Le bac en poche, vous avez décidé de passer de l'autre côté de la barrière et de rentrer dans le merveilleux univers de l'université. Vous voilà débarrassé de ces cours inutiles et pseudo-interactifs qu'on vous inculquait au lycée, dans ces salles exiguës et délabrées, afin de passer aux amples amphithéâtres des cours magistraux, où les notes se veulent concises mais efficaces. La taille, dès lors, n'est plus un problème. Il subsiste pourtant un autre écueil, plus problématique encore : le conférencier et ses habitudes de vieux-garçon, évolution du prof des étages inférieurs, qui semble calquer son attitude sur un code de conduite secret destiné à stresser considérablement les étudiants ayant le malheur de croiser le chemin de ces personnages caricaturaux :
- Ne Pas parler dans le micro
Ou comment perdre son auditoire en moins de deux minutes. Voilà pourquoi les étudiants malins ou les redoublants se mettent toujours devant. Par contre, aucun remède possible pour le conférencier qui se déplace dans la salle, sans micro. - Divaguer en permanence
Le pire moment pour un étudiant consiste à essayer de dégager le cours de l'envolée lyrique ou critique du conférencier. - Essayer de faire rire son auditoire
Ce qui se soldera immanquablement par un bide, par des rires hypocrites forcés, ou par une non-réaction en règle par des étudiants assommés par trois heures éreintantes de cours magistraux. - Arriver en retard
Vous considériez, au collège ou au lycée, tout retard d'un prof comme une véritable bénédiction divine, rayon de soleil majestueux dans la morosité de votre existence scolaire. À la fac, le problème est tout autre : patienter quinze minutes à deux cents dans un hall étouffant de chaleur, et attendre bien sagement qu'un prof daigne apparaître devant l'auditoire, représente une véritable épreuve physique. D'autant plus que l'année vous a couté plus de quatre cents euros. À ce prix-là, on se dit que ça ne serait tout de même pas mal que le prof se pointe... - Jouer à fond son rôle de conférencier, en ignorant totalement ce qu'il se passe autour de lui
Non, l'enseignant ne répétera pas, ne ralentira pas, ne précisera rien du tout. Vous êtes une quantité négligeable, vous n'êtes rien. Mieux vaut, dès lors, acheter le manuel préconisé par l'enseignant (qu'il a curieusement lui-même écrit), afin d'avoir un aperçu exhaustif du cours que vous venez de suivre, et auquel vous n'avez, de fait, strictement rien pigé... - Faire un plan à rallonge
Titre 5, Chapitre Premier, Section 2, Sous-section 1, Paragraphe 2, Grand A, troisième alinéa, petit 6. Vous suivez ? - Préciser à chaque séance l'ampleur du taux d'échec universitaire
Ou comment participer au processus de vidange de l'amphi et des cours magistraux, qui sonnent de plus en plus creux de semaines en semaines... - Prendre le jeune étudiant pour un inculte complet
"Quoi, vous ne connaissiez pas l'arrêt du 2 décembre 1992 relatif aux règles supérieures à la Constitution ?" - Balancer des phrases toutes faites à longueur d'année
Dont les tubes "faut pas attendre Décembre pour bosser", ou "moi je m'en fous hein, je l'ai ma licence !" - Ne pas faire de pause
Les conférenciers sympas le disent tous : un humain normalement constitué ne peut pas être attentif plus de 50 minutes et des brouettes. Les autres auront un amphi vide à la fin du semestre. Ou un tas de cadavres en putréfaction perdus entre les sièges de l'amphi.
Et vous, vous ne devriez pas écouter le cours plutôt que de lire Topito sur votre téléphone ?