Novembre, c’est le mois sans tabac. Ils auraient effectivement pu choisir un mois où il fait beau et chaud, histoire d’éviter de déclencher des dépressions hivernales accrues par le manque de nicotine. Ils auraient pu. Alors que les campagnes gouvernementales prônant l’arrêt du tabac sont souvent un peu nulles et que les aides robotisées par texto donnent envie de se flinguer, il est des conseils assez factuels que l’on peut donner pour désacraliser l’arrêt de la nicotine.

Ne surtout pas se dire qu'on arrête pour toujours

Il va être assez complexe de le fêter, cet arrêt de pour toujours. Et puis toujours, c’est long et potentiellement extrêmement flippant quand on imagine le déroulé à venir de la vie sans une seule clope. Le mieux, c’est de se dire tous les jours qu’on ne fumera pas aujourd’hui, et d’être satisfait de l’avoir fait. Puis un jour on pense à autre chose, apparemment.

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

Ne pas conditionner la réussite de l'arrêt à quelque chose qu'on ne maîtrise pas

Si on commence à arrêter pour sa copine, pour faire comme son pote ou si l’on se met au sport pour remplacer la cigarette, on est mal. Si sa copine se barre, si son pote reprend ou si on n’a pas le temps de faire du sport, il y a toutes les chances pour qu’on refume. Le mieux est donc de ne rien associer directement à l’arrêt si ce n’est l’envie d’arrêter elle-même, histoire de ne pas ensuite avoir de bonne raison pour reprendre.

Ne pas forcément l'annoncer tout de suite à tout le monde

Si vous l’annoncez à tout le monde et qu’ensuite vous reprenez, vous vous sentirez con et vous exposerez à des remarques, même sympas, du genre « ah t’as repris ? » qui vous mettront mal. Il vaut mieux faire ça discrétos au départ et une fois qu’on sent que c’est pour de bon le dire sans forcément en faire tout un foin. Et aussi ne pas en parler tout le temps, sans quoi les gens vont voir que vous crevez d’envie de fumer.

Bien mettre les choses au clair avec les gens auparavant de façon à pouvoir faire son chieur sans se sentir jugé

Ensuite, si vous avez vraiment envie de fumer tout le temps, il vaut mieux l’expliquer gentiment aux gens en prévenant que vous risquez d’être pénible un petit moment au niveau cigarette devant vous. Rien n’est pire que l’ancien fumeur ayatollah et si vous voulez arrêter la cigarette, vous ne voulez sans doute pas arrêter toute vie sociale. Demander hors contexte à vos amis de prêter attention à vous évitera le fissurage du genre « vous respectez rien j’arrête de fumer et vous m’envoyer votre putain de fumée à la gueule, j’en peux plus, vous êtes tous des cons. »

Faire gaffe au café

La nicotine a pas mal d’inconvénients, mais un avantage réel : celui de forcer votre foie à traiter doublement la caféine, ce qui fait que vous pouvez vous jaunir les dents trois fois plus rapidement (avec la cigarette et avec le double de café) sans risquer d’attaque cardiaque. Les personnalités compulsives, (les plus amenées à fumer comme un pompier), ont aussi tendance à y aller fort sur le café. Si vous arrêtez, il va falloir diminuer ça aussi ; pour les raisons sanitaires décrites, mais aussi parce que vous associez probablement la clope au café, et surtout parce que la caféine augmente le niveau général de stress et que vous risquez donc de passer des journées de merde avec votre envie de fumer et le dossier Croquettas à rendre avant jeudi.

Tout de suite se confronter aux situations où ça va être impossible de pas fumer

Si vous évitez dans un premier temps toutes les situations où vous aviez l’habitude de fumer, vous allez avoir la plus grande difficulté à vous refuser une cigarette quand vous reprendrez une vie normale. Il vaut donc mieux accepter, lorsque la motivation est forte, de s’installer en terrasse avec 12 amis fumeurs en buvant 15 pintes. Parce que si vous tenez, vous vous forgerez de nouveaux souvenirs, lesquels constitueront de nouvelles habitudes qui, peu à peu, remplaceront les anciennes.

Faire gaffe à la distorsion du temps

Un vrai craving de cigarette (ce moment où la seule pensée qui occupe l’esprit est CIGARETTE CIGARETTE CIGARETTE CIGARETTE CIGARETTE CIGARETTE CIGARETTE CIGARETTE) dure maximum 5 minutes. Ensuite, ça disparaît. Sauf que, pour le fumeur en manque, ces 5 minutes semblent durer 15 heures. Il est donc conseillé de se munir d’une montre et de la regarder pour constater objectivement que l’horreur va bientôt s’arrêter. Au fil du temps, le nombre de cravings quotidiens diminue, jusqu’à se fixer à zéro, un chiffre assez apaisant.

Le faire quand ça va bien, parce que l'arrêt fait passer par une petite phase de dépression

Outre l’aspect chimique, l’arrêt du tabac est aussi l’arrêt d’une habitude structurante dans la vie. La pensée qu’on ne refumera jamais, c’est aussi la pensée qu’on ne se retrouvera plus jamais dans cett situation heureuse où l’on fumait justement, qu’on ne connaîtra plus jamais la sensation d’apaisement de la cigarette post-travail devant une bière. Comme un deuil sans cimetière. De ce fait, le fumeur qui arrête risque de connaître un épisode dépressif de courte durée. Si, en plus, vous venez de vous faire larguer et virer de votre boulot, cet épisode pourrait devenir une saison entière. Il ne faut pas non plus charger la barque.

Ne pas faire gaffe à son poids

Enfin si, mais pas trop. A alimentation égale, un fumeur pèse 2 kilos de moins qu’un non-fumeur, car la nicotine brûle les graisses. Il faudra faire gaffe, à terme, à ne pas devenir un culbuto, mais dans un premier temps, il faut accepter que la nicotine était aussi un substitut à la bouffe et que vous avez plus faim qu’avant. L’idée de remplacer le tabac par la pizza est très mauvaise ; en revanche, celle de se resservir à table alors que ça n’arrivait jamais avant ne doit pas être combattue, sous peine d’être chafouin et, surtout, d’avoir faim.

Se bourrer de substituts nicotiniques si nécessaire

En fait, si vous vous levez la nuit en sueur et en manque, c’est que vous avez besoin d’aide ; pas nécessairement psychologique, mais physique, comme la sensation de manque, là, qui vous bouffe. Il ne faut donc pas avoir peur des gommes à mâcher, des patchs, des substituts divers. Et si vous en avez besoin toute votre vie, et bah tant pis, c’est comme ça, mais au moins vous aurez plus de chances d’en avoir besoin longtemps, puisque vous diminuerez vos risques de cancers du poumon.

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Il n'a pas souffert, promis

Fumer c’est tout nul, en vrai, même si c’était pratique quand on avait 18 ans pour impressionner les filles dans les discoclubs. Depuis, on peut parler boulot et assurances, c’est vachement plus intéressant.

Source : Whyquit