Aujourd’hui on a tendance à qualifier de “bonnasse” (adjectif plein d’amour, d’élégance et de respect) une malheureuse jeune femme qui a la chance de cumuler les apparats relatifs à un physique plaisant. Fesses rebondies, seins gonflés de désir (ni petits, ni trop gros, surtout pas refaits), cheveux lisses mais volumineux, jambes longues mais pas de poteaux, ni maigre, ni en surpoids, naturelle mais pas moche, maquillée mais pas fardée, sans cellulite, sans poil, bref. La beauté de 2019 n’a rien à voir avec celle de 1919, de 1819 etc. La preuve, le métier d’esthéticienne ne naît qu’après la seconde guerre mondiale. Alors voici un bref récapitulatif de l’évolution des critères de beauté au cours des siècles. Attention ce récap’ est plutôt lié à la culture européenne.
Le gros bide plein de bière symbole de fécondité au Paléolithique
Bon, l’expression est un peu anachronique, j’en conviens. Toujours est-il que de vieilles statuettes de cette belle époque (trois millions d’années jusqu’à 12 000 ans avant le p’tit Jésus) semblent représenter cet idéal féminin par un visage inexpressif et un gros bidon, signe de fertilité. Oktoberfest oblige, on espère que ça reviendra vite à la mode.
La peau blanche
Idéal de beauté récurrent au Moyen Âge, la blancheur de la peau était un symbole de pureté et de richesse (bon en même temps, on était encore sur un modèle noir = diable, blanc = dieu, faut pas leur en vouloir).
L'épilation du visage
Courante au Moyen Âge et à la Renaissance, elle ne se limite pas à la stache-mou, non, non… Mais concernent surtout les joues et le front afin de garder un visage juvénile et que les hommes aient bien l’impression de coucher avec un enfant (bon en même temps, on est encore sur un modèle où le mariage est permis dès le plus jeune âge, faut pas leur en vouloir). Cf tableau précédent. La fille n’a pas de sourcils.
L'interdiction du maquillage
Au Moyen Âge, il est considéré comme un travestissement indigne d’une créature de Dieu. Cette absence de maquillage reviendra au XVIIIème accompagnée d’un effet décoiffé en opposition avec la femme au style savamment travaillé du XVIIème.
Le cou de girafe, épaules larges et poitrine située huit kilomètres plus bas
Les peintres de la Renaissance étaient parfois fâchés avec l’anatomie comme on peut le voir avec certains tableaux comme La naissance de Vénus de Boticcelli. Ils peuplaient donc leurs toiles de femmes cheloues qui montraient des corps gras, des épaules larges et tombantes comme les seins et des hanches étroites. Et tout le monde kiffait, tout le monde.
Le maquillage MAIS PARTOUT
A la Renaissance, on découvre les fards d’Orient, on s’en colle donc partout sur le visage (tout en maintenant le teint diaphane), jusque-là rien d’étonnant mais on en mettait aussi sur les tétons pour les avoir bien rouges vifs. SYMPA. En revanche, on délaisse totalement les jambes qui ne servent qu’à porter ce buste plein d’ornementations.
La taille fine, les gros bras et les veines saillantes
Le siècle des Lumières est aussi celui de la maîtrise de la nature. On laisse donc de côté le teint naturel pour se farder à gogo, se coller des mouches en veux-tu en voilà, et même marquer ses veines pour les rendre plus visibles. Les corsets sont de mise, tandis que les bras et la poitrine doivent rester charnus.
Les hanches ultra-larges
Encore une lubie du XVIIe siècle on les femmes portaient mêmes des structures en bois pour que les hanches apparaissent plus larges que les épaules. Un petit gout de Kim Kardashian avant l’heure.
Les cernes sous les yeux effet “panda”
Si le panda n’est pas encore en voie d’extinction au début du XIXème siècle, les femmes cherchent déjà à lui rendre hommage en cherchant à reproduire des cernes, mais plus généralement à se donner un aspect malade au teint pâle et aux joues creuses. Un physique mélancolique qui s’oppose à la bourgeoisie.
Androgynie des années folles
C’est dans les années 20 qu’on voit naître la beauté “garçonne” avec ses cheveux et vêtements courts et ses petits seins.
Gros boobs, lèvres pulpeuses, et blondeur platine
Des critères de beauté tout droit venus de Hollywood avec Marilyn (Monroe hein, pas Manson qui est un peu plus cheum). Après la seconde guerre mondiale, l’image d’un corps famélique n’est plus très kiffante. Le cinéma fait une bonne part du boulot dans le prosélytisme de ce nouveau physique aux formes pulpeuses parfaites et au visage enfantin.
90’s, la tectonique des plates
Après Marylin Monroe, il faudra attendre Jane Birkin et Kate Moss pour que les plates maigrelettes se voient à nouveau considérées comme des êtres humains.
Tout ça pour dire que les gens beaux seront certainement très moches d’ici vingt ans et inversement. Personnellement en tant que porte-parole des gens au physique moyen, ni trop moche, ni très beau, j’espère encore que la routourne va tourner, comme dirait l’autre.
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