quand je vois un gâteau au chocolat qui a cette consistance, je dois penser à un endroit où je me sens bien pour ne pas pleurer. Les toilettes, en général je pense aux toilettes. «
J’ai un de ces cafards, moi…